Ces Français de Barcelone ont choisi de revenir en France

Barcelone fait rêver, et bon nombre de Français rejoignent la capitale catalane à la recherche d’une vie meilleure. Cependant, entre désillusions et nostalgie du mode de vie français, certains d’entre eux décident de quitter la cité comtale pour la France.

Photo : Clémentine Laurent/Equinox Barcelone

Barcelone a indéniablement tout pour plaire. Toutefois, malgré sa forte attraction, certains expatriés préfèrent quitter la capitale catalane au profit de la France. Selon le Quai d’Orsay, entre 2 et 2,5 millions de Français sont expatriés en 2019 dont une poignée préfère abandonner leur projet d’expatriation. Entre difficulté d’intégration, déprime ou réalité économique difficile à accepter, les raisons d’un retour en France sont nombreuses.

Pour Émilie, 30 ans, son changement de vie à Barcelone a été radical. « J’étais installée à Nantes pendant 5 ans avec mon ancien compagnon. Après un burn-out et un départ assez douloureux du côté professionnel, je voulais changer d’air pour m’en remettre. À l’époque, j’avais 24 ans, avec mon conjoint nous nous sommes dits que l’on pouvait se permettre de tenter une expérience à l’étranger. On voulait trouver une certaine qualité de vie, au soleil, loin de l’état d’esprit français et au cœur d’une ambiance cosmopolite », détaille la native de Cherbourg. C’est ainsi que la ville de Barcelone s’est imposée comme une évidence.

Entre dépaysement et désillusion

En 2017, Émilie s’installe donc à Barcelone, dans le quartier de Sant Andreu. « Nous étions excentrés tout en restant proches du centre-ville. Ensuite, on a déménagé deux ans plus tard à Vilanova i la Geltru, au sud de Barcelone. J’y suis restée un an avant de quitter l’Espagne » explique la Française. Une manière de s’éloigner du centre-ville de Barcelone qui devenait pesant pour le couple nantais. « Nous avons bien senti le dépaysement, avec la langue étrangère et la culture différente. Cependant, contrairement à mon ex-compagnon, je n’ai pas joué le jeu de l’expatriation à 100 %. Je n’ai pas pu maîtriser les langues locales et j’ai essentiellement côtoyé les francophones de Barcelone. » Une désillusion pour Émilie qui souhaitait s’émanciper de la mentalité française. « Je me suis vite retrouvée dans une mentalité française qui était plus exacerbée » déplore l’experte en marketing digital.

Pour Julie, 37 ans, une envie de nouvelle expérience à l’étranger a motivé son choix de s’installer à Barcelone en septembre 2018. Très vite, la Toulousaine d’origine s’installe dans l’Eixample. S’en est suivi sa recherche d’emploi dans la capitale catalane. « Je me suis vite rendue compte de la problématique de Barcelone : le travail. Ce n’est pas comme en France, nous avons de bonnes conditions, des avantages et nous sommes bien payés, etc. Je gagne deux fois plus aujourd’hui en France». Pour Julie, la pandémie de Covid-19 a également freiné toutes les activités culturelles de Barcelone, qui lui étaient si chères. « Ce que j’adore à Barcelone, c’est la vie dehors. Je m’éclatais tout le temps et du jour au lendemain, je n’avais plus rien. Un job qui ne me plaisait pas et plus de vie sociale. » Une situation qui a provoqué son départ de Julie en août 2020.

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Julie, 37 ans, a vécu trois ans à Barcelone, avant de quitter la ville après le confinement du Covid-19

« J’ai fait le choix d’aller à Perpignan et non pas à Toulouse pour être plus proche de la mer. Après avoir vécu à Barcelone, il est juste impossible de se passer de la mer. Et dans cette ville, je reste proche de l’Espagne. Je me rends d’ailleurs souvent à Barcelone ou sur la Costa Brava ».

Un retour aux sources

Pour Émilie, un retour en France était vital. « Je suffoquais à Barcelone. Il y avait un côté étouffant pour moi avec le bruit omniprésent et la vie nocturne constante. On a vécu aussi les attentats à Barcelone qui ont alimenté le climat pesant. Je suis contente d’avoir réalisé cette expérience à l’étranger, dans un pays dont je ne maîtrisais pas la langue, mais j’ai rapidement atteint les limites de cette aventure. Je faisais partie de ces personnes qui ne voulaient pas s’imprégner à 100 % de la culture barcelonaise. Je pense que c’est bien pour une passade, mais quand on ne se familiarise pas à 100 % de la culture du pays, on ne peut pas s’y plaire », reconnaît la trentenaire. Le manque de la nourriture française a également été source de frustration pour l’ex-Nantaise. « Je rentrais tous les mois en France pour faire un drive Leclerc, je m’achetais une baguette ou du pain au chocolat » se remémore-t-elle en plaisantant.

Ainsi, Émilie est revenue au pays, en posant ses valises à Perpignan, tout comme l’ex-Toulousaine Julie. La ville des Pyrénées-Orientales lui permet de garder une qualité de vie similaire, entre la mer et le soleil, tout en préservant le lien avec sa famille, basée dans la ville catalano-française. Par ailleurs, des projets professionnels ancrés à Perpignan la poussent à accepter d’autant plus cette nouvelle vie perpignanaise.

Du côté de Julie, quitter Barcelone a été plus difficile. « Mon départ de Barcelone a vraiment été un crève-cœur ». Pour la Toulousaine, la cité comtale incarnait la liberté et l’inspiration. À peine arrivée à Barcelone, l’experte en marketing avait lancé le projet « Vide-dressing and Co », qui a malheureusement été freiné par le Covid-19. « J’avais l’impression que tout était possible à Barcelone. À Perpignan, il est plus compliqué de se lancer dans de tels projets». Pour Julie, un possible retour à Barcelone est envisageable, cependant, cette fois-ci, mettre en place un projet professionnel solide serait primordial. Parfois, quitter Barcelone peut être une solution pour mieux la retrouver.

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