Quand le Carnaval de Barcelone était interdit

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L'edito d'EquinoxÉdito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox 

Ce week-end, Barcelone et Sitges vont célébrer le Carnaval. Fête innocente pour les enfants, défouloir pour d’autres, il n’en a pas toujours été ainsi. Durant le précédent régime – sous la dictature franquiste – cette festivité était prohibée. L’origine première du Carnaval, la moquerie envers les institutions politiques et religieuses, a motivé cette décision.

1937, en pleine guerre civile, le gouvernement interdit pour la première fois le Carnaval, par respect pour les soldats qui sont au front. La mesure se voulait exceptionnelle et temporaire ; on ne festoie pas pendant que la nation est en guerre. Les combats terminés, l’interdiction est maintenue. Seule la bourgeoisie a continué les réjouissances avec de discrets bals masqués dans des enceintes privées. Bien loin du caractère populaire du Carnaval.

Il est intéressant de noter que l’aspect de défiance carnavalesque envers l’autorité a toujours été perturbé par les institutions. Si Franco l’a interdit, aujourd’hui, ce sont les conseils municipaux qui bien souvent organisent la fête. D’un extrême à l’autre : comment le Carnaval pourrait-il être encore un acte outrancier si celui-ci est dirigé par une équipe municipale ?

Le Carnaval n’a pas attendu le rétablissement de la démocratie pour revenir sur les terres espagnoles. Au milieu des années 50, le tourisme prit une place importante dans le pays et les vacanciers ont importé l’ambiance du Carnaval au mois de février. Le régime a vu les rentrées d’argents découlant des festivités et a levé les interdictions.

Le tourisme, fréquemment décrié, a toujours joué un rôle modérateur dans la politique nationale. Si Franco a dû céder face aux touristes, certains observateurs ont noté que le projet d’indépendance de la Catalogne dans les années 2010 a échoué partiellement en raison de la touristique Barcelone. Premièrement, perdre l’argent de la manne touristique avec un pays sortant de l’Union européenne était un blasphème pour la plupart des acteurs de la société. Deuxièmement, comment mettre en place un concept identitaire pour se couper de la culture espagnole dans une mégapole où vivent 179 nationalités.

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