A quelques semaines du Mobile World Congress, Barcelone perd Uber et Cabify

Faut-il protéger les secteurs historiques des entreprises innovantes? Le progrès technologique est-il incompatible avec le progrès social? La décision du gouvernement catalan de céder aux revendications des chauffeurs de taxi face à Uber et Cabify suscite de nombreuses interrogations.

Ce mardi 29 janvier, le gouvernement catalan a approuvé le décret obligeant les entreprises de VTC à respecter 15 minutes de délai entre la réservation et la prise en charge, et la possibilité pour l’Aire Métropolitaine de Barcelone (AMB) d’augmenter ce délai à 60 minutes. L’AMB a déjà annoncé qu’elle appliquerait ce délai d’une heure.

Le décret obtenu suite à la grève des chauffeurs de taxis propose des conditions intenables pour les entreprises de VTC, qui ont annoncé que leur viabilité était désormais menacée et qu’elles devraient quitter Barcelone. Quatre semaines donc avant la grand-messe mondiale de la technologie : le Mobile World Congress.

Move et Vector, les deux plus grandes entreprises de VTC à Barcelone, la première opérant pour Cabify et l’autre pour Uber, ont annoncé qu’elles préparaient des plans sociaux pour licencier leurs conducteurs. Barcelone, ville du Mobile, ville des startups et depuis quelques semaines hub européen pour les voitures connectées, peut-elle se permettre de faire partir deux marques aussi emblématiques? Les nombreux professionnels qui viendront du monde entier pour assister au Mobile World Congress se retrouveront-ils obligés de prendre un taxi, sans aucune autre alternative, comme dans les plus petites villes d’Europe?

Une décision contre l’innovation

Le syndicat de patrons catalans Foment de Treball s’est déjà alarmé de la décision du gouvernement régional dans un communiqué. « Ne pas affronter la question avec sérieux peut situer la ville de Barcelone, et par extension la Catalogne, à la marge du progrès et des transformations économiques et sociales » a indiqué l’association, qui rappelle aussi au secteur des taxis qu’il doit s’adapter à la révolution numérique. Pour Marta Plana de Cabify, « la régulation doit établir un cadre de concurrence et encourager l’innovation, nous ne pouvons pas nous permettre à Barcelone un décret qui asphyxie, expulse les investisseurs et les plateformes technologiques de la ville ».

Les usagers eux se sont mobilisés : près de 150.00 d’entre eux ont signé la pétition mise en ligne pour « sauver les VTC » et les téléchargements d’applications Uber et Cabify ont augmenté de 50% au plus fort de la grève des taxis. Mais rien n’aura paralysé la décision du gouvernement catalan.

Uber a déjà annoncé qu’elle stopperait ses activités barcelonaises le 1er février. Cabify donnera plus de détails en fin de semaine.

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