A Barcelone, le bruit tue

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Réduire le bruit à Barcelone permettrait d’éviter près d’une cinquantaine de morts prématurées à Barcelone. Mais surtout, les nuisances des voitures, motos et fourgonnettes engendrent de nombreux problèmes de santé dans la capitale catalane. 

Photo : Mariona Gil/Ajuntament

Plus de 8 Barcelonais sur 10 sont exposés à des niveaux de bruit dangereux pour leur santé, selon les critères de l’OMS. Au-delà du seuil de 55 décibels, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que les nuisances sonores peuvent provoquer des risques cardiovasculaires accrus, des difficultés de concentration,  des retards d’apprentissage et des troubles du sommeil. Ce sont ces derniers qui provoqueraient les maladies les plus graves et les 47 morts par cardiopathie évitables chaque année à Barcelone selon le récent rapport d’ISGlobal. « Une mauvaise qualité du sommeil augmente le risque de maladies cardiovasculaires, confirme le cardiologue Juan Carlos Portugal, c’est un facteur de risque très connu ».

Et mauvaise qualité du sommeil ne veut pas forcément dire peiner à s’endormir ou se réveiller fréquemment. « Le bruit nocture peut provoquer des altérations du sommeil sans que nous en soyons conscients ni que cela ne nous réveille, explique Maria Foraster, chercheuse en santé publique à l’Université Ramon Llull, une exposition prolongée au bruit de la circulation routière peut mener à des altérations chroniques des réactions de notre corps, et engendrer maladies cardio-vasculaires, diabètes et obésité ».

Aussi dangereux que la pollution atmosphérique

Car c’est bien le bruit des voitures, motos, bus et autres véhicules qui affecte le bien-être des Barcelonais. Alors qu’il dérange 30% des Bruxellois, 43% des Madrilènes ou encore 60% des Parisiens, ce sont plus de 83% des Barcelonais qui doivent supporter continuellement les nuisances sonores de la circulation.

Selon Sasha Khomenko, chercheuse de l’ISGlobal et auteure principale de l’étude, ces nouveaux résultats permettent de démontrer que le bruit généré par les moyens de transport constitue la deuxième cause environnementale d’effets néfastes pour la santé en Europe occidentale, après les émissions de particules polluantes. Or, les deux ont la même cause : la circulation routière.

Les chercheurs appellent donc d’urgence à repenser l’urbanisme des grandes villes : diminuer les limites de vitesse, installer des revêtements absorbants, prioriser les transports en commun et la mobilité verte. A Barcelone, l’actuelle mairie a déjà augmenté le nombre de pistes cyclables, au détriment des voies pour voitures, et créé des pâtés de maison sans voitures, les superillas. Mais la capitale catalane moderne étant construite pour la voiture, le travail reste colossal et devra être poursuivi par les équipes municipales suivantes. Une évidence qui n’en est pas une pour tous : nombreux sont encore les partis politiques à penser que la priorité doit être donnée au confort des automobilistes. Au détriment de la santé de plus de 85% des Barcelonais.

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