Pourquoi Barcelone sent si mauvais en été

L’été à Barcelone, les effluves de crème solaire ne suffisent pas à masquer une réalité olfactive bien moins agréable. Égouts, déchets, pots d’échappement : un cocktail tenace monte des rues, surtout à mesure que la chaleur grimpe.

Photo : Anaëlle Petot

Une Barcelone propre et sans odeurs. Ce serait l’idéal pour les habitants qui placent la saleté de leur ville dans le top 5 de leurs inquiétudes selon une enquête de la mairie publiée le mois dernier. Et avec cela, s’accompagnent, ponctuellement et davantage lorsqu’il fait chaud, de mauvais relents.

De fait, une plainte sur trois reçue par la municipalité concerne les odeurs. La pollution olfactive attendrait les 25% à Barcelone, contre une moyenne de 13% à 20% en Europe. Une situation dénoncée par tous les moyens dans la capitale catalane. Car au-delà d’être une question de confort, ces odeurs provoquent de vrais soucis de santé. Selon l’OMS, une senteur entêtante peut indiquer une pollution de l’air ou de l’eau à proximité et induire des maux de tête, des nausées, de l’insomnie, des vomissements ou des troubles respiratoires.

Selon l’application Odour Collect, Barcelone recense plus de 2500 senteurs, bonnes et mauvaises confondues. Bien que le nez soit propre à chacun, ceux qui les signalent, les qualifient souvent de nauséabondes. Urine, égouts, œufs pourris, cannabis, animaux, boues, nourritures, pour ne citer que quelques exemples. Autant de parfums, généralement localisés vers Diagonal Mar et le Forúm, qui correspondent aux concentrations de puanteurs dans la cité comtale.

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« Ici, comme dans toutes les grandes villes, la pollution olfactive vient avant tout de la circulation, des égouts et des poubelles », affirme Maïlys Fredericq, consultante en gestion des odeurs pour l’entreprise Odournet et résidente à Barcelone. Sans grande surprise, la pollution tient sa part du gâteau. Les déchets, encore trop fréquemment jetés par terre, aussi. Mais l’odeur des égouts reste celle qui, dans certaines zones proches de la mer, surplombe le plus la ville.

Plus de chaleur, plus d’odeurs

Par leur configuration, les quartiers situés en bas de la cité catalane, tels que Poblenou, Diagonal Mar et la Barceloneta, se montrent particulièrement affectés. Au cours des trois dernières années, la ville a alors investi dans des infrastructures plus adaptées aux canicules plus intenses et plus fréquentes qu’au siècle dernier.

L’avenue Diagonal ou encore la rue Marià Aguiló à Poblenou ont été refaites pour permettre un meilleur drainage de l’eau entre le Passeig de Sant Joan et Girona, un secteur qui était très touché, notamment sur la carrer d’Aragó qui comptabilisait, en 2017, 90 % des mauvaises odeurs d’égouts. « De cette façon, l’eau arrive plus facilement dans les parties basses de Barcelone, et cela évite les inondations », explique un porte-parole de la mairie. Peu à peu, Barcelone revoit alors ses tuyauteries en séparant aussi les eaux issues des sanitaires et les eaux de pluies.

Mais il existe aussi une autre explication, selon le professeur en chimie et technologie de l’environnement Raúl Muñoz, interrogé par Equinox : les stations d’épuration. Elles sont trop proches des quartiers résidentiels, assure-t-il. Il suffit alors d’une mauvaise brise pour que circulent les mauvaises odeurs dans les quartiers. Le tout, ajouté à la nourriture. L’univers de la restauration, surtout dans les zones touristiques telles que la Rambla et la Sagrada Familia, allonge la liste de ce qui, parfois, empeste la ville.

Face à ce problème, la province de Barcelone a proposé l’été dernier un texte prévoyant des amendes pouvant aller jusqu’à 3000 euros pour mauvaises odeurs. Une idée restée lettre morte puisqu’elle n’a encore convaincu aucune mairie.

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