La semaine cauchemardesque du gouvernement catalan

gouvernement catalan

La coalition gouvernementale formée par le parti de Carles Puigdemont (Junts Per Catalunya) et la gauche indépendantiste (ERC) vient de vivre sa pire semaine politique depuis le début de la pandémie. 

Depuis le décret de l’état d’urgence publié le 25 octobre dernier, c’est le gouvernement catalan qui est aux commandes de la lutte contre le Covid. Restrictions de circulation, réduction de la vie sociale avec la fermeture des lieux publics, aides financières aux secteurs et personnes affectées par la crise sont les principales responsabilités qui incombent à la Generalitat. Et il est peu dire que le gouvernement va de fiascos en désastres.

Le fiasco des aides aux travailleurs indépendants

Cette dernière semaine a été révélatrice des faiblesses de l’exécutif. Le ministère du Travail, dirigé par le Républicain de Gauche Chakir El Homrani, a tenté de venir en aide aux 500.000 travailleurs indépendants catalans – les autonomos – avec 10.000 dossiers de subventions. Soit seulement 1.82% des autonomos qui ont pu prétendre à toucher cette aide, via un site web officiel collapsé dès les premières minutes de son ouverture. Le concept des 10.000 premières personnes pouvant se connecter pour bénéficier de l’aide a donné l’image d’une cruelle loterie. On pouvait faire difficilement pire.

La Generalitat

Il est vrai que la Catalogne n’a pas le budget nécessaire pour secourir les 406.000 autonomos qui ont tenté d’obtenir le dossier de subventions. Mais la gauche indépendantiste alliée du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez n’a pas réussi à négocier un financement de crise. Une faiblesse qu’a fait lourdement remarquer Junts per Catalunya le parti de Puigdemont, allié gouvernemental d’ERC mais concurrent électoral.

Le Vietnam de la levée des restrictions

La plan de réouverture des secteurs fermés par les mesures de restriction s’est également converti en confusion totale. Pour lancer le redémarrage des restaurants, bars, salles de sports, cinémas et théâtres c’est le ministre de la Santé qui oriente les décisions. L’idée de la ministre catalane de la Santé Alba Verges (ERC) était de jouer la prudence. En commençant une lente et progressive réouverture de l’activité sociale lorsque les chiffres de l’épidémie et de l’occupation des services de soins intensifs seraient au plus bas.

Junts Per Catalunya, plus libérale, a fait fuiter dans la presse via le ministère des Entreprises son propre plan de réouverture. Le ministre des Entreprises Ramon Tremosa a proposé une réouverture des terrasses de restaurants dès ce week-end sur une tranche horaire de 13 à 16h.

TremosaUne décision précipitée et une mauvaise réponse à la pression exercée par le tout puissant lobby des restaurateurs selon le ministère de la Santé. Finalement un point intermédiaire a été trouvé avec 10 jours de fermeture supplémentaires des restaurants. A cheval entre l’ouverture immédiate voulue par Junts Per Catalunya et les 30 jours que demandaient certains experts sanitaires.

Guerre électorale

La méthode de Junts Per Catunya de faire fuiter à la presse un document interne de travail a déplu à ERC qui dénonce une manœuvre électorale à 3 mois des élections. Là-dessus, les deux partenaires gouvernementaux ne sont pas non plus d’accord. ERC est en train d’organiser le scrutin du 14 février dans des pavillons à la place des traditionnelles écoles afin de garantir les normes sanitaires. Junts Per Catalunya, à la traîne dans les sondages, est partisane de repousser les élections à une date plus lointaine en raison de la pandémie.

Le parti ERC, premier des enquêtes et à la tête des ministères les plus sensibles (santé, travail, économie, éducation), sait qu’il a tout à perdre dans les trois mois à venir. Junts Per Catalunya avec une stratégie de trolling et de coups médiatiques pense rafler la mise.

La société catalane, sans liberté de mouvements, frappée par un chômage de masse et avec 9 mois de stress pandémique sur les épaules, pourrait ressentir les tensions politiques comme le problème de trop. Et donner l’image de dirigeants politiques obsédés par des enjeux électoraux comme totalement déconnectés de toute réalité.

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