La crise politique en Espagne, un avertissement pour Macron

medecin français à Barcelone

En Espagne, les 10 derniers jours politiques viennent de démontrer que le vieux monde n’est pas mort, la nouvelle politique ne l’a pas vaincu. Un contre-exemple pour Emmanuel Macron en France. Décryptages.  

Mercredi dernier, sous l’impulsion d’Inès Arrimadas les libéraux de Ciudadanos tentèrent de faire tomber leurs cousins conservateurs du Partido Popular (PP) dans la région de Murcie où ils gouvernaient en tandem.

Le jour-même, en représailles, la présidente de la région de Madrid Isabel Ayuso du PP expulse Ciudadanos de son gouvernement, dissout le parlement et convoque des élections locales anticipées. Entre temps, le PP de Murcie débauche la moitié des conseillers régionaux de Ciudadanos afin de désactiver la motion de censure, reste au pouvoir et fait exploser le jeune parti libéral. Pour terminer en feu d’artifice, hier le vice-président espagnol et chef de la gauche radicale de Podemos, Pablo Iglesias, démissionnait du gouvernement pour se lancer dans la course électorale de Madrid.  Une tentative pour sauver Podemos. Les sondages annoncent que le parti pourrait se retrouver sans aucun élu lors des régionales madrilènes.

En une semaine, les deux nouveaux partis qui devaient régénérer la politique espagnole au milieu des années 2010 se sont retrouvés avec un pied dans la tombe. A droite, Ciudadanos est victime d’une OPA du Partido Popular qui a appelé les cadres, militants et élus de Ciudadanos à rejoindre le parti historique conservateur après la « trahison » de Murcie.  A gauche Podemos, malgré le filtre trompeur d’être assis à la table du Conseil des ministres, est un parti en voie de disparition. La gauche radicale ne survit que grâce à sa trentaine de députés au parlement national. Qu’elle pourrait perdre en cas d’élection nationale anticipée, de plus en plus probable au regard de l’instabilité politique du pays.

De toute évidence, en quittant le gouvernement pour concourir à une régionale qu’il n’a aucune chance de remporter, Pablo Iglesias prépare sa retraite politique et laissera son parti en crise. Preuve en est qu’il n’est pas facile de faire disparaître le Partido Popular, chroniquement présent en Espagne depuis 1976 (d’abord sous le nom Alianza Popular) et le centenaire Parti Socialiste Ouvrier Espagnol.

Ciudadanos a choisi de tout miser sur les campagnes nobles comme les Catalanes ou la législative nationale, en délaissant les scrutins de second ordre comme les municipales. Par exemple, après avoir gagné les élections catalanes en 2017, remportant 36 députés, Ciudadanos n’a pas dirigé une seule mairie en Catalogne, créant un parti hors sol manquant de cadres et de barons locaux. Une des raisons qui expliquent que Ciudadanos ait été mis à terre en moins de 48 heures par le PP à Madrid et à Murcia après la tentative de putsch la semaine dernière.

Contre-exemple pour Emmanuel Macron en France

Incarnation de la nouvelle politique face à l’ancien monde, mais sans élu de terrain, ni baronnie… une situation qui n’est pas sans rappeler le parcours d’Emmanuel Macron en France. Certes, l’homme est puissant grâce à sa fonction présidentielle. On ne peut pas en dire autant de son parti. En Marche ne dirige aucune grande ville, région ou département. Comme Ciudadanos, le mouvement s’est construit sur des transferts de responsables provenant d’autres partis (socialiste et UMP en France, PP en Espagne).

Le changement de cycle est important. La nouvelle politique En Marche/Ciudadanos est en crise existentielle. La mouvance de gauche radicale Podemos/La France Insoumise passe de mode. En revanche, Vox comme le Rassemblement National affichent une bonne santé insolente. La présidente conservatrice Isabel Ayuso a déjà annoncé que si besoin est, elle ferait alliance avec l’extrême-droite pour garder la région. En Catalogne, Vox a déjà dépassé la droite lors des dernières élections, tandis qu’en France Marine Le Pen prépare sa stratégie de second tour présidentiel.

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