Le féminisme exaspère 44% des hommes espagnols

L'edito d'EquinoxÉdito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox

L’Espagne a vécu, sous Franco, une dictature ultraconservatrice durant 40 ans. Au sortir de cette période, le pays s’est ouvert durant la fameuse « Movida » des années 80 et a fini par devenir la nation d’Europe la plus avant-gardiste sur les thèmes sociétaux.

L’Espagne a été l’un des premiers pays à autoriser le mariage homosexuel, à simplifier le changement de sexe et de genre et à développer une ambitieuse politique féministe. De 2018 à 2023, dirigé par Irene Montero, figure de la gauche radicale, le ministère de l’égalité a suivi à la lettre les demandes des associations féministes.

Effet balancier : selon les données du prestigieux Centre de Recherche Espagnol publiées cette semaine, 44% des hommes espagnols pensent que « le féminisme va trop loin ». Une opinion partagée par 32% des femmes espagnoles.

Dans la même direction à la question : « en raison des politiques menées pour l’égalité des genres, sentez-vous que les hommes sont désormais victimes de discrimination », 44% des hommes répondent oui. La moitié des jeunes hommes de 16 à 24 ans affirment qu’il n’y a pas d’inégalités homme-femme en Espagne. Dans cette tranche d’âge de la nouvelle génération, 53,8% déclarent que les femmes ont le même salaire que les hommes à un poste équivalent et 52% estiment qu’il n’y a pas de discrimination envers les femmes au moment de l’embauche. Les politiques féministes, un sujet qui divise mais qui passionne : 77,1 % des Espagnols évoquent ce thème avec leurs amis.

Le féminisme a été porté en Espagne par la gauche de la gauche, notamment par Irene Montero, précédemment évoquée. Un personnage sulfureux, clivant, peu habile pour défendre ses positions. Par ailleurs, la ministre a créé des polémiques malaisantes, comme la phrase prononcée devant la Commission pour l’égalité au parlement  en septembre 2022 : « les enfants ont le droit d’avoir des relations sexuelles avec qui ils veulent ». Des dérapages qui ont provoqué une très forte impopularité de la ministre avec une note de 3,6 sur 10 selon une enquête publiée par le Centre de Recherche Espagnol en septembre 2023 à la fin du mandat de Montero.

Un comportement et une communication désastreuses qui affaiblit la légitime lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes, et qui a braqué une large partie de la population : “La pédagogie, c’est porter en soi et avec soi cette indulgence qui fait fleurir les pensées d’autrui”, affirmait au XVIIIe siècle l’écrivain Joseph Joubert

(L’enquête mentionnée dans cet édito est disponible ici)

 

 

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