L’aéroport provoque une crise politique en Catalogne

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Le coup de théâtre de la suspension de l’agrandissement de l’aéroport de Barcelone déclenche une crise politique en Catalogne. Décryptage. 

D’un côté, le gouvernement espagnol, le parti socialiste catalan, la droite, le monde des affaires et les amis de Puigdemont. Tous plaident pour l’agrandissement de l’aéroport. De l’autre, Ada Colau, l’extrême-gauche et les écologistes s’opposent au projet. Au milieu, la gauche républicaine indépendantiste (qui préside la Catalogne en la personne de Pere Aragonès) louvoie.

Un peu avant l’été, la décision d’agrandir l’aéroport a surgi du gouvernement espagnol pour répondre à une attente des milieux économiques. Le président de la Generalitat, Pere Aragonès (du parti ERC), mal à l’aise, a soutenu du bout des lèvres le dossier. Aragonès veut réconcilier l’indépendantisme avec le monde des affaires barcelonais après le divorce de la déclaration d’indépendance de 2017. Dans une stratégie du « en même temps » il ne veut pas entrer en conflit avec la gauche radicale d’Ada Colau et surtout l’extrême gauche indépendantiste de la Cup, alliée parlementaire du gouvernement.

Aragonès n’a pas voulu non plus porter sur lui l’impopulaire saccage de la zone naturelle de la Ricarda qu’impliquait la construction de la troisième voie aéroportuaire. Dans un exercice frisant la schizophrénie politique, ERC a signé l’accord d’agrandissement du Prat, tout en prévoyant de participer à la manifestation écologique contre le projet, le 19 septembre prochain.

Appréciant peu ce grand écart, le gouvernement espagnol tire un trait (pour le moment) sur l’injection de 1,7 milliard d’euros, rendant impossible l’ouverture des travaux. Funambule, Aragonès a immédiatement accusé l’Espagne de chantage et accuse Madrid de vouloir détruire l’environnement. Sans expliquer de quelle manière, le président de la Generalitat souhaite la construction de l’aéroport sans dommage écologique.

La table ronde Espagne-Catalogne en danger

L’événement complique, un peu plus, le réchauffement des relations entre la Catalogne et l’Espagne. Avant la fin du mois, le président catalan doit s’asseoir autour d’une table ronde avec le gouvernement espagnol.

Si Madrid veut parler de financement régional, la Generalitat veut évoquer l’indépendance. Un dialogue de sourds qui pourrait déboucher sur l’annulation de la table ronde après la polémique du Prat.

Une implosion au sein du gouvernement catalan

La crise politique catalano-espagnole est sur le point de provoquer une implosion au sein du gouvernement catalan. Plus libéral qu’ERC, le parti de Puigdemont est favorable à l’agrandissement du Prat. Le vice-président de la Catalogne, Jordi Puigneró, proche de Puigdemont, a négocié personnellement. A l’annonce de la suspension hier soir, il a dénoncé les populismes et la frivolité des politiques. Une pique destinée à Ada Colau et Pere Aragonès.

Carles Puigdemont voit dans cette affaire une raison supplémentaire de ne pas se rendre à la table ronde avec le gouvernement espagnol. Samedi, comme chaque 11 septembre, un nombre important de Catalans descendront dans la rue pour demander l’indépendance.

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