Quel est ce fort qui surplombe la frontière franco-espagnole ?

Ce fort n’échappe pas au regard des voyageurs traversant la frontière entre la France et l’Espagne. Il surplombe la ville de Perthus, dans les Pyrénées-Orientales et renferme de nombreux secrets. Histoire. 

Photo : Wikimedia Commons 

Niché sur le col du Perthus, le Fort de Bellegarde interpelle bon nombre de voyageurs à la frontière franco-espagnole. Son histoire est liée à celle du royaume de Majorque. En 1285, alors que ce fief existait depuis moins d’une dizaine d’années, Pierre III d’Aragon représentait une sérieuse menace pour le jeune roi majorquin Jacques II. Pour se défendre, il fit bâtir une tour de surveillance au-dessus du Perthus. À l’époque, elle n’était qu’une simple tour de surveillance. Elle se dressait à 20 mètres de hauteur et l’épaisseur des murs était de 1,5 mètre.

Au cours du XIVe siècle, le roi d’Aragon reprit militairement son voisin. La tour fut ainsi délaissée d’un point de vue royal, elle ne servait plus qu’au seigneur de la région pour obliger les voyageurs à payer un droit de douane. Enfin, le Perthus devient un territoire français après le traité des Pyrénées en 1659. À noter que le fort fait l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques depuis le 26 juin 1967.

Symbole de la guerre

Le fort de Bellegarde a été le théâtre de plusieurs conflits. Tout d’abord, le 8 mai 1674, Bellegarde fut prise par les Espagnols durant la guerre de Hollande. Elle fut rapidement reprise par le comte Frédéric-Armand de Schomberg après dix jours de siège, le 29 juillet 1675. En 1679, Sébastien Le Prestre Vauban visita Bellegarde et approuva le plan d’agrandissement considérable que lui proposa son ingénieur Christian Rousselot de Monceaux. Il y apporta des modifications, notamment en lui conférant une fortification plus conséquente. L’année suivante, Louvois accepta l’essentiel du projet.

Une seconde guerre marqua l’histoire de ce fort. En 1793, les Espagnols lancèrent une large offensive pour annexer le Roussillon. Le général Ricardos passa par le Vallespir, occupa d’abord Prats de Mollo le 25 mai 1793 puis le Fort Lagarde le 5 juin 1793. Il descendit ensuite la vallée et prend Bellegarde le 25 juin 1793, qui restera espagnol pendant une bonne partie de la guerre. Il ne sera repris par la France que le 13 septembre 1794 par les troupes du général Dugommier.

346311315 1292092251710201 3169025155604858706 nPour l’anecdote, le fort renferma le corps de son libérateur à sa mort, le 17 novembre 1794 à Figueras, mais il fut déplacé plus tard et remplacé par un monument à la mémoire de ce grand général français. Durant la période révolutionnaire, le fort sera un temps renommé « Fort de Midi-Libre » ou « Sud-Libre », un clin d’œil à Condé qui, reprit par les troupes Républicaines, avait été nommé « Nord-Libre ».

Un rôle important lors de la Retirada

En 1939, l’Espagne est témoin de la Retirada. Durant cette période, les républicains espagnols fuirent le pays face à l’avancée des troupes du général Franco. Les Espagnols furent soupçonnés et enfermés temporairement dans des camps. Les premiers apparurent à Prats de Mollo et sur les plages d’Argelès, puis ce fut l’internement au Camp de Rivesaltes.

Le Fort de Bellegarde jouera son rôle de camp d’internement en janvier et février 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fort devint une prison de la Gestapo pour les prisonniers de guerre évadés, républicains espagnols et les passeurs. Désormais, le fort est ouvert au public entre le 15 juin et septembre, et a une petite exposition sur son histoire et l’archéologie du col de Pannissars. De quoi aiguiser la curiosité des visiteurs.

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