Le bilan d’Ada Colau à Barcelone : notre analyse

ADA COLAU

Voici le bilan du mandat d’Ada Colau à la tête de Barcelone, alors que les élections municipales auront lieu ce dimanche. Un scrutin auquel peuvent prendre part les Français de Barcelone.

Malgré une usure du pouvoir se traduisant par une cote record d’impopularité, 75% des Barcelonais ne souhaitant pas sa réélection, Ada Colau reste en lice pour effectuer un 3e mandat. La maire sortante bénéficie d’un socle solide de 20% de fidèles. Un front anti-Colau uni se s’étant pas constitué, chaque candidat alternatif (socialiste, centriste, indépendantiste) ne dépasse pas les 20% d’intentions de vote, laissant planer une nouvelle victoire de la gauche radicale à Barcelone.

Tourisme : 5/10

chaleur espagnePour son deuxième mandat Ada Colau a pris un visage plus pragmatique. Il faut dire que la mairesse a dirigé la ville avec le très centriste Parti Socialiste, qui ne cesse de réclamer plus de tourisme pour remplir les caisses de Barcelone. De fait, Colau a réalisé un grand écart : laisser les coudées librse au socialiste Jaume Collboni qui dirigeait la politique touristico-économique de la cité, tout en prenant la défense des riverains exaspérés par un tourisme de masse cannibale des espaces publics.

Économiquement parlant, les chiffres du tourisme de Barcelone sont excellents : la ville a retrouvé son niveau d’avant la pandémie tant au niveau des vols depuis le Prat, que dans le taux d’occupation des hébergements ou bien encore du nombre de croisières accostant dans le port. Avec une telle demande, les tarifs s’envolent : lors du premier trimestre de 2033, les prix des hôtels se montraient entre 15 et 20 % plus élevés que ceux des années 2019 et 2018. À Pâques, ils avaient même explosé, faisant monter l’augmentation à 43 % pour les trois-étoiles, et accordant à Barcelone le titre de championne d’Europe de la hausse des prix. Comme avant le Covid, 12 % du Produit intérieur brut (PIB) de Barcelone provient du secteur d’activité touristique qui est à l’origine de 9 % des emplois dans la ville. 

Revers de la médaille : le riverain doit composer avec un espace public saturé et avec des visiteurs pas toujours civiques. La tourismophobie repointe le bout de son nez à Barcelone avec notamment au début du printemps une forte tension dans le quartier du Carmel avec les Bunkers pris d’assaut par des hordes touristiques à la grande fureur du voisinage.

Transformation de la ville : 8/10 

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Depuis les 4 dernières années, Barcelone est méconnaissable. Ada Colau a su profiter de la crise du Covid et du confinement pour remettre à plat l’aménagement du territoire de la ville. Avec pour objectif de faire diminuer le nombre de véhicules polluants à moteur. Les grands axes de circulation tels que le boulevard Arago, la rue Valencia, la Gran Via, pour ne citer que ceux-là, ont perdu des couloirs de voitures pour créer des pistes cyclables. C’est d’ailleurs toute la ville qui est désormais reliée par des couloirs à vélo et trottinettes. La mairie, dans toutes les rues, a supprimé des espaces de stationnement et des voies de véhicules à moteur pour laisser place aux bicyclettes.

Par ailleurs, Ada Colau, a fait sortir de terre les fameuses superillas : des quartiers piétons géants. C’est le cas à Sant Antoni, à Glories ou dans l’Eixample avec les rues Consell de Cent et Girona. Un projet salué par l’OMS pour son côté vert et copié dans toutes les grandes villes du monde, de Tel-Aviv à New-York en passant par Lyon. En outre, les projets de rénovation de la Rambla et de la Via Laietania suppriment également les accès aux véhicules à moteur. Enfin, la Diagonal a perdu la majorité de son espace dédié aux voitures pour laisser place à une grande ligne de Tramway.

Les détracteurs à ce verdissement de la ville sont en embuscade et déplorent que les rues adjacentes aux superillas, comme la rue Padilla ou Valencia, sont saturées de voitures comme jamais. La mairie assure que le phénomène est temporaire et mise sur la théorie de « l’évaporation ». C’est-à-dire qu’il sera tellement ardu de circuler en ville que les automobilistes se décourageront et préféreront utiliser les transports en commun. Sur ce dernier point, les critiques fusent : la banlieue, d’où vient la grande majorité des véhicules circulant dans la ville, n’est pas connectée de manière optimale à Barcelone.

Pollution : 0/10 

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Malgré les efforts faits pour verdir la ville, Ada Colau, n’est pas allée assez loin et l’air de Barcelone reste nocif. Chaque jour, la ville dépasse les limites de pollution imposées par l’Union européenne et les normes recommandées par l’ONU. Les raisons sont connues : la zone de basses émissions empêchant les véhicules les plus polluants d’entrer dans la ville est très peu restrictive ; un péage urbain décourageant les véhicules à moteur de pénétrer dans Barcelone n’a pas été mis en place ; contrairement à Paris, les deux-roues moteurs peuvent toujours stationner gratuitement et le nombre de croisières dans le Port de Barcelone est toujours le même, malgré les promesses de la maire d’en limiter le flux.

La propreté : 5/10 

éboueuses à barceloneC’est un des thèmes majeurs de l’après-Covid, les Barcelonais trouvent leur ville plus sale qu’auparavant. Pourtant, ce n’est pas faute de moyens financiers. Le Conseil municipal a octroyé 293 millions d’euros l’an dernier pour le nettoyage des rues et la collecte des déchets. Soit 19,6 % de plus qu’en 2021. La raison de la hausse est l’embauche de 400 agents d’entretien supplémentaires et l’achat de nouveau matériel. Mais le nouvel équipement n’est pas arrivé dans tous les quartiers de la ville. La mairie a voulu électrifier tout son parc de véhicules de nettoyage et a subi un retard de livraison de la part de ses fournisseurs automobiles. Ce qui a pu affecter le nettoyage optimal de certaines zones.

Sécurité : 5/10 

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Beaucoup de Barcelonais se plaignent de la détérioration de la sécurité dans la ville. A la lumière des statistiques, la mairie préfère évoquer un « sentiment d’insécurité« . Pour apprécier la situation actuelle de la sûreté de la ville, il convient de comparer les chiffres les plus récents, ceux de 2022, avec l’année 2019 qui correspond à la période pré-pandémique. Avec toutes les restrictions et la baisse du tourisme, les données des années 2020 et 2021 sont difficilement exploitables.

En 2019, la police a enregistré un total de 226.366 plaintes sur la ville de Barcelone. En 2022, le chiffre s’établit à 193.268 soit une baisse de 15%. Le délit le plus courant à Barcelone est le vol qui représente 89% du volume des plaintes.

209.169 faits se sont produits en 2019 contre 171.525 : ici aussi une baisse de 18%. En revanche, les délits les plus graves comme les coups et blessures sont en hausse de 18% ainsi que les agressions sexuelles avec une croissance de 27%.

Par ailleurs, des actes de sauvagerie particulièrement médiatiques comme les débordements durant la Mercè ont particulièrement marqué les esprits. Lors du dernier festival qui a lieu en septembre, une beuverie géante de 40.000 jeunes s’est soldée par une émeute qui s’est terminée par des saccages de boutiques, de violents affrontements avec la police et 45 blessés, dont 13 par arme blanche. Du jamais-vu pendant la Mercè.

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