A qui appartiennent les médias en Espagne ?

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Voici l’histoire des principaux groupes médiatiques en Espagne.

La Vanguardia, une histoire de famille bourgeoise catalane

Avec une première édition parue 1er février 1881, la Vanguardia est l’un des plus anciens titres de presse en Espagne. C’est aussi le seul journal catalan à avoir une répercussion nationale, voire internationale. La Vanguardia trouve sa singularité dans le fait que l’organe fut toujours pro-pouvoir. Même pendant le Franquisme où elle est devenue « La Vanguardia Española ». Avec le retour de la démocratie, le journal est devenu un miroir de la pensée de Jordi Pujol, alors président tout puissant de la Catalogne des année 1980 à 2000.

Quién promueve una campaña de boicot contra 'La Vanguardia' y el Grupo Godó? - El triangle

En 2014, la démarche d’Artur Mas de simuler un référendum enthousiasme la Vanguardia qui croit alors que ce sera la voie ouverte vers une négociation avec Madrid. Les oracles et analystes politiques du journal se sont lourdement trompés. La rupture avec le gouvernement catalan a eu lieu durant la crise indépendantiste de 2017, où les appels au calme n’ont pas du tout été suivis par le Palau de la Generalitat et un Carles Puigdemont plus adepte du réseau social Twitter que de la presse traditionnelle. Les dirigeants de la Vanguardia, représentants ad vitam eternam de la bourgeoisie catalane, se sentent trahis par ce président qui ne les représente plus. Depuis, le journal s’est rapproché du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, dont l’ancien bras droit Ivan Redondo est devenu chroniqueur. « La direction de la Vanguardia, c’est une équipe de diplomates » confie avec bienveillance à Equinox l’écrivain Jordi Amat qui a longtemps collaboré avec le titre.

Fait rare, dans le monde des médias, la Vanguardia est détenue depuis son origine par un clan : en l’occurrence la famille Godó. Le propriétaire actuel du groupe, Javier comte de Godó, est un membre des « Grands d’Espagne », plus haute titre de la noblesse dans le pays. Le conte de Godo possède même son propre tournoi de tennis qui a lieu chaque annèe à Barcelone. Son prestigieux sésame, le Comte a failli le perdre durant le processus indépendantiste, pour son soutien historique à Artur Mas et Jordi Pujol. De fait de son origine barcelonaise, même si c’est le plus lu d’Espagne (grâce à la version ligne), le journal est toujours regardé depuis Madrid avec une pointe de suspicion.

Los Godó, una historia de Barcelona

Javier Godó dont la fortune en patrimoine est estimée à 160 millions d’euros est également le propriétaire de la radio Rac1 et de la télévision 8tv. A 80 ans, il devrait, dans les années à venir, passer le témoin à ses enfants Carlos et Ana qui occupent des postes stratégiques au sein du groupe.

El País, partiellement détenu par des Français

Le journal socialiste El País fondé à la fin de la dictature franquiste appartient au Groupe Prisa. Cet empire médiatique est également le propriétaires de la version ibérique de l’Huffington Post, des radios Cadena SER et 40 principales dans toute l’Amérique latine. D’ailleurs El País touche un public hispanophone avec ses éditions locales dans l’ensemble des pays latinos.

Pourtant une partie de l’actionnariat du groupe Prisa se situe à l’autre bout de la planète : à Paris. Vincent Bolloré et Vivendi détiennent un peu moins de 10% du capital de Prisa. Un autre Français, mais qui habite à Londres, Joseph Oughourlian, garde 30 autres pour cent du groupe de presse. Prisa a souvent pris des routes françaises avec peu de succès.

En

Se acuerdan de los míticos guiñoles de Canal+? Para el podemita Garzón, sus guionistas eran "mercenarios al servicio del partido de gobierno" - Periodista Digital

as noticias del guiñol, la version ibérique des Guignols de l’info. 

En 2020, le groupe réalisait 89 millions de bénéfices.

Grupo Planeta : à droite et à gauche

Singulière histoire que celle du groupe Planeta. Probablement la holding la plus puissante du pays avec dans son escarcelle, la prestigieuse maison d’édition éponyme (avec près d’une centaines de filiales), les chaines de télévision Antena 3 et La Sexta, les stations de radios Onda Cero, Europa FM et Melodía FM ainsi que le journal La Razón. C’est aussi le grand écart idéologique. La Sexta est sans aucun doute la chaîne la plus progressiste du paysage audiovisuel espagnol, tandis que la Razón est l’un des journaux phares de l’ultra-conservatisme catholique. Ce dernier est une scission de l’ABC, le journal pilier conservateur depuis le début du siècle dernier.

Bertelsmann, éditeur en France de M6 et RTL, détient 18,65% du groupe Planeta.

La Catalogne : paradis pour les pure-players indépendantistes

La Catalogne se distingue par son appétence pour les médias 100 en ligne. Le plus ancien est sans conteste VilaWeb fondé en 1995 par un journaliste de Valence Vicent Partal. Indépendantiste très à gauche, Partal écrit chaque matin son édito, véritable Bible pour les indépendantistes. Francophone et très inspiré par Camus et Sartre, Partal voit Vilaweb comme une sorte de « Libé » indépendantiste. La ligne éditoriale revendique les pays historiques catalans (Valence, les îles Baléares, Perpignan et son département) comme faisant partie légitime de la nation catalane.

Presentació a Bellpuig del llibre de Vicent Partal “Nou homenatge a Catalunya” - Òmnium Cultural

Vicent Partal lors de la présentation de son livre “Nou homenatge a Catalunya”

Une petite équipe hyperactive s’agite autour de Salvador Cot, c’est la rédaction d’El Món. Comme son nom ne l’indique pas, ce journal en ligne ne traite que de l’actualité locale catalane avec un prisme résolument indépendantiste. Salvado Cot, journaliste vétéran, a réussi à monter une solide équipe avec notamment le journaliste tout terrain Quico Sallés, auteur de nombreux livres et chroniqueur sur TV3.

Salvador Cot i Belmonte - Viquipèdia, l'enciclopèdia lliure

Salvador Cot

El Nacional est le pure-player de la galaxie Puigdemont. Le journal en ligne a été fondé par une équipe dissidente de la Vanguardia autour de son ancien directeur José Antich. Tabloid à l’anglaise, El Nacional fonctionne avec un maximum de mini-brèves garantissant le buzz dans le monde indépendantiste, le pure-player prenant toujours un point du vue absolument séparatiste. Le journal compte avec un certain nombre de signatures prestigieuses dans l’univers souverainiste catalan.

Nació Digital est probablement le pure-player le plus modéré de la galaxie indépendantiste. Propriété de Miquel Macià, journaliste originaire de Vic, le titre existe depuis 1995. Le site propose plus de longs papiers que ses concurents locaux mais garde une ligne de gauche très proche du parti Esquerra Republicana de Catalunya (ERC).

Unique journal en ligne non-indépendantiste, Crónica Global est une ramification locale du pure-player El Español, fondé à Madrid par la star du journalisme Pedro J. Ramirez. Si ce dernier est ouvertement très proche du Partido Popular (droite) et particulièrement de l’ancien premier ministre José Maria Aznar, Crónica Global en Catalogne est relativement proche du Parti Socialiste Catalan. Fermement opposé à tout projet indépendantiste.

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