Sous pression, Quim Torra retire les rubans jaunes des bâtiments catalans

prisonniers politiques catalans

Le conflit permanent entre le gouvernement central espagnol et l’exécutif catalan s’ouvre sur un nouvel épisode : les rubans jaunes accrochés à la façade de la Generalitat et autres bâtiments officiels. Une nouvelle passe d’arme qui peut se solder par une peine d’inéligibilité et une lourde amende pour le président catalan Quim Torra.

Le 16 octobre 2017, les présidents des associations indépendantistes ANC et Omnium, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, étaient envoyés en prison préventive pour avoir organisé une manifestation devant le siège du ministère de l’Économie catalan qui était perquisitionné par la police espagnole. Omnium donne immédiatement la consigne de porter un ruban jaune. Lors de la déclaration d’indépendance du 27 octobre, les ministres et députés catalans portaient tous le ruban.

Suite à l’arrestation et l’exil de l’ensemble du gouvernement Puigdemont, les rubans ont commencé à envahir l’espace public catalan: balcons, façade, graffitis. A tel point que lors des élections de décembre 2017, la commission électorale interdit aux mairies d’utiliser les lumières jaunes sur les façades des bâtiments officiels et dans les fontaines, jugeant la couleur politique et violant le principe de neutralité.

A l’époque la mairie de Barcelone avait obtempéré  et il n’y avait pas de gouvernement catalan, puisque l’exécutif de Puigdemont avait été suspendu par Madrid après la déclaration d’indépendance. En raison de la longe durée de la prison préventive des ministres de ce gouvernement et au vu de la lourdeur des peines de prison demandées par le procureur espagnol, les indépendantistes ont déployé le jaune aux quatre coins de la Catalogne.

ruban jaune catalogne

Or, l’Espagne a ces prochaines semaines un triple rendez-vous électoral : législatives le 28 avril, municipales le 26 mai et même jour les européennes.

Le 11 mars dernier, la commission électorale saisie par le parti unioniste Ciutadans a averti le président Torra qu’il était de sa responsabilité de retirer les rubans jaunes de la façade du gouvernement et de tous les bâtiments de la Generalitat, notamment les ministères.

Une demande de la commission électorale qui a échauffé les esprits. Durant la nuit du 13 mars, un groupe de militants politiques a tenté de décrocher les rubans et a provoqué une bousculade avec la police.

Face à l’ordre de retrait que lui a intimé la Commission électorale, le président catalan a répondu par courrier officiel que les esteladas [NDRL drapeaux indépendantistes] sont avant tout des symboles pacifiques avant d’être politiques citant  un rapport du parlement catalan.

Concernant les rubans jaunes, Quim Torra a argué que 70% du parlement (les indépendantistes, socialistes et Podemos) a voté contre un texte de Ciutadans visant à interdire ce signe sur la voie publique. Enfin Quim Torra a invoqué son rôle de défenseur de liberté d’expression pour ne pas décrocher les rubans jaunes. Pendant ce temps, Ada Colau a fait retirer le symbole de la façade de la mairie de Barcelone.

Torra tergiverse

Sourdes aux arguments de la présidence de la Catalogne, la commission électorale a lancé un ultimatum : les rubans devaient être retirés hier soir à 19h dernier délai. Quim Torra, intellectuel que rien ne destinait à la politique, a accepté la charge de président de la Catalogne à l’expresse demande de Carles Puigdemont qui cherchait un remplaçant désintéressé pour assurer l’intérim à la tête de l’exécutif. Torra, plongé dans la real-politique, a dû manger un certain nombre de couleuvres depuis qu’il est installé au Palau de la Generalitat. Sous la mitraille de l’appareil espagnol, le gouvernement catalan est paralysé pour rendre effective la déclaration d’indépendance du 27 octobre 2017. Alors, les rubans jaunes c’est à peu près tout ce qu’il reste au président idéologue catalan qui en fait un casus belli personnel et a refusé pendant plus d’une semaine le retrait.

Finalement après avoir tergiversé, et demandé l’avis du défenseur du peuple qui a conseillé de retirer exceptionnellement les rubans pendant la campagne électorale, Quim Torra a obtempéré.  Aussi pour ne pas mettre en porte à faux, la police catalane et le ministre de l’intérieur qui aurait été requis pour retirer de force la symbologie.

Avenir incertain pour Quim Torra

Si la justice accepte les différentes plaintes qui ont été déposées par des associations anti-independance Quim Torra, dans l’affaire des rubans jaunes, pourrait être poursuivi pour désobéissance et être frappé d’une peine d’inéligibilité et d’une lourde amende pour avoir tardé à accepter le retrait. Si le symbole politique est lourd et que Quim Torra ajoutera son nom à la longue liste des présidents catalans condamnés, au plan personnel la mesure ne sera pas fatale pour l’actuel chef de la Catalogne. Les temps politiques avancent plus vite que l’horloge judiciaire. Le temps que le procès ait lieu et tous les appels écoulés, Quim Torra aura déjà probablement quitté la vie politique avant d’être rendu inéligible.

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