Le boom des thérapeutes français à Barcelone

A Barcelone, le nombre de thérapeutes français ne cesse d’augmenter. Toutes les semaines, de nouveaux professionnels s’ajoutent à la liste. On arrive presque à saturation. Alors comment faire sa place ? Existe-t-il vraiment un marché ? Lumière sur ces nouveaux business du bien-être.

Photo de couverture : Audrey Janneau, chiropraticienne à Barcelone depuis six ans.

Psychologues, chiropracteurs, kinésiologues, acupuncteurs. Pas une semaine ne passe sans que le réseau social LinkedIn n’ait un thérapeute de plus à son compteur de spécialistes Français à Barcelone. « Il y a eu un véritable boom depuis deux ans », assure Valérie Pinçon, présidente du Club des entrepreneuses d’Espagne.

A tel point qu’au sein de l’association barcelonaise, une section a été créée en 2021, spécialement pour les thérapeutes. Avec un groupe Whatsapp regroupant, déjà, 96 professionnels. Rien qu’à son échelle, le Club des entrepreneuses d’Espagne possède 20 % de ses adhérentes inscrites en tant que thérapeutes ou coach.

Un phénomène dans l’air du temps selon Valérie Pinçon. « Les gens ont plus l’habitude d’utiliser ces alternatives au système de santé normal. Ça va de pair avec le mode de vie actuel. » Pour beaucoup, ils ont fait un burn-out et se sont soignés eux-mêmes grâce aux thérapies qu’ils pratiquent désormais. Ou bien, souhaitaient se reconvertir et se sont formés. Mais dans marché aussi dense que Barcelone, comment les thérapeutes français arrivent-ils a faire leur place ?

Réussir comme un véritable entrepreneur

« Il n’y a pas de mystères. Il faut s’investir dans tous les sens dans son projet », s’exclame Audrey Janneau. La chiropraticienne s’est installée à son compte en 2016. Celle qui a réussi à se faire une clientèle à Barcelone a finalement joué la carte de la businesswoman. Travail acharné, « sans pause, sans congés ». Et aussi (surtout) : les réseaux. « J’ai fait pas mal de networking. J’ai aussi fait des petits marchés type seconde main où j’offrais des check up de la posture gratuit. Et puis, Instagram, Google… »

SAFTI Valerie Pincon

Audrey a adopté la méthode recommandée par le Club des entrepreneuses. « Sans ça, ce n’est pas viable », indique la présidente du Club. L’association organise justement des « petit-déjeuners entre thérapeutes » pour augmenter son réseau, allier et des thérapies, faire des « packs ensemble ». Une vraie stratégie marketing.  « On a des experts en business consulting qui les aident à faire un business plan, à fixer leur prix, promouvoir leur service », précise Valérie Pinçon. Il faut se faire connaître comme tout bon entrepreneur. Juste retour pour des métiers qui ne sont pas dans des circuits médicaux classiques.

Les thérapeutes « aidés » par un système de santé trop lent

Mais s’ils sont autant de thérapeutes français à chercher leur clientèle à Barcelone, c’est aussi parce que le système favorise leur pratique. « Notre grande chance, malheureusement, c’est que le système de Santé publique ne fonctionne pas comme en France. Et quand t’as mal et que tu attends deux mois pour avoir un rendez-vous chez le kiné ou que le médecin te dit rentre chez toi, alors tu finis par payer pour oublier la douleur« , commente Fabien Marcel, acupuncteur à Barcelone. Et ça fonctionne.

Lui qui est installé depuis 15 ans dans la cité comtale voit combien la ville attire les thérapeutes. « Je pense que Barcelone doit être la ville où il y a le plus de thérapeutes au mètre carré », sourit-il. Des nouvelles têtes, comme il les appelle, il en voit régulièrement. Mais la concurrence ne lui fait pas peur. Il préfère collaborer avec, quitte à les recommander auprès de sa clientèle.

« Il n’y aura pas de place pour tout le monde »

Pourtant, du côté du Club des entrepreneuses, on reste prudent sur ce récent boom. Malgré les 50 000 Français de Barcelone, Valérie Pinçon doute de l’existence d’un réel marché français à prendre. « Je pense qu’à un moment, ce sera compliqué. Il n’y aura pas de place pour tout le monde. Surtout s’ils ne visent que les Français. »

Elle même entrepreneuse, mais dans l’immobilier, la présidente de l’asso prévient. « Il ne faut pas penser qu’on sera le ou la seule Française et que donc, ils auront tous les clients. » A Barcelone, les thérapeutes se retrouvent donc à la même enseigne que tout autres entrepreneurs. Où il faut se faire remarquer pour pouvoir vivre de son métier.

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