La drôle de vie amoureuse des couples en coloc à Barcelone

coloc à Barcelone

Parmi les challenges de la coloc à Barcelone, celui d’avoir une vie de couple se place sur le podium. Intimité limitée, quotidien à deux et sur deux tableaux. Ces Français témoignent sur leur drôle de vie amoureuse.

Photo : Clémentine Laurent Photographie

En colocation à Barcelone, il existe une règle d’or : l’adaptation. Encore plus lorsqu’il s’agit d’associer vie de couple et vie à plusieurs. Le diktat marche dans les deux sens : pour les amoureux, comme les célibataires. Car jongler entre l’amour et l’amitié dans un même espace relève presque d’un art. « Quand j’essaie de ramener une fille à la coloc, déjà faut arriver à atteindre la chambre sans se faire arrêter par les autres », rigole Edouard, Breton de 32 ans. Lui, est célibataire, et en rigole. Mais gérer sa vie amoureuse avec discrétion dans un endroit partagé n’est pas aisé.

« On n’avait pas trop d’intimité avant d’habiter ensemble. Certes, en colocation, j’avais ma chambre, mais c’était un petit appart », explique Pauline, 23 ans. La Nîmoise avait rencontré son copain catalan lorsqu’elle vivait en colocation à Poblenou. Avant qu’ils n’emménagent ensemble, lui vivait chez ses parents, et elle, avec une amie. Lui travaillait le soir, elle, le jour. « On arrivait à se voir à partir de minuit. Ma coloc dormait. Nous, on parlait un peu. Pas trop fort. Et il repartait. Il n’est jamais resté dormir » Parce qu’il était gêné ? Sûrement, pense-t-elle. Plusieurs fois, il en avait eu l’occasion. « Même, au début, je lui disais qu’il pouvait venir manger à l’appartement avant d’aller travailler, mais il avait un petit malaise. C’était toujours un peu risqué, car je n’habitais pas seule », ajoute la jeune Française.

Avoir une vie intime : le challenge des couples en coloc

Trouver un peu d’intimité est probablement le plus grand défi lorsqu’il s’agit d’être en couple et en coloc. Partager un logement « prive les gens d’intimité et pourrait même influencer les taux de natalité », explique une étude publiée par la plateforme immobilière Fotocasa. « C’est vrai qu’on a plus tendance à sortir, à manger au restaurant, alors qu’en ayant son propre appartement, on peut facilement passer une soirée entière à la maison », raconte Adèle, 30 ans. Cette Normande, a mis du temps avant de présenter son petit ami, lui aussi Catalan, à ses colocataires. Et à se permettre de rester ensemble « tranquillement » à l’appart. « Au départ, il venait de passage. S’il restait dormir, à la rigueur, on prenait le petit-déjeuner avec les colocs. Mais il repartait rapidement« , explique Adèle, installée à Barcelone depuis cinq ans.

Aujourd’hui, son copain a intégré la colocation. Chacun sa chambre, avec le luxe de pouvoir dormir ensemble tout en ayant un espace à soi. « C’est une chance pour nos moments à nous. Si on veut regarder un film à deux, on va dans la chambre. On n’ira pas juste nous dans le salon. » Naturellement, Adèle et son compagnon en sont venus à diviser les espaces. A adapter leur comportement et leurs gestes, selon s’ils sont dans la chambre ou dans la cuisine. A ne pas s’exclure des autres, ni prendre de décision à deux. Et à faire preuve de respect.

colocation appartementCar Adèle connaît aussi la situation inverse : celle de la célibataire qui vit avec un couple. Elle se remémore : « Un jour, ils m’ont demandé de ne plus venir manger dans le salon, car ça les dérangeait pour faire l’amour. La chambre était à côté. Le signe pour ne pas y aller, c’était quand la porte était fermée. » La Normande ricane, avec le recul. Dans la situation inverse, elle et son compagnon essaient plutôt de ne pas faire de bruit, en voilant le tout avec un fond sonore.

Probablement pour cette raison, il est souvent indiqué dans les annonces de colocation sur Idealista ou Badi : « couples interdits ». Pour les charges, aussi. « Dans mon ancienne coloc, ils ne voulaient pas qu’on se douche ensemble avec mon copain, car ils pensaient qu’on mettrait plus de temps et donc, qu’on dépenserait plus d’eau », renchérit Adèle. L’interdiction s’applique aussi, parfois, à tout type d’invité. Et en somme, avance une conclusion : la bonne entente dépend des colocs et du logement. La précédente témoin, Pauline, avoue que son amitié avec son ancienne colocataire jouait pour beaucoup. 

Vie à deux pimentée et porte-monnaie réconforté

Malgré tout, à l’heure de s’installer à deux avec son copain, ni l’un ni l’autre n’envisageait le « piso compartido« . « On voulait notre intimité, nos espaces. » L‘expérience des débuts n’était pourtant pas mauvaise. Pauline et Adèle y voient d’ailleurs plusieurs avantages à coupler les deux situations. « C’était très challengeant. Ça mettait un peu de piment dans notre couple de devoir trouver des manières de passer des moments seuls ». Des balades, des randonnées, des petits voyages. Ou tout simplement, le fait de ne pas avoir de routine. « Quand on vit en ménage à deux, on a peut-être plus tendance à se renfermer. Alors qu’en colocation, il y a plus de gens, des invités. Ça bouge plus », pense Adèle. 

C’est encore sans compter les « bonnes » raisons financières. Car vivre à plusieurs dans un logement s’avère encore l’option la plus choisie par les jeunes de 18 à 35 ans. Pour pouvoir, aussi, après tout, profiter d’une vie extérieure. En étant célibataire, ou en couple.

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