Avec le réchauffement climatique, les maladies tropicales menacent l’Espagne

Clémentine Laurent

Les moustiques sont de retour à Barcelone. Et avec le réchauffement climatique, l’arrivée de maladies tropicales inquiète. Dengue, fièvre de Crimée-Congo et virus du Nil Occidental attribuent à l’Espagne les menaces sanitaires typiques des pays chauds. 

Crédit photo : Clémentine Laurent

Depuis début octobre, les piqûres de moustiques font leur grand retour à Barcelone. En temps normal, l’automne n’attire pas ces insectes. Mais à l’heure du réchauffement climatique, la donne est en train de changer. Les températures actuelles sont bien loin de celles que l’on connaissait autrefois. Alors forcément, il y a un peu de changement dans l’air. Et il s’avère tropical.

L’Espagne va-t-elle devoir faire face aux maladies des pays chauds ? Cet été, deux cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo ont été décelés à l’ouest de l’Espagne, dans la province de León. La piqûre d’une tique a provoqué la transmission de cette maladie plutôt connue de l’Afrique, les Balkans ou encore le Moyen-Orient.

La fièvre de Crimée-Congo s’ajoute désormais à la liste des maladies que peuvent craindre les Espagnols. Tout en haut de celle-ci, se trouve la dengue. Elle existe depuis 2018 en Espagne mais avec la prolifération des moustiques, elle inquiète de plus en plus. Au point même de craindre le Zika, le Chikungunya et même le retour de la fièvre jaune. 

Moustiques : 82 zones à risque à Barcelone

« Les moustiques sont là depuis plusieurs années mais avec les températures qui ne cessent d’augmenter, il sont de plus en plus nombreux », explique l’infectiologue Joan Cayla. Avec les fortes canicules et l’été indien presque similaire à l’été tout court, les moustiques et tiques se portent bien en Espagne. « Il y a des mois où les moustiques sont maintenant actifs alors que nous n’en avions pas auparavant”, explique Tomàs Montalvo, responsable du programme de surveillance des moustiques à l’Agence de santé publique de Barcelone, dans un média catalan.

L’Agence de santé publique a d’ailleurs identifié 82 zones à risque de la prolifération des moustiques dans Barcelone. Les quartiers de Sants-Montjuïc, notamment Poble Sec, Putxet et Farró, sont les plus touchés. Leur présence dépend de la température ambiante et de la présence de l’eau, alors à Barcelone, leur place était toute trouvée. Mais s’ils nous avaient autrefois habitués aux démangeaisons banales, cette fois-ci, mieux vaut être prudent. 

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La « grippe tropicale » plane sur l’Espagne

Des 62 espèces existantes en Espagne, c’est le moustique tigre qui inquiète le plus. Apparu pour la première fois à Barcelone en 2004, il est capable de porter 22 virus à la fois. Les plus répandus ? La dengue, le zika et et le chikungunya. 

En France, 200 cas de dengue, aussi appelée grippe tropicale, ont été dénombrés. Quelques rares cas aussi des deux autres maladies tropicales. « Je n’ai pas les chiffres officiels en Espagne, mais il y en a sûrement eu beaucoup aussi », assure l’infectiologue espagnol. Et ce sont justement les moustiques qui prolifèrent cette maladie. En association avec un phénomène mondial : les déplacements.

« C’est aujourd’hui beaucoup plus facile de voyager dans d’autres pays. Il y a aussi de nombreuses guerres et la crise du Covid. Tout cela fait que les personnes se déplacent plus et ramènent avec elles des maladies », rationalise le chercheur Joan Cayla. La dengue est surtout connue des pays d’Amérique latine comme Cuba. Ramener le virus en Europe et l’associer aux nombre de moustiques tigres, c’est aussi créer des « cas autochtones ». Des personnes attrapant le virus par une piqûre, sans pourtant avoir voyagé. Un mélange synonyme de fièvre, courbatures et maux de tête pendant 3 à 14 jours.

La fièvre jaune de retour ?

Ce n’est pas tout. La fièvre jaune n’est pas exclue. L’Espagne qui s’était pourtant débarrassée de cette maladie au 19e siècle n’est pas à l’abri de la retrouver. « Il y a une possibilité, admet Joan Cayla. La fièvre jaune est une maladie des pays chauds mais avec l’augmentation des températures, l’atmosphère leur est favorable. » 

Elle s’ajouterait alors à la fièvre du Nil Occidental, présente en Andalousie depuis peu de temps. C’était encore sans compter les insectes qui ne volent pas. Puisque cet été, des tiques ont aussi ramené la fièvre de Crimée-Congo. L’Espagne s’acclimate peu à peu aux maladies africaines et sud-américaines.

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