Pablo Casado, chef de la droite espagnole en mode survie

pablo casado

Pablo Casado, président du parti de droite le Partido Popular, est sur la sellette. Poussé à la démission par ses pairs. le chef de l’opposition espagnole survit à une semaine de secousses sismiques.

Ce feuilleton de la droite espagnole s’inscrit dans le cadre des batailles fratricides du style de la guerre Copé-Fillon qui avait secoué l’UMP en 2016.  En seulement 5 jours, le chef du principal parti d’opposition, Pablo Casado est sur le point de se retrouver déraciné par une tempête politico-médiatique.

Jeudi dernier, la puissante présidente de la région de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, a annoncé, lors d’une comparution publique, que son propre mouvement politique le Partido Popular (PP) tentait de la faire chanter via une affaire de commission financière. Le frère de la présidente, Tomás Ayuso, commercial dans une entreprise paramédicale, a empoché quelques dizaines de milliers d’euros d’argent public, lors du premier confinement, après que la région Madrid a acheté des masques FFP2. Une transaction qui, si elle n’est pas forcément illégale, est profondément amorale.

Un leader contesté depuis 6 mois

Pablo Casado, le chef du Partido Popular, contesté en interne depuis 6 mois par Ayuso, a tenté de se débarrasser de sa rivale avec cette affaire financière. Mais Ayuso a pris de cours la direction de son parti en révélant elle-même publiquement la commission, et convoquant dans la foulée des milliers de supporters devant le siège du PP. Pour protester contre « les méthodes de Casado ». Ce dimanche, 4000 personnes ont répondu présentes pour éreinter Pablo Casado dans la rue Genova, siège du PP à Madrid.

Face au bruit des médias conservateurs (favorables majoritairement à Ayuso) et à la fureur des militants, Pablo Casado est invité à partir la queue entre les jambes en présentant sa démission. Dans cette opération, la présidente de Madrid  bénéficie du soutien complice de son homologue de Galice, l’inamovible Alberto Feijóo, élu depuis 16 ans sans discontinuer à la tête de la région océanique et de fait très puissant dans les instances du parti conservateur.

Le lien entre la droite et l’extrême-droite espagnole

Mais si Isabel Díaz Ayuso a réussi ce tour de force, de mettre le président de son propre parti quasiment sur le banc de touche, c’est parce qu’elle est la personnalité de droite la plus populaire dans le pays, des conservateurs classiques du PP jusqu’aux radicaux de Vox. Avec une politique fiscale très libérale, un questionnement des politiques sanitaires liées aux restrictions du Covid-19 et un discours très identitaire, Ayuso réussit à capter, par deux fois dans des élections à Madrid, l’électorat allant du centre-droit jusqu’à l’extrême-droite de Vox. Un triomphe électoral qui a fait de l’ombre à Pablo Casado qui n’est ni président de région, ni n’a jamais été ministre.

Pour tenter de faire exploser Casado, Ayuso a choisi le bon timing. Casado traverse une mauvaise période. Au début du mois, la polémique loi travail présentée par la gauche a été adoptée à une voix près au parlement : celle d’un proche de Casado qui s’est trompé en votant (télématiquement) par erreur pour le texte. Quelques jours plus tard, le PP a obtenu un score moyen dans son fief de Castilla y Leon. Le PP s’est fait prendre une bonne part de son électorat par Vox. Casado a annoncé, pour la première fois, que son parti étendrait un cordon sanitaire autour de l’extrême-droite. Un positionnement qui est très loin d’être consensuel au sein de la droite espagnole, a fortement agacé des secteurs entiers du PP et fragilisé encore plus Casado.

Le prochain épisode devrait avoir lieu lundi.Une réunion de tous les chapeaux à plumes du PP voteront pour probablement convoquer un congrès national du parti lors duquel un vote devrait être organisé pour élire le président du mouvement. Comme l’assassin ne revient jamais sur les lieux de son crime, Isabel Díaz Ayuso ne se présentera pas lors du prochain congrès du Partido Popular pour succéder à Casado si celui-ci finalement devait démissionner, mais laissera un ou une fidèle occuper la place. En revanche, il est plus que probable que la Madrilène se candidatera lors des prochaines élections nationales si Casado saute. Rassemblant au-delà des frontières de son parti, Ayuso est une concurrente plus que dangereuse pour le sortant socialiste Pedro Sanchez.

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