En Espagne, la colère des prostituées

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Prostitution Espagne. Depuis la mi-août, les maisons closes ont fermé leurs portes en Espagne selon un décret du gouvernement pour freiner la propagation du Covid-19. Des milliers de travailleuses du sexe se retrouvent sans revenus, ni logement.

« La situation est dramatique, nous sommes dans une urgence totale » se désole Conxa Borrell, secrétaire générale du syndicat des travailleuses sexuelles OTRAS. Créée pour faire reconnaître leurs droits, l’entité auto-organisée alerte du cauchemar vécu actuellement. « Nous sommes sans revenus, puisque nous n’avons pas le droit aux aides comme le chômage partiel (ERTE en espagnol), ni au revenu minimum vital, c’est comme si on n’existait pas » explique la syndicaliste.

En Espagne, le Code pénal espagnol punit de peines de prison le proxénétisme. Mais si une personne se prostitue volontairement, ce n’est pas un délit. Les maisons closes sont légales, dans le cas où une prostituée loue la chambre à un propriétaire d’un lieu avec licence. Ces dernières servent également de logement. Durant l’état d’urgence, les prostibules étaient fermés mais les professionnelles du sexe pouvaient continuer à vivre à l’intérieur. Aujourd’hui, les propriétaires n’ont plus cette obligation.

Ainsi, nombreuses se retrouvent à la rue, avec leurs enfants. « Et sans contrat de travail, ni fiche de paie, elles ne peuvent pas trouver un autre logement. Une grande partie des prostituées sont des immigrées sans papier, elles n’ont pas la possibilité de trouver un autre travail, ajoute celle qui exerce la prostitution depuis seize ans. Beaucoup ne réussissent pas à ouvrir un compte en banque pour envoyer de l’argent dans leur pays d’origine ». Depuis le début de la crise, le syndicat organise des dons de nourriture et prévoit une campagne de crowdfunding pour récolter des fonds.

prostitution catalogneProstitution Espagne : de nouveaux moyens

OTRAS précise approuver la fermeture des maisons closes, pour assurer la sécurité, « nous demandons juste l’égalité, d’être reconnues comme des travailleuses comme les autres ». Avant la publication du décret, elles observaient déjà une baisse importante de leur activité. « Les clients ont peur d’être contaminés, et eux-mêmes ont peur de nous transmettre le Covid-19, surtout les clients fidèles. Par exemple j’en ai un depuis quinze ans » raconte Conxa Borell.

Pour s’adapter à la situation, les prostituées trouvent de nouvelles façons de gagner de l’argent, par des photos, vidéos et sexting. Mais « toutes ne savent pas comment faire pour chercher un client sur Internet ou n’ont pas les moyens de se payer un téléphone à 600 euros pour le faire » précise la syndicaliste.

Très en colère, celle qui exerce le plus vieux métier du monde ne supporte plus les clichés, « 50% des prostituées ont fait des études supérieures, nous choisissons de nous prostituer pour gagner plus d’argent qu’en étant caissière au supermarché et avoir plus de temps libre ». Elle ne mâche pas ses mots: « les politiques seraient heureux que nous mourrions de faim, afin qu’on disparaisse. Mais ça ne va pas arriver. Il faut regarder dans les pays où la prostitution est interdite, elle continue quand même, il y aura toujours des clients ». En Espagne, il est difficile d’avoir un chiffre exact du nombre de travailleuses du sexe, le syndicat OTRAS estime qu’elles sont entre 200.000 et 300.000.

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