Elections législatives en Espagne: les gagnants et les perdants

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Hier soir les urnes ont livré leur verdict, voici les gagnants et les perdants des élections espagnoles.  

Le grand gagnant: Pedro Sanchez 

Pedro Sanchez socialisteLe leader socialiste sort renforcé de cette élection avec près de 8 millions de voix, Pedro Sanchez restera premier ministre de l’Espagne. Les socialistes passent de 85 à 123 parlementaires au congrès. Une majorité relative: les socialistes devront trouver une coalition pour gouverner, soit vers la gauche avec les radicaux de Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans. Soit, beaucoup moins probable, avec les libéraux de Ciutadans. La base électorale des socialistes est réfractaire à l’alliance avec Ciutadans qui a dérivé tout au long de la campagne dans un discours de droite musclée. Au passage les socialistes raflent la majorité absolue au Sénat.

La petite victoire: Albert Rivera 

Albert RiveraLe patron des libéraux Ciutadans ne pourra pas former un gouvernement de droite et d’extrême-droite où il se voyait premier ministre de coalition. Les droites n’ont pas de majorité en Espagne. Cependant Ciutadans réalise le meilleur score de son histoire avec 57 députés, le parti double sa représentation parlementaire et talonne la droite classique du Partido Popular. Les secteurs économiques et influents de Madrid pressent Rivera d’accepter de former une coalition gouvernementale pour barrer la route à un gouvernement de gauche soutenu par Podemos et les indépendantistes catalans. A priori, pour le moment Rivera souhaite devenir le chef de l’opposition en tentant de faire disparaître les conservateurs du Partido Popular.

Le triomphe des indépendantistes de gauche

oriol junqueras erc

Esquera Republica de Catalunya (ERC) la gauche indépendantiste catalane qui co-dirige la Catalogne avec le parti de Carles Puigdemont a réussi son pari. Pour la première fois ERC est le parti le plus voté en Catalogne et envoie 15 députés indépendantistes au parlement national.

Représentée par son président en prison Oriol Junqueras, pour cette législative, ERC n’a pas réclamé l’indépendance de la Catalogne. Conscient qu’il est difficile d’imposer l’indépendance avec seulement 48% des voix, la doctrine Junqueras consiste à élargir la base sociale et sociétale du souverainisme catalan. Traduction : séduire les urbains, les latinos-américains et les Européens peu enclins au séparatisme en proposant des mesures visant à améliorer le quotidiens des citoyens. Mission accomplie pour ERC qui devient la première force politique de Catalogne.

La victoire à la Pyrrhus de Vox 

vox extreme droiteComme prévu l’extrême-droite de Vox entre au parlement espagnol, une première depuis le rétablissement de la démocratie en 1975. Le parti réussit son pari, passant de 0.2 % des voix en 2016 à 10% hier soir. La performance est de taille. Mais Vox qui a explosé médiatiquement depuis la déclaration d’indépendance de la Catalogne ne pourra pas imposer une politique anti-catalane, dans la mesure où la gauche socialiste va probablement former un gouvernement avec Podemos, soutenu par les séparatistes catalans. La montée de la participation, qui a atteint un niveau record, de toute évidence provient de la gauche, qui effrayée par l’arrivée de Vox aux portes du pouvoir a voté massivement pour des options progressistes. Enfin, Vox a pénalisé la droite conservatrice du Partido Popular (PP), le parti avait frappé plus fort sur le PP, en le traitant de lâche, de droite molle et d’incompétent pour stopper le nationalisme catalan, que sur les socialistes. Vox envoie 24 députés au parlement mais a fait perdre la droite.

Le grand perdant: Pablo Casado 

Rarement une défaite politique aura été aussi impressionnante que celle de Pablo Casado. Le quadragénaire qui voulait régénérer le Partido Popular en le droitisant au maximum a perdu en cours de route la moitié de ses électeurs et autant de députés. Il ne reste plus que 66 élus du PP au parlement : le pire score dans toute l’histoire du parti. Les municipales du 26 mai vont être un chemin de croix pour Pablo Casado. L’aile centriste du parti voudra reprendre le contrôle.

En sursis: Carles Puigdemont, Ada Colau et Manuel Valls 

Tous les trois, dans leur camp respectif, retiennent leur souffle dans l’attente du prochain rendez-vous électoral : le 26 mai, dans quatre semaines, pour les élections européennes et municipales.

Carles Puigdemont, qui jusqu’ici était le dirigeant du processus indépendantiste, se voit sérieusement menacé par son compétiteur de toujours Oriol Junqueras. Depuis 2011, la gauche et le centre indépendantiste se livrent une bataille plus ou moins larvée pour prendre le contrôle de la politique indépendantiste.  Jusque là les amis de Puigdemont gagnaient les batailles électorales. Hier soir ERC a remporté 15 députés et Junts Per Catalunya seulement 7. Cependant le round final aura lieu le 26 mai lors des européennes, où chacun dans leur parti Carles Puigdemont et Oriol Junqueras sont candidats. Un seul des deux sera élu, un seul des deux pourra alors diriger le mouvement nationaliste catalan.

Ada Colau, candidate à sa réélection à la mairie de Barcelone, regarde avec attention les chiffres de Barcelone. Sa mouvance de gauche radicale, où l’ancien adjoint municipal Jaume Assens était tête de liste a perdu hier soir la moitié de ses électeurs par rapport à 2016. Nouvelle preuve que l’ultra-gauche passe de mode, et que la réélection de Colau n’est pas gagnée.

Enfin, Manuel Valls lui aussi constate que les terres barcelonaises restent compliquées pour Ciutadans qui soutient la candidature de l’ancien premier ministre. Le parti orange est arrivé à Barcelone en quatrième position avec 11.75 % des suffrages.

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