Inflation : quand les prix vont-ils baisser en Espagne ?

catalans radins

En Espagne, les prix ont augmenté de 10,8 % entre juillet 2021 et 2022, selon des chiffres de l’Institut national de la Statistique (INE). Une question se pose, quand les prix vont-ils baisser ? 

C’est une hausse record depuis septembre 1984. L’inflation a grimpé de + 0,6 point depuis juin 2022. Comment expliquer une telle situation ? L’Institut national de la Statistique (INE) pointe du doigt trois principales causes. D’abord, les dépenses liées au logement : elles ont augmenté de 23 % sur un an et de 4 % sur un mois, notamment en raison de l’explosion des prix de l’électricité, malgré le plafonnement des prix effectif depuis le mois de juin. Viennent ensuite le secteur vestimentaire et des chaussures, puis le secteur alimentaire et des boissons non-alcooliques.

À contrario, les prix dans le secteur des transports ont baissé de 3 % sur un mois « en raison de la baisse des prix des carburants », précise l’INE. De quoi revoir à la baisse le niveau de l’inflation sous-jacente, qui ne tient pas compte de certains prix très instables comme l’énergie, et qui s’établit à 6,1% sur un an en juillet, son plus haut niveau depuis janvier 1993.

Une inflation toujours à la hausse

Selon l’économiste catalan José Miro, l’inflation poursuivra sa hausse de + 5 % sur un an en décembre 2022, contre +4,1 % l’an passé. « Une baisse de l’inflation n’est pas prévue jusqu’au moins fin 2023« , estime l’économiste interrogé par Equinox. Les prix sont actuellement tirés vers le haut par la situation sur les marchés de l’énergie ainsi que celle des marchés alimentaires.

Ces deux facteurs se sont aggravé depuis le début de la guerre en Ukraine fin février 2022. Le poids de la Russie dans les importations européennes de gaz est important, « de l’ordre de 40 % pour l’Union européenne, l’Espagne quant à elle important le gaz russe à hauteur de 9 %, à un moment où la transition vers un modèle énergétique plus durable se poursuit en Europe » rappelle José Miro. Autre cause, les récents confinements en Chine dus aux épidémies de Covid-19, notamment Shanghai pendant deux mois en 2022, ont une fois de plus affecté les chaînes d’approvisionnement. Ainsi, les prévisions des économistes sont globalement homogènes : les prix ne sont pas prêts de baisser dans l’immédiat.

Un impôt exceptionnel

Pour faire face à cette inflation record, le gouvernement espagnol a annoncé en juillet dernier l’application d’un impôt exceptionnel sur les bénéfices des grands groupes énergétiques et financiers dopés par les tensions inflationnistes. « Ce gouvernement ne va pas tolérer qu’il y ait des entreprises qui profitent de la crise pour s’enrichir », a fermement promis le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez à la Chambre des députés lors de la présentation des mesures destinées à soutenir le pouvoir d’achat des Espagnols, ébranlé par la flambée des prix.

Le gouvernement s’apprête ainsi à créer « une taxe sur les bénéfices extraordinaires des grandes entreprises énergétiques » et s’attend à récupérer par ce dispositif près de « deux milliards d’euros » par an en 2023 et 2024. L’Espagne reproduit ainsi les prélèvements exceptionnels mis en place à l’étranger. En effet, le Royaume-Uni a opté pour une taxe temporaire de 25 % sur les bénéfices des géants pétroliers pour financer des aides similaires destinées aux ménages les plus défavorisés. L’Italie, de son côté, a aussi décidé de prélever 25% supplémentaires sur les bénéfices des grandes entreprises du secteur de l’énergie.

Atténuer l’inflation auprès des ménages

Les fonds ainsi récoltés doivent servir à financer les nombreuses aides publiques débloquées par Madrid pour protéger ses ménages de l’inflation. L’Espagne a adopté depuis cet été un florilège de mesures dont des aides sur les carburants, une hausse des pensions de retraite et une baisse de la TVA sur l’électricité.

Auxquels s’ajoutent de nouvelles bourses pour les étudiants de 100 euros par mois annoncées mardi par Pedro Sanchez, en plus de la prise en charge par l’État de 100 % des abonnements pour les trains de banlieue jusqu’au 31 décembre. « Depuis que les prix ont commencé à monter (…) l’Espagne a mobilisé 30 milliards d’euros » pour soutenir ses entreprises et ses citoyens, « soit l’équivalent de 2,3% de son produit intérieur brut (PIB) », a détaillé le Pedro Sanchez. Une série de mesures qui permet d’atténuer les conséquences de l’inflation dans le portefeuille des ménages.

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