Photos: Josep Miron
Tous les mois, la librairie française Jaimes nous recommande les dernières nouveautés, sous la plume du libraire Christian Vigne.
Âmes sensibles passez votre chemin, retirez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Car les crimes commis ici-bas perturberont le sommeil des justes.
Constatez par exemple, si vous êtes toujours là, que les crimes commis par l’Empailleur dans cette communauté dans les années 70 sont de la gnognotte comparés à ce qui attend la jeune Audrey Grimaud dix années plus tard. Pour commencer elle n’aurait pas dû revenir dans cette petite ville où elle passait ses vacances chez pépé et mémé, des Purs, pas du genre qui se mélange au monde contemporain, des contemplatifs, des bien sectaires en somme. Et puis cette habitude des journalistes de chercher partout, de trouver des causes, d’enquêter, ça peut apporter rien de bien bon. Or, elle est journaliste notre Audrey, c’est dans le sang qu’elle a cette manie de fouiller. Dire que ce qu’elle trouve n’est pas bien beau à voir est un euphémisme et puis ce va-et-vient permanent entre l’enfance et l’âge adulte, un vrai tournis d’angoisse.
LE HAMEAU DES PURS. Sonja DELZONGLE. Éd Folio
Guy et Chantal ? Des gens sans histoire, nos voisins. On a fini par devenir amis. Ce sont vraiment des gens bien, sensibles, délicats. Oui, m’enfin quand le GIGN a débarqué chez eux pour les embarquer et qu’on a eu la liste des victimes, évidemment on s’est demandés si on ne devrait pas changer un poil d’avis. On dira ce qu’on voudra meurtre et viol rapprochés de la tête du voisin copain ça fait un choc. Et puis, en y repensant bien, tout ce qu’on a partagé, le sel qui manquait, les outils pour le bricolage… pour le bricolage, pas si sûr, quant à la scie, bon Dieu, la scie… Tiffany Tavernier nous entraîne dans le doute le plus total dans un étrange processus d’assimilation car, au fond, les amis ce sont nous-mêmes… un peu.
L’AMI. Tiffany TAVERNIER. Éd. Sabine WESPIESER
Jean-Philippe TOUSSAINT consacre 44 pages à LA DISPARITION DU PAYSAGE. Jean Echenoz en son temps avait publié l’Occupation des sols, un petit chef d’œuvre descriptif dans une langue parfaite, vous savez de celle où rien n’est à ôter non plus qu’à ajouter. Pas de suspens dans la disparition du paysage. Un homme entre en clinique après avoir été victime d’un attentat. Il regarde par la fenêtre depuis son fauteuil roulant, la fenêtre est son seul horizon. Peu à peu, des travaux commencés en face bouchent ce fameux paysage jusqu’à le faire disparaître. Voilà un concentré de perfection littéraire, un bonheur parfait de lecteur.
Ce mois-ci à la librairie française de Barcelone :
Nadège animera chez Jaimes, un club de lecture autour du Hameau des purs le 25 mars à 19 heures.