Le gouvernement espagnol accélère la régularisation de 500 000 sans papiers

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Après un an d’attente, l’Initiative Législative Populaire qui réclamait la régularisation d’un demi-million de personnes en situation irrégulière en Espagne pourrait bientôt être examinée au parlement espagnol. 

Photo : Cyane Morel

Le texte, portée par plus de 700 000 citoyens et 900 associations, avait été accepté pour examen en avril 2024 avec le soutien de tous les partis sauf l’extrême droite de Vox, avant de sombrer dans l’immobilisme. En relançant cette semaine les discussions, le parti socialiste espagnol (PSOE) ouvre la voie à une négociation parlementaire sur les amendements, sous la pression croissante de ses partenaires de coalition. La gauche radicale de Sumar et Podemos réclame une réforme plus large, qui bénéficierait à davantage de personnes et s’appliquerait sur une durée plus longue.

Le gouvernement propose pour l’instant un “régime transitoire, exceptionnel et limité dans le temps”, destiné aux migrants présents en Espagne avant le 31 décembre 2024. Le flou persiste encore sur les critères d’éligibilité : antécédents judiciaires, vulnérabilité, preuve de séjour, emploi. Des éléments qui devront être précisés dans un décret attendu dans un délai de six mois. Un délai jugé trop long par Sumar, qui réclame une mise en œuvre sous deux mois.

Pour les défenseurs du texte, le précédent de Valence, où 27 000 migrants ont été régularisés en quelques semaines après les inondations, montre qu’un traitement rapide est possible. Un certificat de domicile et un extrait de casier judiciaire avaient alors suffi.

Une ambition sociale et économique

Pour le gouvernement, il s’agit à la fois de répondre à une urgence sociale, mais aussi à un besoin de main-d’œuvre réclamé par les entreprises. Un peu plus de 40 % des nouveaux travailleurs en Espagne sont des immigrés selon une étude du think tank Funcas, et la lenteur de la régularisation pénalise la croissance de certains secteurs en mal de travailleurs, notamment la construction, de la restauration et de l’agriculture.

A contre-courant de l’Europe, le premier ministre Pedro Sánchez espère bien mener à bien cette régularisation historique avant la fin de l’année. Sur sa gauche, Sumar et Podemos poussent pour élargir le dispositif, tandis que sur sa droite, le Parti Populaire (PP) réclame davantage de restrictions, comme l’absence de tout antécédent pénal et l’obligation de travailler.  L’exécutif espère finaliser un texte de compromis dans les prochaines semaines, pour un vote au parlement avant l’été et une mise en application fin 2025.

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