Qui est Samuel R., le pédophile présumé du Lycée français de Barcelone

Lycée français de Barcelone

Tribunal de Barcelone, lundi 29 mai. L’étau se resserre autour de l’agresseur soupçonné d’enfants au Lycée français de Barcelone. Le Parquet demande la détention provisoire de l’homme soupçonné de pédophilie. Equinox dresse son portrait, à la lumière d’un quotidien moins sombre que ses agissements.

Photo : capture d’écran – RTVE

Dans les affaires d’agressions sexuelles ou crimes, il n’est pas rare de d’établir le portrait de malfaiteurs à mille lieux des horreurs commises. Et à Barcelone encore, le refrain se répète pour le principal suspect de viols et intimidations sur enfants au Lycée français situé à Pedralbes. Deux mois après l’éclatement du scandale, le moniteur de cantine soupçonné s’est présenté, baskets aux pieds, jean, chemise et sac à dos, à la cité de la justice de Barcelone, ce lundi 29 mai.

Face à lui, les deux avocats des familles de victimes et le Parquet réclament la détention provisoire. La mesure de prison préventive est demandée en raison de la lourdeur des peines encourues par l’auteur des faits et du climat anxiogène qui règne à l’école maternelle du lycée français. Les avocats des deux petites filles et des deux garçonnets estiment qu’il y a un risque de fuite de l’accusé qui encourt entre 30 et 40 années de prison. L’avocat de la défense, lui, sollicite une expertise psychologique. De quoi faire gagner du temps, en attendant l’audition des garçons à l’origine des deux dernières plaintes.

Une première réponse du tribunal est attendue ce jeudi 1er juin. Soulagera-t-elle les familles des victimes ? Ces dernières ne se sont pas rendues sur place. L’homme soupçonné, lui, se montrait particulièrement nerveux. Loin de l’image qu’il dégage dans son quartier et auprès de son entourage.

Lieu de vie, caractère : le portrait du principal suspect

Car de l’autre côté de la ville, dans les rues de Sant Andreu, c’est surtout la gaîté de Samuel* qu’on retient. « Je m’en souviens. Il sourit souvent », répondent deux caissiers du Lidl de la Rambla. Ses dents plutôt petites, partageant avec les gencives, la moitié de son expression marquent les esprits. Il faut dire que l’homme de 31 ans ne passe pas inaperçu, avec ses lunettes de soleil dans les cheveux, sa silhouette grande et menue, et ses bras dessinés illustrant sa passion pour le basket.

Sur son compte Instagram, la personne sous le coup d’une enquête se définit d’ailleurs comme sportif. Et dans ses vidéos Tik-Tok – dont la publication se voulait mensuelle jusqu’au mois de mars, période où la première plainte a été déposée -, plusieurs trophées ornent les étagères de son domicile, ou sa chambre. D’enfant ?

Un enfant dans un corps de grand

Car s’il faut associer un univers à cet homme, qui fêtera ses 32 ans l’été prochain, c’est bien celui-ci. Déguisements Peter Pan, Spiderman. Fêtes de carnaval et Halloween. Vidéos de danse façon ados. Photos devant des affiches de comédies musicales, et fascination pour Michael Jackson illustrent un prétendu agresseur intéressé par le monde infantile. Secteur vers lequel il s’est tourné professionnellement. Après s’être cherché une voie auprès des animaux, en suivant une formation d’auxiliaire vétérinaire dans une école de Sant Andreu pendant un an,  Samuel a troqué une blouse verte pour un uniforme orange floqué Lycée français de Barcelone.

sant andreu comerc carrer 1003211Selon les familles des victimes, il travaillait en tant que moniteur de cantine au Lfb depuis « au moins cinq ans ». Un poste de surveillant d’enfants sur le temps du déjeuner, qui, d’après son employeur direct Serunion, ne demandait aucune formation spécifique, bien que « les études liées à l’éducation soient valorisées ». Dans l’établissement barcelonais, Samuel aurait agressé plusieurs enfants de l’école maternelle dans les toilettes de la cour de récréation, située à côté de « la villa du directeur ». Masturbations, pénétrations et attouchements se cachaient derrière la fameuse porte des WC, retirée par le Lfb avant les vacances de Pâques.

Pour taire la parole des victimes, Samuel menaçait les enfants de poser une bombe dans l’école ou de tuer leur mère, selon la première petite fille qui a libéré sa parole sur celui qu’elle appelait « Monsieur puant ». Autant d’intimidations qui semblent inimaginables, d’après les souvenirs des membres de son ancienne école vétérinaire. « Il était très doux, très bien avec les animaux, toujours très correct. Nous n’avons eu aucun problème avec lui », déclare la directrice. « C’est un enfant dans un corps d’adulte, mais il est très gentil ». Selon elle, l’accusé vivrait encore chez ses parents, dans un périmètre proche de la station de métro Fabra i Puig, à Sant Andreu. Un quartier qu’ils habitent depuis plusieurs années, à en croire les dernières données publiques sur les réseaux sociaux.

Une personne en situation de handicap ?

Vivent-ils dans un logement social ? Si la question mérite d’être posée, c’est parce que Samuel possèderait un handicap modéré. D’après les familles des victimes présumées, il aurait présenté une carte justifiant d’une diminution de 33% de capacité à travailler lorsque la police l’a interpellé au Lfb. Un statut d’invalidité qui pourrait lui permettre de toucher 542 € par mois ainsi que des aides sur le logement, la mobilité, l’éducation et la fiscalité, selon la plateforme de recherche d’emploi Jobatus.

Mais à la question de savoir si Samuel souffre d’un « retard mental », la directrice de l’école de vétérinaire barcelonaise répond simplement. « Il a une manière de parler réellement enfantine. Mais qui sommes-nous pour juger ? » Elle, dit n’avoir eu aucun document officiel parlant d’un éventuel handicap. Et si tel était le cas, son actuel employeur, Serunion, qui continue de rémunérer le mis en cause malgré sa suspension, explique ne faire aucune discrimination à l’embauche, « y compris sur les personnes handicapées, tant que les compétences correspondent au poste requis ». Légalement, l’entreprise se doit même de faire preuve d’inclusion à hauteur de 2 % de son personnel. Mais jusqu’où et auprès de quel public ?

Son passif judiciaire, quant à lui, avait été exploré à la loupe. Loi « orgánica 8/2021 » oblige, une certification négative de délinquance sexuelle doit être présentée pour pouvoir intégrer les équipes de moniteurs. Rien ne laissait donc présager de tels agissements sur des enfants. Trompeuses apparences, ou double visage, désormais entre les mains des juges.

*par respect de la présomption d’innocence, Equinox occulte le nom de famille.

Recommandé pour vous

medecin français à Barcelone