« No Callem » fait-il ses preuves contre les agressions sexuelles à Barcelone ?

boîtes de nuit de Barcelone

Le protocole No Callem, réhabilité fin 2022 dans les discothèques de Barcelone, a joué un rôle clé dans l’arrestation et la condamnation de Dani Alves. Cela suffit-il à dire que son efficacité est prouvée ?

Il y a à peine une semaine, Dani Alves, ex-footballeur du Barça, a été condamné à quatre ans et six mois de prison pour le viol d’une jeune femme dans les toilettes de la discothèque Sutton, le 30 décembre 2022. Une condamnation exemplaire pour les victimes d’agressions sexuelles, et dans laquelle le protocole No Callem a joué un rôle clé.

Ce dispositif qui signifie « Nous ne nous taisons pas » a été instauré par la mairie de Barcelone en 2018 dans le but de combattre le harcèlement ainsi que les violences sexistes et sexuelles dans les espaces publics, particulièrement dans les discothèques et lors des festivals. Il prévoit la formation du personnel sur le terrain, avec des instructions détaillées pour la détection de l’agresseur et la prise en charge de la victime. Dans les discothèques, ce sont les managers, serveurs, agents de sécurité et même les DJs qui sont formés.

Des résultats difficiles à analyser

Si Laura Perez, la maire adjointe de Barcelone en charge des droits sociaux et du féminisme, et le parti politique Barcelona en Comú affirment que le protocole No Callem fonctionne, « même lorsque la personne impliquée est quelqu’un comme Dani Alves », évaluer son efficacité de façon objective reste compliqué.

« Malheureusement, nous ne connaissons pas les résultats de l’application du dispositif », indique tout de go à Equinox le collectif Feministes de Catalunya. « La seule chose que nous pouvons référer sont les études annuelles de l’Hospital Clínic sur la violence sexuelle. » Il s’agit de données partielles, étant donné qu’il y a d’autres centres, mais l’Hospital Clínic est la référence dans la prise en charge des agressions sexuelles traitées au service des urgences de Barcelone. « Cela peut être un échantillon significatif », ajoute Feministes de Catalunya.

Selon ces données, 587 cas d’agressions sexuelles ont été traités depuis le début de l’année 2023 jusque fin octobre, soit 5,6% de plus qu’à la même période en 2022. En 2021, la clinique avait recensé 468 agressions sexuelles. Une augmentation de plus de 25% sur deux ans. Une telle hausse peut être imputée à No Callem, réactivé fin 2022 après une pause due à la pandémie. La mairie en a profité pour élargir ces mesures à davantage d’espaces de la ville : 39 espaces au total ont rejoint le protocole.

Selon la docteure Lluïsa Garcia Esteve, présidente de la Commission sur la violence de genre et la santé, « le circuit d’attention à la violence sexuelle dans le domaine de la santé à Barcelone est consolidé. Les soins centralisés permettent d’appliquer un protocole multidisciplinaire et global qui assure la continuité des soins, priorise la santé, permet d’obtenir des données de manière rigoureuse et facilite la procédure pénale », affirme-t-elle. Ici aussi, c’est le No Callem qui entre en jeu.

De son côté, la police relève que ce protocole facilite l’appréhension de l’agresseur, et libère la parole de la victime. Un modèle qu’envient d’autres pays et associations féministes, comme Osez le féminisme, pour protéger davantage les femmes dans l’espace public. Rio s’en est par exemple inspiré pour son célèbre carnaval. Bientôt dans les discothèques de Paris ?

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