Des milliers de personnes ont manifesté hier contre le surtourisme à Barcelone. Face à la hausse croissante du nombre de visiteurs en Catalogne, des spécialistes appellent à tendre vers un modèle touristique plus responsable.
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« À Barcelone, il est temps de réduire l’afflux touristique à la ville. Les conflits provoqués par le tourisme n’ont rien à voir avec la gestion, mais le volume », déclare Daniel Pardo, membre de l’Assemblée des quartiers pour le déclin du tourisme. Alors que l’Espagne a battu son record de touristes en 2023, le nombre de visiteurs ne cesse de croître.
Organisée par une centaine d’organisations sociales et d’écologistes, une manifestation s’est tenue à Barcelone ce samedi 6 juillet pour dénoncer les excès du tourisme en Catalogne, sous le slogan « Ça suffit, mettons des limites ». « Ce n’est pas le moment de créer, mais de reconvertir le tourisme », estime Jordi Clos, président du Gremi d’Hôtels de Barcelone, dans une interview pour Nació Digital.
Selon Marian Muro, directeur de l‘association d’appartements touristiques de Barcelone, les solutions résideraient dans l’amélioration des communications et des transports publics. « Il faut valoriser les activités et les ressources des zones non connectées et faciliter l’accès aux services pour que le tourisme soit réparti et décentralisé sur l’ensemble du territoire », assure-t-il.
Dès lors, l’idée serait de viser un modèle de tourisme plus « responsable, juste et équilibré ». « Nous devons répartir des impacts territoriaux plus importants, réduire les externalités négatives du tourisme (énergie, eau, marché du football), améliorer une plus grande répartition temporelle, mais aussi établir des frontières touristiques qui restent compatibles avec les deux modèles », confirme José Donaire, chercheur à l’Institut de Recherche de Gérone. Un avis appuyé par Miquel Gotanegra, président de la commission du tourisme : « Nous devons passer à une gestion du tourisme de manière durable, et ce, le plus rapidement possible ».
Une meilleure répartition des activités minimiserait alors l’impact environnemental et diversifierait l’offre touristique afin d’alléger la pression sur les zones sur fréquentées.
« Nous devons aller plus loin »
Si le surtourisme engendre grands nombres de conflits, ce dernier génère des profits non négligeables. « Dans certaines destinations urbaines, la présence des visiteurs est constante. Toutefois, la richesse générée est très importante », souligne Marian Muro, directeur de l‘association d’appartements touristiques de Barcelone.
En effet, la Catalogne continue de maintenir sa deuxième place de destination de vacances de la péninsule ibérique. En février dernier, 21 % des voyageurs étrangers ont débarqué sur le territoire. Durant cette période, les touristes ont dépensé 198 euros quotidiennement. « Nous devons aller plus loin et nous projeter comme une destination de référence en matière de tourisme durable. En Catalogne, nous avons tout pour devenir un modèle de réussite », conclut Miquel Gotanegra, président de la commission du tourisme.