Femmes, éboueuses à Barcelone et fières de l’être

éboueuses à barcelone

Elles sont celles qui nettoient tous les matins les rues de Barcelone. Celles qui bravent le froid ou le chaud au quotidien, pour rendre la ville plus propre. Vanessa et Evelin sont éboueuses dans le Raval, et fières de l’être. Rencontre.

En couverture, Evelin pendant sa journée de travail. Photo : Maréva Laville

« Moi j’adore mon travail, vraiment ! » Les visages de Vanessa, 45 ans, et Evelin, 33 ans, s’illuminent quand elles parlent de leur métier. Ce sont elles qui, tous les jours, nettoient les rues du Raval, à Barcelone.

Chaque matin, elles enfilent leur uniforme vert et jaune, floqué « Mairie de Barcelone », et mettent leurs baskets grises pour aller ramasser les poubelles. L’une comme l’autre, avant de partir au boulot, soulignent leur regard d’un trait d’eye-liner. « Certains nous disent qu’on ne devrait pas se maquiller pour ramasser des poubelles. Mais nous deux, en tout cas, on s’apprête toujours pour aller travailler. » Fières d’être féminines et éboueuses.

Dans le quartier de Ciutat Vella, des 90 agents d’entretien, elles sont presque la moitié à porter le genre féminin. Dans toute la ville, les femmes représentent 27 % des 4 400 salariés du service propreté. Elles ont intégré les effectifs à la fin des années 80. Alors que de l’autre côté de la frontière, en France, la profession est encore très masculine. Avec souvent, une étiquette de travail ingrat, largement désapprouvée par Vanessa et Evelin.

Les rues plus sales dans le Raval

« On aime notre travail. Il est gratifiant, même s’il est dur. » Car les éboueuses du Raval voient de tout. Des excréments humains, des déchets étalés devant elles, des poubelles jetées depuis les fenêtres, des botellones. A Ciutat Vella, particulièrement, les incivilités font partie du quotidien. « Il y a des gens qui reconnaissent notre travail et le valorisent beaucoup. Et d’autres que l’on gêne à cause de l’eau par exemple », explique Evelin. Pourtant, la propreté est décriée par 11,5 % des habitants, selon le dernier baromètre semestriel de Barcelone. La mairie a donc renforcé sa politique de nettoyage.

Mais selon Vanessa et Evelin, les rues ont toujours été sales. « Même si c’est vrai, peut-être un peu plus récemment. Cela dépend de la zone. Ici, dans le Raval, à cause du tourisme, elles sont sales. Aussi parce que les gens qui vivent ici n’ont pas la même culture de la propreté que nous », estiment les deux femmes. Sans pour autant s’agacer de l’insécurité et du nombre d’étrangers. Alors même que les regroupements de personnes buvant de l’alcool dans les rues ne s’arrêtent pas. « Quand on prend à 7 h du matin, c’est encore la nuit. Et parfois, on est obligées d’appeler la police car c’est dangereux. »

Maréva LavilleVanessa est aux commandes du camion de nettoyage.

« Cela nous donne une image de femme forte »

Malgré tout, Vanesse et Evelin continuent. « Bien sûr ! On est fières de ce qu’on fait ! Cela nous donne une image de femme forte. Au final, c’est grâce à nous que les rues restent propres », affirme Evelin en saluant ses collègues, un balai à la main. Sa coéquipière Vanessa, au volant des camions de nettoyage urbain, acquiesce. Depuis 22 ans, elle travaille de 7 h à 14 h pour faire de capitale de la Catalogne, une ville propre.  » Moi, je suis très contente de faire ce job. Il n’y a pas de routine. On travaille dehors, sans chef tout le temps derrière nous. »

Et en récompense ? 1200 € de salaire minimum, sans primes ou suppléments liés au permis de conduire par exemple. Soit au moins 150 € de plus que le Smic espagnol. Une très bonne rémunération, selon Evelin et Vanessa. Un moindre mal dirait certains. Mais elles deux ne considèrent pas leur job comme purement alimentaire. Elles sont femmes, éboueuses à Barcelone et fières de l’être.

A lire aussi : L’insécurité et la propreté, principaux problèmes de Barcelonais

Recommandé pour vous

medecin français à Barcelone