Jeunes, Espagnols et angoissés à la fois

Espagnols

Chômage, logement, économies. En Espagne, les jeunes adultes commencent leur vie active avec une panoplie d’angoisses. Passage en revue des principales préoccupations espagnoles et de leurs raisons.

Photo : Clémentine Laurent

En Espagne aussi, les générations Y et Z ont le mal de leur société. Les plus jeunes souffrent des multiples crises et du contexte socio-économique compliqué dans la péninsule ibérique. Dans une étude menée par la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté, le nombre d’angoisses se multiplie auprès des 18-30 ans. Les deux plus importantes ? L’émancipation et le logement.

Aujourd’hui, rester vivre chez ses parents jusqu’à 30 ans et plus, n’est plus tant une affaire de culture. Bien qu’il ne soit pas dans la coutume de quitter le nid familial durant ses études et premières années d’activités professionnels, bon nombre estiment presque ne pas avoir le choix. Ils préfèrent prendre leur mal en patience, faute, aussi, de possibilités. « Économiquement, c’est pratiquement impossible de vivre seul”, témoignait Pau, jeune architecte catalan de 25 ans, dans un précédent article. Avec un loyer moyen estimé à 1 087 € à Barcelone, l’indépendance coûte cher.

Le prix de l’indépendance et du chômage

D’autant que le montant atteint celui du Smic espagnol. Et qu’il faut généralement attendre 35 ans pour gagner le salaire moyen barcelonais établit à 2 000 € nets, contre 1 822 € en Espagne. Mais même avec cette donnée, en Espagne, les chiffres d’Eurostat montrent que les jeunes accordent 51 % de leur salaire à leur logement, soit le pourcentage le plus haut de toute l’Europe. Ainsi, ils préféreront attendre d’être en couple pour s’installer à deux, économiser chez leurs parents, ou en cas d’impossibilité, opter pour la colocation. Dans la capitale catalane, un habitant sur cinq loue une chambre dans une coloc, elle-même concernée par la hausse des prix.

Mais encore faut-il cocher la case « emploi », pour y accéder. Car dans la péninsule ibérique, les jeunes sont les premiers touchés par le chômage. Selon les chiffres 2023 du ministère du Travail, près de 30 % d’entre eux ne possèdent pas de travail. C’est l’un des taux les plus élevés de toute l’Europe, avec l’Italie et le Portugal. Un problème très Méditerranéen, soulève toutefois plusieurs experts interrogés par le média El Independiente, qui participe à un effet domino sur les autres craintes.

L’angoisse des économies et de l’avenir

Parmi elles, on retrouve celle du réchauffement climatique, de bien-être mental, de la sécurité, la stabilité financière et la capacité à économiser de l’argent. Aujourd’hui, comme pour le futur. Dans un sondage de Deloitte sur les générations Z et milléniales, près de la moitié des jeunes Espagnols affirment avoir peur de continuer à vivre sans boucler les fins de mois, ni couvrir l’ensemble de leurs charges. Et encore moins pouvoir se projeter dans d’autres projets.

Il faut dire qu’en Espagne, capitaliser, investir et travailler n’est pas un trio toujours gagnant. Ici, ne serait-ce que pour acheter un appartement, il faut s’accrocher. Seulement la moitié d’un achat immobilier est financée par la banque. Bien souvent, ce sont ceux qui se voient accordés un héritage ou une donation qui peuvent bénéficier d’un crédit pour acquérir un bien. Un obstacle supplémentaire à surmonter dans la jeune vie d’adulte espagnole.

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