Devenir autónomo en Espagne : conseils et pièges à éviter

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Se lancer dans l’entrepreneuriat en Espagne n’est pas une mince affaire. Voici un petit guide pratique pour mettre toutes les chances de son côté. 

Photo : C. Laurent

Près de 100.000 personnes se sont lancées à leur compte en Espagne au cours du deuxième trimestre 2023. L’aventure vous tente aussi ? Pour cela, une des options est l’obtention du statut d’autónomo. Il s’agit de l’équivalent de l’auto-entrepreneur en France. En Espagne, un total de 3.324.048 autónomos était recensé en 2022.

Pour le devenir, il est impératif de suivre une série de démarches. Pour les entreprendre, Equinox a interrogé Mathias Vazquez, fondateur de la plateforme et entreprise de conseil Monentreprise.es. Celle-ci s’attache à fournir des conseils et un suivi personnalisé dans le cadre de développement d’activité économique à ses clients francophones, tout en garantissant le même niveau de qualité de services qu’ils sont habitués à recevoir dans leurs pays d’origine.

Devenir autónomo en Espagne en 9 étapes

1. Obtenir un NIE

Il s’agit de la toute première tâche à réaliser quand on souhaite lancer une activité professionnelle en Espagne en tant que Français. Le NIE est le numéro d’identification des personnes étrangères en Espagne. La procédure commence par une prise de rendez-vous via le web sur le service “extranjeria” (étrangers) dans le bureau concerné.

Cependant, il est très difficile de décrocher un rendez-vous à Barcelone. Ainsi, beaucoup font leur demande dans une commune voisine (ou toute autre commune en Espagne), par procuration via un cabinet de conseil, ou dans un consulat espagnol en France.

2. Faire le point sur sa situation administrative dans son pays d’origine

« Il faut absolument comprendre son statut économique et social dans son pays d’origine avant de venir travailler en Espagne : salarié, indépendant, micro-entreprise, SAS, etc. et son équivalence en Espagne. Il est également intéressant de se faire faire une étude fiscale globale pour savoir où on en est avant de démarrer son statut d’autónomo, ce que peu de personnes font », explique Mathias Vazquez.

Pour cette phase, il est vivement conseillé d’être accompagné par un cabinet de conseil avec expertise de fiscalité française et espagnole. La raison ? « Les cabinets espagnols ou gestorías n’ont pas l’habitude de traiter les thématiques de non-résidents et ne prennent pas en compte beaucoup de facteurs pouvant créer des situations extrêmement complexes et dangereuses à long terme », analyse le créateur de Monentreprise.es.

3. Valider sa résidence fiscale pour l’année en cours

Dans le cas où on se lancerait en même temps que l’on s’installe en Espagne, il est nécessaire d’évaluer sa résidence fiscale pour l’année en cours de l’expatriation. La résidence fiscale à évaluer peut être complexe en fonction de vos intérêts économiques, du lieu où vous avez passé plus de 6 mois dans l’année, etc. « Il est indispensable de bien définir sa résidence fiscale, cela change la manière dont on traite un dossier de travailleur indépendant d’un point de vue fiscal sur une première année d’activité », précise Mathias Vasquez.

4. Ouvrir un compte en banque pour son activité

Ouvrir un compte en banque en Espagne peut se transformer en un parcours du combattant. « Pour commencer, il est essentiel de choisir une banque agréée par l’État », préconise le consultant. Les banques en ligne et néo-banques, proposant des tarifs souvent plus attrayants, sont déconseillées lorsqu’un professionnel se lance en freelance, car étant non agréées, il est impossible d’y domicilier ses impôts et charges sociales. Il est également possible d’utiliser son compte personnel privé pour son entreprise, il est plutôt conseillé d’avoir deux comptes, professionnel et privé, pour pouvoir bien gérer sa trésorerie. Voici la liste des banques agréées dans la péninsule ibérique.

5. Création de son entreprise

Pour une entreprise mercantile ou un statut d’indépendant, il faut s’inscrire aux différentes autorités administratives pour exercer son activité. Les délais sont généralement courts pour créer votre entreprise si vous allez résider en Espagne et disposez de tout l’administratif prêt, environ 24h pour un statut d’indépendant et 72h pour une société mercantile.

Les NIE des personnes physiques deviennent ainsi un NIF (numéro d’identification fiscal) au début de l’activité et après les premières facturations. Il est conseillé de s’inscrire au fisc espagnol et à la sécurité sociale en même temps. « Si vous vous inscrivez au fisc à une date donnée et à la sécurité sociale plus tard, vous risquez d’avoir une amende de la sécurité sociale« , alerte Mathias Vazquez.

Devenir autonomo 6. Faire son empadronamiento

Si ce n’est pas déjà fait, il faut se rendre à la mairie de votre lieu de résidence avec une preuve contractuelle que vous résidez en Espagne.

7. Faire une demande de NIE vert / résident / certificat de l’Union européenne

Pour ces documents, il est nécessaire de faire la demande sur place en Espagne en prenant rendez-vous au commissariat de police. Il suffit de cliquez ici pour réserver un créneau.

8. Carte de santé / Tarjeta sanitaria

Il faut se présenter à un centre de santé (centro de salud), « de préférence proche de votre lieu de domicile », indique le chef d’entreprise qui ajoute : « avec votre certificat de la sécurité sociale et votre empadronamiento. Vous pourrez recevoir votre carte de santé et un médecin de famille vous sera assigné ».

9. Faire son certificat digital

« Il s’agit là de la dernière étape à suivre et qui est souvent oubliée ! Du coup, les entrepreneurs ne reçoivent pas les communications des autorités administratives et certains découvrent des années après des contrôles fiscaux, demande d’information ou autres cas similaires », conclut Mathias Vazquez Rodriguez. Le certificat digital vous permettra de vous connecter aux différents sites des administrations, notamment la sécurité sociale et d’interagir avec celles-ci.

Devenir autónomo : les pièges à éviter

La logique des dépenses déductibles

Une facture dépense doit toujours être reliée à une facture de revenus. « La logique est d’engranger des dépenses pour générer des revenus », explique le fondateur de Monentreprise.es. Les cotisations sociales sont déductibles d’impôt. « N’oubliez pas de les ajouter dans votre comptabilité », conseille Mathias Vazquez.

Toujours avoir de la liquidité sur les comptes bancaires

Si vous ouvrez un compte ou en utilisez un pour votre activité (société ou personnel) assurez-vous d’avoir toujours de la liquidité pour les charges sociales mensuelles et impôts car tout est domicilié. Vous devez toujours connaitre en avance votre charge fiscale et sociale pour éviter de rater un prélèvement qui amène toujours à des amendes et intérêts de retard.

espagne « C’est une erreur que font les entrepreneurs. Ils oublient de mettre de l’argent dans leur compte bancaire. Ils attendent leurs premières factures pour le faire comme en France, mais c’est différent en Espagne », met en garde le Français. Dès le premier mois, des cotisations sont à payer, sans fonds, la Sécurité sociale peut infliger une amende de 400 euros à l’autónomo.

Attention à la conformité des factures et aux facturations principalement étrangères

En Espagne, toute transaction, revenu ou dépense, doit avoir une facture si elle implique une autre entreprise avec votre NIF et détail de société. Pour les voyages à l’étranger, les tickets sont acceptés « si plus de 70/80 % de vos revenus sont générés hors Espagne », précise Mathias. Vous devez ainsi payer à chaque trimestre 20 % de votre résultat net.

Réduction d’impôts

Il existe une possibilité de bénéficier d’une réduction nette d’impôt quand on démarre une activité ou de subsides sociaux. « Il est impératif d’y prétendre au moment de la création de son entreprise et de le mentionner dans sa déclaration pour la percevoir », prévient Mathias. En outre, il faut toujours faire le point sur sa fiscalité de personne physique et d’entreprise en fonction de sa province et secteur d’activité pour voir si on peut prétendre à des aides, prêt à taux 0, etc.

La mauvaise raison de devenir autónomo

Devenir auto-entrepreneur en Espagne pour payer moins d’impôts est fortement déconseillé si vous habitez et exploitez cette activité en France. De plus, il est essentiel de se rappeler que l’Espagne et la France ont des mécanismes de communication entre elles pour détecter de telles fraudes fiscales. Le fondateur de Monentreprise.es insiste sur le fait que cette démarche est extrêmement dangereuse et peut être considérée comme une fraude fiscale. » On est indépendant en Espagne si on travaille depuis l’Espagne ».

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