L’Espagne confrontée à une fuite des cerveaux

diplôme espagnol

Les Espagnols hautement diplômés sont de plus en plus nombreux à quitter leur patrie pour trouver des contrats de travail plus attractifs. Retour sur ce phénomène d’émigration. 

L’herbe est plus verte ailleurs. Cette expression prend tout son sens pour les hauts diplômés espagnols. Depuis quelques années, les personnes actives hautement qualifiées quittent l’Espagne pour des carrières professionnelles à l’étranger. Par exemple, en 2022, 426.000 professionnels espagnols avaient préféré quitter le pays afin de terminer leur formation à l’étranger ou pour y poursuivre leur carrière, d’après une étude de la Fondation BBVA et de l’Instituto Valenciano de Investigaciones Económicas (IVIE).

Une conjoncture qui a fait l’objet d’une tribune de l’écrivain Antonio Munoz Molina, dans les colonnes dEl Pais. Il évoque une diaspora invisible dans laquelle les jeunes Espagnols sont de plus en plus tentés de finir leurs études en dehors de la péninsule ibérique voire même de vivre ailleurs… au grand dam de la productivité espagnole.

Evolution de carrière à l’étranger

L’écrivain relate, dans sa tribune, le parcours d’un jeune couple d’ingénieurs dans le biomédical. Tous deux savent pertinemment que « pour progresser dans leur carrière, ils devront vivre dans d’autres pays, en Allemagne peut-être, en Autriche, en France, en Suisse », décrit Antonio Munoz Molina. Le schéma classique que dépeint l’écrivain est le suivant : les étudiants poursuivent leurs études à l’étranger pour un master ou un doctorat et ne reviennent jamais pour plusieurs raisons. « Durant ces quelques années, ils profitent de l’exaltation et de la nouveauté de vivre à l’étranger, de découvrir des langues, des villes, des pays, des amitiés, des modes de vie et de travail », analyse Antonio Munoz Molina.

Partir loin a un effet libérateur pour ces jeunes. Les progrès dans la connaissance de la spécialité choisie se font parallèlement à l’éveil personnel, mais au détriment de l’économie espagnole. “Le pays perd un capital humain extrêmement important”, constate l’économiste madrilène Andreu Missé, dans le journal El Pais. 

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Photo : Clémentine Laurent

En quelques chiffres, l’étude de la Fondation BBVA et de l’Instituto Valenciano de Investigaciones Económicas (IVIE) a montré que 56 % de ces émigrés professionnels ont été embauchés par des entreprises européennes et 4,5 % par des entreprises nord-américaines. L’enquête estime également que la valeur du capital humain perdu en 2022 était de 154,8 milliards d’euros, soit 40 % de plus qu’en 2019.

Sur-qualifiés pour les postes espagnols

Pour un professionnel hautement qualifié, quitter l’Espagne est assez facile. En revanche, y revenir pour exercer sa profession avec un master ou un doctorat en poche est beaucoup plus compliqué. L’économiste estime même qu’il est impossible pour ces professionnels ayant évolué à l’étranger de trouver des postes équivalents dans la péninsule ibérique. Les projets de retour s’évaporent “faute d’opportunités” et à cause du clientélisme qui sévit dans le pays, selon l’expert.

Face au manque d’opportunités, ces jeunes confient souvent : « L’Espagne est un bon pays pour vivre, mais pas pour travailler ». Les spécialistes évoquent ainsi une « diaspora invisible » de ces jeunes diplômés voués à s’expatrier pour exercer des fonctions à la hauteur de leurs qualifications.

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