Les touristes de Barcelone : ras-le-bol d’être stigmatisés

medecin français à Barcelone

Affiches anti-bruit, manifestations, blocages de bus touristiques, depuis quelques mois la tension monte entre riverains et touristes. Mais qu’en pensent les principaux concernés ? Rencontre avec les visiteurs français venus à Barcelone.

Photos : Anaëlle Petot

Ce conflit entre touristes et locaux existe depuis de très nombreuses années à Barcelone, mais cette fois-ci la tension est déjà à son apogée alors que la saison estivale ne fait que débuter. Si ce mardi, un accord entre la mairie et le secteur des guides touristiques a été trouvé pour limiter les groupes à 15 personnes à la Ciutat Vella et à 30 dans le reste de la ville, le problème reste encore bel et bien présent.

P1010379 scaledArthur, Enzo et Théophile, tous les trois en short de bain, claquettes aux pieds et serviette sur l’épaule, ont spécialement choisi Barcelone pour sa réputation de la fête. “C’est la ville qui nous est venue à l’esprit en premier” pour fêter la fin de leur année scolaire en école de commerce. Alors les Lyonnais ne comprennent pas les revendications des riverains.“C’est une ville connue pour faire la fête et s’amuser, les habitants le savent très bien. À partir de ce moment-là, il faut l’accepter c’est tout”. Les trois jeunes hommes n’hésitent pas à rejeter la faute sur l’image de la ville, “ce n’est pas de notre faute si la ville est reconnue pour ça et a cette réputation. Nous on veut juste s’amuser” affirme l’un d’eux en haussant les épaules.

Ce sentiment d’incompréhension est partagé par Yoris, 21 ans et originaire de la banlieue parisienne, venu à Barcelone avec des amis. “Il faut savoir ce qu’ils veulent, ça ne les dérange pas quand on dépense dans les restos, les bars et tout, mais en même temps on a pas le droit de s’amuser ?”, interroge le jeune homme tout en cherchant un bar à chicha.

touristes barceloneIl n’est pas le seul à relever ce que le tourisme apporte de positif à la ville. Sandrine, venue avec son mari et sa fille, affirme que les habitants « s’en plaignent beaucoup mais en même temps vivent de ça et ne peuvent pas vraiment s’en passer”. À Barcelone, le tourisme représente environ 9% du PIB et 12% des emplois.

Pour Yoris, la faute revient essentiellement aux établissements de nuit. Selon lui, si la tranquillité des habitants dépend des boîtes et des bars et que les riverains s’en plaignent, la ville devrait alors tous les fermer. “À Paris, on se plaint pas quand des touristes viennent voir la Tour Eiffel, on le sait c’est comme ça”, affirme le garçon du haut de son mètre 90.

Les Barcelonais, invisibles aux yeux des touristes

Julien, quant à lui, est venu avec ses trois collègues depuis Amiens pour le week-end et a logé dans un hôtel du quartier gòtic. Interrogé sur la tension de certains Barcelonais envers les touristes, le brun d’une trentaine d’années répond qu’il n’a pas fait attention. “On était surtout entre touristes, donc finalement on a pas trop vu les locaux”, assure-t-il.

Pour de nombreux touristes, Barcelone n’est qu’un grand parc d’attractions, où ne vivent que des visiteurs de passage, et pas vraiment de riverains. Leur ignorance des problèmes causés par le tourisme sur les Barcelonais montre un total désintérêt pour la situation locale. touristes barcelonetaMais certains, comme Sandrine, comprennent totalement le désarroi des habitants. “Oui, il y a des touristes qui viennent tout salir et qui ne respectent rien”, affirme la franco-espagnole venue rendre visite à sa famille installée en Catalogne. Mais pour elle, “Barcelone n’est pas la seule ville à vivre ça, c’est partout pareil dans les endroits touristiques”. Elle reconnait toutefois que la petite taille de la ville joue un rôle non négligeable et que “peut-être que ça se ressent plus” pour les personnes qui y vivent.

Avec 12 millions de visiteurs par an, avant la pandémie, pour 1,3 million d’habitants, Barcelone craint une nouvelle invasion cette année. Une situation qui risque de s’envenimer, avec des riverains encore plus remontés et des touristes bien décidés à s’amuser après deux ans de privations.

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