Alcool, fêtes, drogues : comment ne pas se perdre à Barcelone ?

clichés espagnols français

Attirés par le cadre de vie de Barcelone, beaucoup s’y établissent pour étudier et travailler. Mais réputé pour son caractère festif et ses excès en tous genres, le rythme de vie barcelonais peut entraîner de terribles conséquences.

Photos : Soundit Barcelona 

« Barcelone, c’est la ville des tentations qui cumule toutes celles possibles et imaginables qu’on puisse trouver dans le monde entier ». Le Docteur Philippe Emanuely, médecin conseil du consulat de France, se veut prévenant. Il constate simplement une réalité : dans la cité catalane, faire la fête tous les jours est possible. Drogues, fêtes, alcool, sexe… sans modération ni contrôle, ces « loisirs » peuvent devenir un enfer dont il est extrêmement compliqué de s’extirper.

En témoigne le parcours de Raül Balam Ruscalleda, chef cuisinier et auteur du livre Enganchado, sorti en janvier 2023, qui raconte son chemin de croix. Celui qui se présente comme le fils de l’une des meilleures cuisinières du monde a goûté à « toutes les drogues qui existent ». Aujourd’hui, il dirige trois restaurants et n’a plus rien touché depuis 11 ans.

Il faut dire qu’à Barcelone, les drogues sont présentes dans une tranche très large de la population, de « 15 à 60 ans », avance le médecin français. « On voit arriver à Barcelone toutes les nouvelles qui ne sont pas encore distribuées ailleurs et donc on a accès à des drogues de types MDMA, qui peuvent entraîner dès la première prise des effets indésirables, incontrôlables », précise-t-il. Le professionnel de santé alerte de sa présence notamment auprès des jeunes, « dans les établissements scolaires, à la sortie des cours, avec les copains et lors des soirées ».

De plus, « la qualité des drogues proposées à Barcelone est relativement haute, relève-t-il.  Ce qui va entraîner des risques de dépendance beaucoup plus rapides et beaucoup plus dangereux ». Cela concerne également « l’herbe qui peut être coupée avec des produits addictifs ».

« Un schéma assez fréquent »

Psychothérapeute dans la cité catalane, Agathe Fourgnaud souligne que « certains côtoient ces excès sans toutefois tomber dans la dépendance ». Elle relève que « beaucoup de jeunes adultes, des trentenaires qui ont des bons revenus » sont concernés. Ces « drogues sont souvent associées à l’alcool », poursuit celle dont le travail consiste à venir en aide aux personnes qui ne se sentent pas bien. « On sort, on boit quelques verres puis en boite, on consomme sa pastille d’ecstasy ou de MDMA. C’est un schéma relativement fréquent ».

Mais une fois les addictions établies, il est très difficile d’en sortir. « Ce qu’il faut savoir c’est qu’à partir du moment oú l’addiction installée de façon importante, il n’y a pas de solution miracle et souvent l’entourage est en difficulté pour aider ses proches », martèle le docteur Emanuely qui recommande aux parents « de faire des dépistages automatiques de leur enfant pour ne pas louper leur premier contact avec la drogue, car tout se joue au début ».

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La volonté de s’en sortir est une épreuve et, la plupart du temps, émane d’une démarche de la personne concernée. « Souvent la volonté pour commencer un traitement est liée à un accident. Soit parce qu’il y a un délit, un accident médical, une menace de divorce ou d’exclusion d’un établissement scolaire » détaille le médecin Emanuely. « C’est très dur d’emmener quelqu’un vers le traitement car le propre de la drogue est de vous mettre dans un monde faussement idéal, avance-t-il. C’est très difficile de sortir de cette bulle car elle vous plait ».

Il est donc fortement recommandé de se faire aider : d’aller voir un médecin, un psychiatre ou un spécialiste pour des problèmes de santé mentale. « C’est toujours bien d’avoir un accompagnement thérapeutique par la parole, une consommation même modérée n’est pas sans conséquences, il faut pouvoir en parler librement en consultation », conseille Agathe Fourgnaud.

Au prix d’efforts et d’une volonté pour laquelle il lutte toujours aujourd’hui, Raül parvient à faire face à ses addictions. Même si pour lui, « idéalement, il aurait été préférable de ne jamais consommer aucune substance, ni d’alcool, ainsi ma maladie ne se serait pas éveillée. Mais elle (la maladie) a toujours été là. Il faut rester les pieds sur terre », conclut-il.

Un numéro vert (linea verde 900 900 540) est également disponible pour ceux qui recherchent de l’aide.

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