Ces parents de Barcelone qui continuent d’éduquer leurs enfants à la française

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Aucun décalage horaire sur le papier, mais au quotidien oui. A Barcelone, bon nombre de familles françaises sont restées sur l’emploi du temps de l’Hexagone pour leurs enfants. Question de tradition ou de culture ? Témoignages de parents en immersion sur tout, sauf l’éducation.

Cartable prêt, goûter préparé, réveil réglé. La rentrée a bel et bien sonné à Barcelone. Dans la cité catalane, les enfants des familles d’expatriés ont fini par troquer les vacances et journées plage avec la cour de récré, les leçons, les bancs de l’école. Et puis tout le reste. Le sport, les jeux, les repas. Le train-train quotidien, qui d’ailleurs, ne se met pas toujours au diapason local. Du moins, pas dans son intégralité. Car quand vient le moment de reprendre les bonnes habitudes, ce sont celles aux couleurs françaises qui reviennent au galop.

Pourtant, la volonté générale passe par l’ouverture aux langues et cultures. Certains se sont donc adaptés à tout et pleinement. Audrey, 44 ans, vit en près de Barcelone depuis 16 ans. Elle y a rencontré son mari, un Catalan, s’est installée à Terrassa, parle couramment espagnol, a fondé une famille et inscrit son fils à l’école catalane. 100 % local. Mais il y a un critère qui ne s’est pas teinté de jaune et rouge : l’éducation de son enfant.

Dormir et manger comme en France

« J’ai toujours gardé les horaires français. Je trouve que pour le soir, notre schéma est mieux. Et mon mari a toujours été d’accord avec ça. Il aime bien aussi », explique la Parisienne. Même à 13 ans aujourd’hui, son fils Luca, se rend dans sa chambre tous les soirs à 22 h maximum. « Alors que beaucoup de ses copains ici vont au lit à 23 h ou 23 h 30. Je n’ai jamais compris pourquoi ils les couchent si tard », assure Audrey.

Mais elle, n’a pas souhaité déroger à la règle. Tout comme Lilia, maman française de deux enfants. « A la maison », à Poblenou, elle et son mari ont rééquilibré l’heure du coucher de leur fille de 6 ans et fils de 11 ans une dizaine de jours avant la rentrée. « Entre 20 h et 20 h 30 pour la petite, et entre 20 h 30 et 21 h pour le grand ». Un rythme qu’ils avaient déjà adopté en France avant de quitter Orléans pour Barcelone, il y a un an. Parfois même, les deux profitent d’une petite sieste. « Ma fille n’a pas le choix. Tous les mercredis et samedis, elle a ce temps de repos », explique Lilia, 41 ans, tout en insistant sur l’importance du sommeil. « Selon les âges, il faut entre 10 h et 12 heures », estime-t-elle.

francais espagnols

C’était sans s’imaginer que la variable se déclinerait aussi selon le pays. Dans les chambres des enfants à Barcelone, il n’est pas rare d’entendre encore de l’activité passé 23 h. Et lorsqu’il s’agit d’évoquer la sieste, les mamans espagnoles s’étonnent : « Elles me disent que depuis l’âge de 3 ans, leurs enfants ne font plus la sieste », raconte l’expatriée française. Non pas qu’elles n’approuvent pas le concept, « ma voisine m’a dit qu’elle rêverait que son fils soit au lit à 21 h« , renchérit Lilia, mais cette rigueur française est à contre-courant du quotidien local.

Le décalage horaire pour vivre à l’Espagnole

Car en Espagne, tout est décalé d’une demi-heure voire une heure. Malgré un début de journée à peu de chose près similaire. Réveil 7 h 30 ou 8 h, entrée à l’école 8 h 50 ou 9 h, encas sandwich vers 11 h, repas du midi sur les coups de 13 h, fin de journée à 16 h ou 16 h 30. Qu’il s’agisse d’une école française ou catalane. C’est sur la suite que les habitudes diffèrent. « Jusqu’à 11 ans ça va, mais après le sport c’est 19 h, donc mon fils ne rentre pas avant 21 h », déclare Audrey. Conséquence ? Repas décalé, et emploi du temps qui peu à peu se fixe aux horaires locaux : dîner face au journal télévisé de 21 h, films diffusés à partir de 22 h, puis dodo une heure ou deux heures plus tard. Difficile de faire autrement : « Quand c’est comme ça, je n’ai pas d’autre choix que d’adapter le planning de la maison ».

Parce que pour arriver à faire dormir les enfants à la française, il y a une méthodologie à respecter. Et elle se base avant tout sur l’heure du repas. Lilia, Audrey et leurs conjoints dressent la table entre 19 h 30 et 20 h 30. Et les week-ends, le déjeuner s’est fixé à l’horloge de l’Hexagone. Les activités et sorties aussi. De quoi maintenir un petit décalage par rapport aux enfants de la région.

« Parfois, ça fait un choc culturel surtout au niveau de la vie sociale. Les goûters d’anniversaire, par exemple, commencent à 18 h parce que les Espagnols terminent de manger à 15 h 30. Ou bien le soir, ils se retrouvent à 19 h pour faire du sport », reconnaît Audrey. Idem dans la cour d’école, quand vient la pause de mi-matinée où les enfants sortent leur sandwich bien garni en guise de petit-déjeuner. Tandis que les enfants français, eux, auront rempli leur ventre avant de prendre les cours. « Impensable pour moi de toute façon qu’ils partent le matin sans avoir mangé », assume Lilia. Ils grignoteront un fruit ou un snack, histoire de ne pas se sentir lésés. L’illustration d’un trait qui, au fond, restera toujours très français, n’importe où et à tout âge : l’importance d’être à l’heure pour manger.

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