L’indépendantisme revient au sein du monde des affaires

Le gouvernement indépendantiste catalan revient en force dans le monde des affaires catalan après le traumatisme d’octobre 2017.

Multinationales, grandes entreprises, syndicats de patrons, chambre de commerces : le gouvernement catalan a vu son monde économique s’écrouler lors du mois d’octobre 2017 qui s’est achevé par une déclaration unilatérale d’indépendance.

Encouragées par le gouvernement central de Mariano Rajoy et la Maison Royale d’Espagne, des milliers d’entreprises ont retiré leurs sièges sociaux de Catalogne pour les installer dans diverses régions d’Espagne. Un flux ininterrompu durant tout le mois d’octobre que n’ont pu faire cesser le président de l’époque Carles Puigdemont, ni le ministre de l’Économie catalan Oriol Junqueras.

Depuis, l’indépendantisme catalan est victime de cette image de « briseur d’économie ». Pourtant, il n’en fut pas toujours ainsi. Le parti souverainiste historique Convergencia qui a donné trois présidents à la Catalogne (Jordi Pujol, Artur Mas et Carles Puigdemont) est d’essence business-friendly. Amateur de marchés publics et autres avantages qu’offrent le pouvoir, le secteur entrepreneurial catalan fut très en phase avec Convergencia et ses plus de 40 années de plein-pouvoir au sein du gouvernement de la Generalitat. Un flirt économique qui a entraîné des liaisons dangereuses au parfum de corruption.

La mutation indépendantiste du parti Convergencia s’est traduite par l’arrivée au pouvoir de Carles Puigdemont. La priorité du président n’était plus alors la relation avec les entreprises mais la route vers la République catalane. Conservateurs par nature, les institutions bancaires et les secteurs marchands ont laissé le président catalan à son propre destin. « Bon vent » répondaient ironiquement les secteurs les plus indépendantistes à l’hémorragie de départs des sièges sociaux.

Come-back

2019, les héritiers de Convergencia sont encore au pouvoir et entendent bien tirer leur carte dans le grand Monopoly barcelonais. La porte-parole du gouvernement, Elsa Artadi, diplômée en économie à l’université d’Harvard tisse tranquillement son nouveau réseau influent dans les milieux financiers.

Le premier objectif était la reconquête de la gestion du palais des expositions « la Fira de Barcelona« . Le président sortant, José Luis Bonet, fut un cauchemar pour le gouvernement Puidgdemont. Bonet, patron de la célèbre marque de cava Freixenet, est une des bêtes noires de l’indépendantisme. Militant assidu de l’unité de l’Espagne, la famille Bonet entretient des relations conflictuelles avec les milieux indépendantistes depuis des années et a même dû subir un boycott de sa marque de cava.

Consortium entre la Generalitat et la mairie de Barcelone, Elsa Artadi a su profiter des faiblesses d’Ada Colau dans le monde des affaires pour réussir à placer à la présidence de la Fira Pau Relat le 1er décembre dernier. L’ancien chef du syndicat des entreprises indépendantistes FemCat est l’anti-thèse de son prédécesseur et devient un des symboles du retour de l’indépendantisme dans le jeu économique.

La ministre Elsa Artadi ambitionne maintenant de prendre le contrôle de la puissante Chambre du commerce barcelonaise présidée par Miquel Valls. Le septuagénaire habitué des cercles de pouvoir est à la tête de l’institution depuis 2001. Valls, plutôt consensuel, n’a cependant pas soutenu le processus indépendantiste lors du climax de 2017. Artadi a un candidat en tête : Enric Crous, directeur de la marque de boisson Cacaolat. La bataille pour la présidence de la chambre du commerce sera vive : le banquier Carles Tusquets est aussi en lisse. Cependant Crous est bel et bien le candidat de l’indépendantisme soutenu par le gouvernement, le syndicat FemCat et l’association séparatiste ANC.

Enfin, le gouvernement indépendantiste retrouve ses entrées au sein du syndicat des patrons Foment del Treball. L’institution jusque là était dirigée par Gay de Montellà, ombre catalane du président conservateur Mariano Rajoy. L’arrivée d’un homme plus consensuel à la tête du syndicat, Josep Sánchez Llibre, offre de meilleures perspectives de collaboration pour la Generalitat.

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