Français de Barcelone : propriétaires ou locataires ?

Français de Barcelone Encadrement des loyers

A Barcelone, les Français changent de casquette sur le marché immobilier. Les loueurs d’autrefois deviennent acheteurs. Apport familial, location en saturation et porte-monnaie favorisé. Voici pourquoi les expatriés n’ont plus froid aux yeux à l’heure d’investir.

Photo : Clémentine Laurent

A Barcelone, le marché immobilier change de visage. Prix en explosion, locations saturées, et clientèle plus élitiste. Depuis la pandémie et en l’espace d’un an, les Français sont de plus en plus nombreux à s’offrir le statut de propriétaire. Pourtant, le postulat de départ reste le même : quitter l’Hexagone « temporairement » pour la cité comtale. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’encore aujourd’hui « beaucoup de Français sont locataires parce qu’ils sont de passage dans la ville », commente Eduard Solé, de chez Monapart Barcelona. Et que dans les agences, les expatriés frappent à la porte des locations comme des achats. Mais depuis peu, la tendance vire au long terme.

Non pas que les baux de courte durée soient passés de mode. Mais « aujourd’hui, c’est plus facile d’acheter que de louer un appartement », renchérit Yves Lachkar. Celui qui possède sept années d’expérience à son compteur chiffre l’augmentation du marché à 25 %. Pour une chambre de 10 m², il fallait débourser 500 € auparavant contre 650 € actuellement. Et la demande, elle, grimpe. « Avec le Brexit, les étudiants qui partaient autrefois en Angleterre viennent tous à Barcelone ou Madrid. S’ajoutent aussi tous ceux qui font des stages ici », explique Yves Lachkar. Couplez ensuite le tout avec les vagues de nouveaux expatriés et celles du tourisme, pour obtenir un savant résultat : le vide locatif.

« Si le loyer est à 1 200 €, autant acheter »

Dans ce brouhaha, il reste une alternative : l’achat. C’est la seule option qui pour l’instant s’avère encore intéressante, selon l’expert. Sa consœur, Valérie Pinçon, conseillère immo, le rejoint. « Si le loyer est à 1 200 €, alors autant acheter. Je connais des gens qui souhaitaient louer à Castelldefels mais au vu du manque de choix, ils regardent les ventes », déclare-t-elle. Encore faut-il en avoir les moyens. A Barcelone, on parle de sommes atteignant les 300 000 € en moyenne. « Mais ceux qui ont de l’argent vont préférer investir ».

Et de ce côté-là, les Français tirent plutôt bien leur épingle du jeu. Les étudiants venus pour quatre ou cinq ans à l’ESADE de Sant Cugat, par exemple, trouvent appui auprès de leur famille pour se loger vers Provença ou Gràcia. Idem pour les jeunes couples cherchant à s’installer dans la cité comtale. « Beaucoup de parents français veulent acheter pour leurs enfants qui travaillent ou étudient ici. Ou alors, ils financent l’apport », commente Valérie Pinçon. En Catalogne, la taxe et le minimum à fournir en fonds propres équivalent à 30 % du prix de vente. Et sur ce terrain, les Espagnols savent combien les Français sont redoutables.

se loger à BarceloneLa concurrence est rude. Que ce soit pour des résidences principales ou secondaires. Car avec l’essor du télétravail, à BCN Immobilier par exemple, 75 % des acheteurs cherchent un pied-à-terre barcelonais sans y vivre à temps plein. Et puis aussi, et surtout, au moment de chercher un logement, « les Français arrivent avec des salaires bien plus élevés que les Espagnols. Pour peu qu’ils aient vendu leur appart parisien, à 10 000 € le m2 contre 7 000 € ici, ils peuvent aisément acheter dans les meilleurs quartiers« , ajoute l’agent français. Malgré tout, c’est là que l’affaire se corse.

Location ou achat : à chacun ses avantages

Troquer un loyer pour un emprunt n’est pas sans risques. Face à l’augmentation, certains se lancent même depuis la France ou à peine arrivés sur le sol barcelonais. Or, pour acheter dans la cité catalane, mieux vaut bien connaître les quartiers et la documentation à avoir. Vérifier aussi que l’immeuble ait passé ou passera des inspections, pour constater les travaux à faire, conseille Valérie Pinçon.

Elle prévient : « Ici, ce n’est pas comme la France. Le notaire ne vérifie rien. Tu peux acheter facilement, mais aussi te faire avoir. » La conseillère française est plutôt partisane de l’accompagnement par un avocat ou agent immobilier. Et pour ceux qui peuvent encore se le permettre, de tester avant. C’est généralement ce que font les familles françaises lors des six premiers mois avant de placer leur argent dans un bien de longue durée. « C’est le gros avantage de la location. Ça permet de connaître les quartiers et changer si on ne l’aime plus ou s’il ne convient pas ». N’est-ce finalement pas, ça aussi, un luxe ?

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