Ce qui inquiète tant les mamans d’expatriés à Barcelone

mamans d'expatriés à Barcelone

Mère inquiète forme presque un mot à part entière. Première expatriation, barrière de la langue, insécurité. La face obscure de Barcelone pèse sur les mamans d’expatriés français. Equinox leur donne la parole.

« Je viens de passer une semaine avec ma fille pour son installation. Je repars demain pour la France, pleine d’inquiétudes », lance Cathy Nevannen. La Bretonne de 46 ans a laissé sa fille dans sa chambre de résidence universitaire du centre de Barcelone, pour se rendre à l’aéroport, direction Quimper, ville française aux antipodes de Barcelone. « C’est la première fois qu’elle quitte la maison aussi longtemps », déclare-t-elle légèrement angoissée. Imaginer son enfant de 19 ans intégrer un programme Erasmus dans une métropole hors de France, ça fait un peu peur. Dans le domaine, Cathy a d’ailleurs une longue liste de points stressants. À commencer par la langue. « Elle se débrouille bien en espagnol, mais ici, c’est compliqué, ils parlent catalan. »

Puis la sécurité. « Je la laisse seule, loin, dans une grande ville, avec tous les risques que ça comprend ». Les viols, les agressions sexuelles, énumère la maman bretonne, anxieuse. Il faut dire que l’actualité barcelonaise n’est pas toujours rose. Entre les manadas (viols en réunion, souvent effectués par des jeunes et filmés), et les faits-divers à répétition, la région, pourtant très féministe, peine encore à réduire le nombre de délits. Et dans un pays étranger, le tout prend encore une ampleur supérieure.

L’angoisse maternelle à tout âge

Qu’importe le profil, l’âge ou le genre, d’ailleurs. Une mère protectrice ne se fixe pas de limite lorsqu’il s’agit de la sûreté de ses enfants. Sur place, comme à distance. « On parle souvent du positif à Barcelone, mais il y a aussi des failles », renchérit Marie, 65 ans. À l’autre bout du téléphone, près de Toulouse, elle tremble un peu de la voix. Depuis deux mois, elle se soucie pour son fils, expatrié à Barcelone depuis sept ans. « Il a 38 ans, mais bon, c’est mon enfant. Qu’il ait un an ou cinquante ans, je serai toujours tracassée« .

À seulement quelques heures de la capitale catalane, la Toulousaine ne cache pas son nœud au ventre. L’idée que son fils vive dans l’immeuble d’un narco-piso (NDLR : appartement squatté par des dealers de drogue), dans le Raval, la terrifie. « Je suis préoccupée par la sécurité de mon enfant. Il y a des drogués dans la rue. Le quartier s’est vraiment dégradé ces dernières années ». Avant, selon elle, « aucun souci ». Elle était même ravie de voir son fils François, suivre, pour sa première expatriation, les traces espagnoles de son père, parti d’Espagne sous Franco. Mais face au nouveau quotidien de sa progéniture, elle n’a pas pu s’empêcher d’écrire à Equinox. « Il va me gronder, c’est sûr, rigole-t-elle. Mais c’est une inquiétude de maman, normale ! »

Des frayeurs amplifiées par la distance

Elle comme Cathy se raisonnent toutefois à mesure qu’elles discutent. La première relativise. « Quand je lui en parle, il me répond qu’il a 38 ans », sourit-elle. Quant à la seconde, elle pense au positif et à l’avenir : « Je sais que ce sera une expérience enrichissante, qui lui servira dans son parcours professionnel et personnel ». Une mécanique en réalité bien connue chez les parents.

Dans une précédente interview, la psychothérapeute française Agathe Fourgnaud expliquait : « Les proches de ceux qui partent vivent l’expatriation ont des réactions confuses. Ils se réjouissent pour eux, tout en étant tristes de les voir s’éloigner ». Aussi parce que les générations antérieures ont une tout autre relation à la mobilité. Autrefois, le voyage n’était pas autant ancré dans les habitudes. Cela laisse des traces et des barrières inconscientes. « Il y a encore la dimension psychologique de la frontière. » Résultat, la notion d’éloignement s’intensifie, et avec celle-ci, l’impuissance en cas de problème.

Mais pas de panique, Barcelone ne se trouve qu’à quelques heures de la France. Même si, n’importe où, n’importe quand, ici ou ailleurs, on n’arrêtera pas les tracas de mamans.

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