Maëlys Robinne : « Chanter au Palau de la Musica de Barcelone est une expérience unique »

Palau de la Música de Barcelone

Maëlys Robinne, 26 ans, s’est installée à Barcelone en 2019 pour poursuivre sa formation de chanteuse lyrique. Un cursus qui a amené la Française à se produire au prestigieux Palau de la Música de Barcelone, le 11 décembre 2022, en tant que soliste. Rencontre

Photo : Erola Albesa Solsona

Quand vous êtes-vous installée à Barcelone et pour quelle(s) raison(s) ?

Je me suis installée à Barcelone en 2019. Je voulais faire mes études supérieures de chant en dehors de la France. J’avais réfléchi à plusieurs options. J’hésitais donc entre trois pays l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne. Par élimination, je me suis retrouvée en Espagne. Dans le même temps, je voulais également apprendre une nouvelle langue et me retrouver dans une ville ensoleillée. Barcelone était donc idéale, d’autant plus que les professeurs de chant à Barcelone sont réputés. J’ai donc passé les deux concours des écoles supérieures de chant de Barcelone. L’ESMUC et le Liceu et j’ai choisi l’ESMUC.

Comment s’est passée votre installation à Barcelone ?

Quand j’ai été acceptée à l’ESMUC, j’ai été très heureuse et honorée d’intégrer une telle école. J’avais l’impression d’aller dans une belle ville avec des copains pour faire de la musique. Concernant l’installation en tant que telle, tout a été assez fluide. À mon arrivée, j’ai vécu pendant quelques mois dans une famille française, en tant que fille au pair. Ensuite, j’ai trouvé une colocation avec une Italienne, une Allemande et un Russe. J’avais l’impression d’être dans le film L’Auberge Espagnole au cours de ma première année. L’appartement se situait juste à côté de l’Arc de Triomf, ce qui était pratique en termes de mobilité et de service. Côté administratif, tout s’est fait rapidement, le NIE, les assurances avec l’école, etc.

Comment s’est passé l’apprentissage du catalan et de l’espagnol ?

Je parlais italien, donc j’avais une bonne base latine qui est à peu près similaire à ces deux langues. En parallèle, l’ESMUC proposait des cours de catalan une fois par semaine, le soir. C’était des cours d’introduction que j’ai suivis. Mais, en général, j’ai des facilités pour les langues, donc cela a été plutôt simple pour moi d’apprendre deux nouvelles langues. En parlant avec les gens, et en leur demandant de me corriger, j’ai réussi à m’améliorer. Après 4 ans de vie à Barcelone, j’ai bien progressé et je peux entretenir une conversation avec les locaux.

Au sein de l’ESMUC, avez-vous rencontré d’autres étudiants français ?

J’ai rencontré deux Français. Tout deux sont guitaristes. On s’entend très bien, alors nous avons monté un trio ensemble en 2020. Nous avons pu organiser quelques petits spectacles au cours de ces deux dernières années. Sinon, la communauté française de l’école est très sympa. On se rend souvent des services et cela a un côté rassurant de pouvoir côtoyer des Français quand on vient à peine d’emménager à l’étranger.

D’où est née cette passion pour le chant ?

J’ai de la chance d’être née dans une famille où la musique est très présente. Ma maman jouait du piano et chantait. Pour le chant lyrique, j’ai eu l’opportunité d’aller à l’Opéra de Paris avec mon grand-père quand j’avais 7 ans. J’avais écouté un opéra et j’en suis tombée amoureuse. La même année, j’ai intégré un chœur à Paris. Ensuite, ma famille et moi avons emménagé à Rennes. J’ai pu intégrer une école où il y avait des cours de chant en plus du cursus de base. J’ai donc suivi ces cours jusqu’à la terminale. J’avais chant tous les jours, c’était génial !

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire de cette passion votre métier ?

L’envie d’en faire mon métier est venue un peu plus tard, à mes 17/18 ans. Je me suis rendue compte que chanter et danser me procurait beaucoup de bonheur. Je trouvais également que c’était des choses très profondes, la création du beau est quelque chose qui me transcende énormément.

Si mon envie est survenue un peu tardivement, c’est aussi car que les cordes vocales commencent à s’installer tardivement. J’ai alors intégré le Conservatoire Régional pour faire du chant lyrique et me former. En rentrant en classe de chant lyrique, cela a été clair. Je me suis dit que je voulais en faire mon métier.

Comment s’est passé votre intégration au sein de l’ESMUC en tant que française ?

Les Catalans ont un grand sens de l’accueil. Quand j’ai passé les concours, la directrice était là pour accueillir les personnes qui venaient passer les échéances. Cela avait un côté rassurant. D’ailleurs, comme je suis Française, on m’a dit que je pouvais écrire en français sur mes copies, car il y a des correcteurs francophones. J’ai donc écrit en plusieurs langues durant les concours, il y avait un mélange de français, d’italien, d’anglais, de castillan et même de catalan.

Une fois à l’ESMUC, j’ai trouvé que les professeurs étaient très à l’écoute. En début d’année, tous les professeurs ont demandé aux élèves s’ils préféraient suivre des cours en catalan ou en castillan, comme beaucoup d’étrangers étaient présents. Lors des premiers examens, j’ai écrit en français, car c’était encore compliqué pour moi de rédiger en castillan ou en catalan. Les professeurs ont été compréhensifs et cela n’a pas posé de problème. Tant que les copies sont lisibles, l’école est ok. J’ai trouvé cette ouverture d’esprit admirable.

Vous souvenez-vous de votre premier concert lyrique à Barcelone ?

Il y a eu pas mal de concerts organisés par l’école. Ce sont des spectacles privés à des fins pédagogiques. J’ai, par exemple, chanté avec le département de musique ancienne, en sachant que je suis dans le département de musique classique. Mon premier concert professionnel à Barcelone, a été avec le chœur Cererols, c’est un chœur assez connu à Barcelone. Le programme joué était hyper beau, et j’ai découvert plusieurs musiques catalanes.

Maëlys Robinne

Photo : Bach Collegium Barcelona 

Est-ce compliqué de chanter en catalan quand on est français ?

Ce n’est pas compliqué de chanter en catalan, pour ma part. La musique est très belle et mélodieuse. D’ailleurs, il y a énormément de compositeurs talentueux, mais peu connus. Par exemple Eduard Toldrà et Federic Mompou. Ce sont des génies catalans, et j’ai adoré chanter leurs compositions.

Quel est votre compositeur préféré ?

Mon compositeur de musique classique préféré en ce moment est Richard Strauss, avec sa pièce « Ständchen ». L’interprétation de Diana Damrau est fantastique.

Quel est le morceau que vous préférez chanter ?

Le morceau que j’aime chanter le plus en ce moment est le premier air de la cantate 51 de Jean-Sébastien Bach, « Jauchzet Gott in allen Landen », parce que c’est Noël et que c’est un morceau qui a du mordant et qui exulte !

Le 11 décembre dernier, vous avez chanté au Palau de la Musica de Barcelone, en tant que soliste. Quelles ont été vos impressions ?

Ce concert s’est inscrit dans le cadre de la Fondation Salvat, pour le programme Salvat Beca Bach. Il s’agit d’une espèce de bourse donnée à 4 jeunes artistes en chant. Ils programment ensuite des concerts dans des salles assez chouettes, avec des gens du milieu de la musique ancienne. Il est vrai que chanter au Palau de la Musica de Barcelone en tant que soliste est quelque chose d’assez fou. C’est la première fois que je chante devant autant de personne et dans une salle aussi prestigieuse. J’étais hyper honorée et fière de chanter à ce moment-là. C’était inoubliable. L’orchestre était très talentueux, le chœur aussi.

J’avais déjà chanté au Palau de la musica de Barcelone dans un chœur justement, mais ce n’est pas la même chose que de chanter en soliste devant le public. L’acoustique est géniale et la salle est grande et magnifique. J’espère avoir l’occasion d’y rechanter.

Votre plus beau souvenir à Barcelone ?

Un après-midi et une soirée à la plage, à se baigner dans la mer en plein mois de décembre avec des copains pour voir le coucher de soleil.

Votre lieu préféré de Barcelone ?

Sans aucun doute le parc de la Ciutadella, un jour de fête.

Quel conseil donneriez-vous aux Français qui hésitent encore à s’expatrier à Barcelone ?

N’hésitez pas à venir ! Foncez ! Mon conseil serait tout de même de se laisser porter par ce que Barcelone peut apporter et surtout ne pas rester qu’avec des Français, s’imprégner de la culture catalane.

Comptez-vous rester encore à Barcelone  ?

J’aimerais continuer mes études de chant lyrique à Bâle, en Suisse allemande. Mais, je pense pouvoir revenir de temps en temps à Barcelone car je chante avec des chœurs basés à Barcelone. C’est une ville que je ne quitterai jamais. Je l’adore, et je m’y sens vraiment chez moi.

Maëlys Robinne : « Chanter au Palau de la Musica de Barcelone est une expérience unique »

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