Xavier Trias dépasse Ada Colau, qui perd la ville de Barcelone

Ada Colau

Soirée électorale très tendue à Barcelone. Sur le fil, le centriste Xavier Trias remporte l’élection, mais sans la totale certitude de pouvoir devenir maire de la ville. Ada Colau, quant à elle, subit un important revers. 

Douche écossaise pour la gauche radicale barcelonaise. Lors du traditionnel sondage sorti des urnes à 20 h, la maire sortante Ada Colau était donnée vainqueur du scrutin. 4 heures plus tard, à minuit, dans la discothèque du Raval « La Paloma », où se réunissaient les supporters d’Ada Colau, les visages blasés et déçus ont remplacé les hurlements de victoire. L’icône Ada Colau s’est brisée sous les coups des bulletins Xavier Trias lors d’un dépouillement sous tension.

WhatsApp Image 2023 05 28 at 23.13.27Soirée électorale d’Ada Colau à la Paloma. Photo Cyane Morel – Equinox 

Le centriste de 76 ans, est sorti de sa retraite politique pour mettre fin à l’ère Colau. Et il a réussi. Avec 11 conseillers municipaux, Trias possède désormais le plus grand groupe au conseil municipal de Barcelone. Les socialistes héritent de 10 sièges et Ada Colau seulement 9 élus. C’est l’euphorie des grands soirs à l’hôtel Catalonia de la Carrer Pelai, où se tenait la soirée électorale de Trias. L’ancien maire de Barcelone savoure sa revanche sur celle qui l’a battu en 2015. Mais, en dandy Barcelonais, il ne crie pas revanche et assure calmement et avec flegme qu’il sera le prochain maire de la ville.

Xavier TriasSoirée électorale de Xavier Trias – Photo : Mareva Laville- Equinox.

Le mode d’élection en Espagne est très différent par rapport au système français. Il n’y a qu’un seul tour. Arrivé en tête, Xavier Trias peut devenir automatiquement maire selon le code électoral. Mais sans majorité absolue, il y a un risque pour lui. C’est le socialiste Jaume Collboni, qui malgré la déception de son score, détient les clés de la cité. Arrivé en seconde position du scrutin, celui-ci peut être fair-play et former une coalition avec Xavier Trias en acceptant que ce dernier puisse devenir maire. Ou alors le socialiste choisit de se lancer dans un coup de Trafalgar et tente la formation d’une majorité alternative pour devenir maire avec les conseillers municipaux d’Ada Colau et les républicains de gauche. Difficile donc de savoir avec exactitude ce soir qui deviendra le prochain premier magistrat de la ville entre Xavier Trias et Jaume Collboni. Même si le centriste possède, pour le moment, un relatif avantage. Le 17 juin est la date butoir où se déroulera l’investiture du nouveau maire.

Le clivage Ada Colau est tranchè

Cette élection met un terme à huit ans de clivages et de polémiques générés par la gauche radicale. La division majeure de cette élection portait sur la place des véhicules à moteur dans la ville. Ada Colau plaide pour la mise en place de ses superilles, des quartiers piétons géants, tandis que ses rivaux insistent sur l’indispensable mobilité génératrice de richesse pour la cité. La majorité du conseil municipale penche désormais pour faciliter la vie des automobilistes et motards. La nouvelle mairie ne pourra cependant pas fermer les yeux sur le fait que chaque jour Barcelone dépasse les limites de pollution autorisée par l’Union Européenne. La sécurité de la ville, tabou pour la gauche radicale, est un débat qui se referme également avec la volonté des Barcelonais de mettre plus de policiers dans les rues. Une mesure phare des candidats Trias et Collboni.

Le dernier tour de piste d’Ernest Maragall

Il a vécu les élections municipales de 2019 comme un drame politique personnel. Ernest Maragall, candidat de gauche indépendantiste modéré, avait remporté le précédent scrutin en arrivant en tête. Il devait être le prochain maire de la ville, avant que Manuel Valls ne fasse une entourloupe. Blessé, Ernest Maragall, a voulu laver l’affront avec cette nouvelle élection.

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Ernest Maragall – Equipe ERC

Las, Maragall, termine quatrième de ce scrutin avec seulement 5 conseillers municipaux. C’est une lourde défaite pour celui qui bénéficiait du soutien du président de la Catalogne, Pere Aragonès. À 80 ans, c’est son dernier tour de piste. C’est une page de la politique catalane qui se tourne : son frère Pascual fut le maire historique des Jeux Olympiques de 1992.

L’entrée de l’extrême-droite à Barcelone

Pour la première fois dans l’histoire de la ville, l’extrême-droite siégera au conseil municipal. Vox possède désormais 2 élus. Pourtant, le parti n’a pas présenté de projet pour Barcelone. Vox a publié un programme national unique pour toutes les villes espagnoles avec une baisse d’impôts et la suppression des zones de basses émissions.

L’indépendance de la Catalogne

La victoire de Xavier Trias est aussi celle de l’indépendantisme. Modéré, pragmatique, le candidat n’a pas fait campagne sur le thème souverainiste. Ce qui n’a pas empêché ses supporters de chanter « Visca Indepedencia » au terme de son discours. Le bras droit de Carles Puigdemont, Josep Rius, s’est, quant à lui, rapproché des journalistes pour se féliciter d’avoir stoppé « l’opération Collboni » venue du gouvernement espagnol.

Les résultats officiels

– Junts, droite indépendantiste, représenté par Xavier Trias : 22,42 %, soit 11 sièges au conseil municipal
– PSC, gauche espagnole, menée par Jaume Collboni : 19,79 %, soit 10 sièges à la mairie
– Podemos-En Comú, et sa maire sortante Ada Colau : 19,77 %, donc 9 sièges au conseil municipal
– Esquerra Republicana de Catalunya, gauche indépendantiste à la tête du gouvernement catalan, représenté par Ernest Maragall : 11,22 %, obtenant un total de 5 conseillers
– Partido Popular (centre-droit): 9,21 % des voix, soit 4 sièges
 Vox (extrême droite) : 5,69 %, obtenant 2 sièges.
 La Cup-Alternativa Municipalista : 3,80 % du scrutin
– Valents : 2,31 % des votes
– Ciutadans : 1,10 % des voix
– PACMA, parti animaliste et écologiste : 1,08 %
 Barcelona Ets Tu : 1,08 %
– EV-AV l’alternative verte : 0,33 %

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