Le député des Français d’Espagne, Portugal, Monaco et Andorre vient d’être déclaré inéligible par le Conseil constitutionnel. Une nouvelle élection sera organisée à l’automne.
Photo : CL/Equinox
Stéphane Vojetta fait partie des trois députés français déclarés aujourd’hui inéligibles après le rejet de leurs comptes de campagne. Les deux autres sont Jean Laussuc (EPR, groupe macroniste de l’assemblée) et Brigitte Barèges (UDR, parti d’Eric Ciotti allié au RN). Ils doivent tous quitter leur siège et leur élection est annulée.
« Une douche froide », pour Stéphane Vojetta, contacté par Equinox. Le Conseil constitutionnel lui reproche d’avoir réglé de manière irrégulière une part importante des dépenses engagées durant sa campagne, en particulier des frais de transport. Concrètement, d’avoir payé ces frais avec son compte personnel et non son compte de campagne. « La banque postale a mis cinq semaines à m’ouvrir le compte de campagne, et pour parcourir une circonscription de l’étranger, il fallait bien payer les frais de transports, Repsol ou Iberia n’allaient pas me faire crédit, je n’avais pas le choix », se défend-il.
Pour lui et pour son avocat, le signalement de la commission électorale n’aurait pas dû être relevé par le Conseil constitutionnel, compte-tenu des multiples preuves de sa bonne foi. « On ne m’a pas donné les moyens de respecter la loi, et en droit, on dit aussi qu’à l’impossible nul n’est tenu ». L’homme politique, qui n’a rien perdu de sa combativité, évoque alors sa trajectoire, « qui n’a pas plu à tout le monde à Paris ».
Retour en 2027
Car si l’indépendance du Conseil constitutionnel ne fait aucun doute, il n’en est pas moins vrai que Stéphane Vojetta a beaucoup clivé depuis son arrivée au Palais Bourbon en 2021. D’abord suppléant de la parlementaire Samantha Cazebonne, il est devenu député lorsque cette dernière a préféré être sénatrice. La relation entre les deux élus était depuis lors très fraiche. Surtout que l’ancienne proviseure du Lycée Français de Palma de Majorque avait jeté son dévolu sur Manuel Valls et sa candidature en 2022. Tout comme les têtes pensantes de la Macronie, qui voyaient dans l’ancien Premier ministre un poids lourd face au sortant Vojetta.
Apparemment, la force de gravité n’est pas la même en dehors de l’Hexagone et Valls s’est fait balayer au premier tour par Vojetta, dans une campagne médiatique particuliérement douloureuse et humiliante pour l’actuel ministre des Outre-mer. Les chapeaux à plumes de la Macronie ont dû alors composer avec le parlementaire qui a refusé de s’affilier à un parti et siégeait en apparenté, en mode franc-tireur, au sein du groupe Renaissance de Gabriel Attal. Une position qui a permis au Madrilène de mener ses combats sur la réforme des retraites et sur la loi Influenceurs sans tutelle. Ses prises de position ont rarement généré du consensus dans les cénacles parisiens, entre deux clashs avec Insoumis et utilisateurs de X (anciennement Twitter). « Je me suis fais beaucoup d’ennemis, certains doivent se réjouir que je ne sois plus député », glisse-t-il.
Inéligible pendant un an, Stéphane Vojetta ne pourra pas se présenter à l’élection qui se tiendra en septembre ou octobre sur la 5e circonscription des Français de l’étranger. Mais il l’assure : il sera bien là en 2027. « On ne va pas se débarrasser de moi comme ça, je ne lâcherai rien ».