Très en vogue depuis le confinement, le yoga a investi les métropoles du monde entier, et Barcelone n’est pas en reste. Mais comment la cité comtale est-elle devenue un des épicentres de la pratique ? Enquête.
Il suffit de se promener au parc de la Ciutadella pour le constater : le yoga est ici une véritable institution. Sur les groupes Facebook d’expatriés français, les offres de cours pleuvent également, se succédant mais ne se ressemblant pas. Et si on a du mal à estimer le nombre de pratiquants à Barcelone, il faut bien se rendre à l’évidence, la discipline est devenue hyper populaire et l’offre pléthorique. En cause, le cadre idéal et ensoleillé, un accès facile à des cours souvent peu chers et l’ambiance particulière de Barcelone, qui pousse à prendre soin de soi plus que dans n’importe quelle autre ville.
« En France, on perçoit encore ceux qui pratiquent le yoga comme des hippies, alors qu’ici pas du tout »
« J’ai commencé parce que le cadre du bord de la mer me plaisait plus que les séances de « sport » habituelles », nous explique Marie-France, 25 ans. Comme des centaines d’autres français, la parisienne a attendu d’arriver ici pour se découvrir cette passion, qu’elle pratique de manière hebdomadaire. C’est aussi le cas de Bastien, 33 ans, encouragé dans cette voie par une amie professeure de yoga. Il évoque également le côté social de la pratique, permettant de créer du lien lorsque l’on est nouveau dans une ville. « Vouloir tester de nouvelles choses comme le yoga fait partie de l’expérience à l’étranger pour socialiser », renchérit Marie-France.
Photo : Orianne de @cuartocreciente_yoga
Pratique sociale, entre spiritualité et sport, le yoga est ainsi devenu une activité à la mode, rassembleuse et presque glamour, explique Orianne, professeure de yoga basée à Horta :
« Barcelone est une ville à la mode, et elle les crée autant qu’elle les suit. Mais ce qui fait que c’est aussi populaire c’est qu’il y a une vraie ouverture d’esprit : en France, on perçoit encore ceux qui pratiquent le yoga comme des hippies, alors qu’ici pas du tout ».
La cité comtale est en effet réputée pour être à la croisée de différents mondes, autant géographiquement que culturellement. Elle est donc un lieu d’accueil propice à une discipline hybride mélangeant philosophie de vie orientale et pratique sportive à l’occidentale.
Le yoga, un business comme un autre
Importé de l’Orient où il existe depuis des milliers d’années, le yoga tel qu’on le connaît en Europe s’est beaucoup occidentalisé, jusqu’à devenir une discipline à part. À la base très liée à la spiritualité – et quelques centres de la cité comtale gardent cet esprit – la pratique est dans certains cas devenue uniquement liée à l’esthétique, témoigne Bastien :
« Je trouve que Barcelone est une ville bien-être mais aussi une ville du sud, où l’apparence est importante. Ces deux caractéristiques jouent sur l’activité physique dans son ensemble. Et il y a le côté instagrammable du yoga ».
Résultat, des centres de yoga ont fleuri par centaines, jusqu’à ne plus savoir où s’inscrire, raconte Orianne, qui a installé son studio à Horta par crainte de la concurrence dans l’épicentre de la ville. En effet, le yoga reste un business comme un autre, qui s’est implanté dans une capitale économique à l’instar de n’importe quel autre marché. Rien qu’en 2023, la discipline a engrangé en Espagne un peu plus de 40 millions d’euros, selon l’institut de sondage américain Allied Market Research. Dans les prochaines années, on estime que le marché va croître à vitesse grand V pour atteindre une valeur de 62 millions d’euros en 2032. Une preuve que l’histoire d’amour entre la cité comtale et le yoga n’est pas près de s’arrêter.
