François Musseau : « Barcelone est dans une période de renouveau, de grande créativité »

medecin français à Barcelone

Le journaliste François Musseau a lancé en Espagne un nouveau genre de spectacle tout à fait original : des histoires vraies racontées à la première personne. Diario Vivo sera lancé à Barcelone le lundi 16 mai au théâtre Apolo. Rencontre avec un passionné.

Photos : Clémentine Laurent / Equinox

Installé à Madrid depuis 1999, François Musseau est correspondant pour les médias français Libération, Le Point et RFI. On peut aussi le lire dans Le Temps, GEO ou la Revue XXI. Il connait bien Barcelone, où il est déjà venu une centaine de fois pour des reportages. Mais cette fois-ci, c’est pour assurer la promotion de Diario Vivo qu’il passe quelques jours dans la capitale catalane. Le spectacle, que l’on peut traduire par Journal Vivant, met en scène 6 à 9 histoires de moins de 10 minutes chacune, racontées par ceux qui les ont vécues : journalistes, bloggueurs, photographes, écrivains ou youtubeurs. Le spectacle cartonne à Madrid depuis 5 ans, et se tiendra bientôt pour la première fois à Barcelone.

Comment est née l’idée du Diario Vivo

Après plusieurs années de journalisme à l’étranger, l’Inde, le Brésil puis l’Espagne, j’ai commencé à ressentir le « syndrôme du correspondant ». Quand on est correspondant, on rencontre beaucoup de gens pendant nos reportages, et puis on écrit, on envoie, et on n’a pas vraiment de retour. On ne sait pas si ça plait, si ça fait réagir. Après un voyage à Cuba, où toute la communication se fait de manière très directe, je me suis dit que ça me plaisait. La technologie, c’est très bien, mais c’est important de ne pas perdre la communication directe. Alors il y a 16 ans, j’ai créé le premier café philo de Madrid, un dimanche par mois, qui existe toujours. Puis j’ai organisé des « mercredis pâtes » chez moi. Le concept était de toujours venir avec quelqu’un d’inconnu. Et ça se transformait en cabaret, chacun avec ses propres talents : poésie, musique, performance. Je composais des spectacles et me suis rendu compte que j’aimais beaucoup la scène, où l’on peut partager beaucoup. En 2016, j’ai vu en France un spectacle Live Magazine, du journalisme vivant avec 8 personnes qui racontaient une histoire. Ça m’a vraiment ému et impressionné. J’avais 25 ans de journalisme derrière moi, une passion pour la scène, je me suis dit « ça, c’est pour moi, c’est ma vocation ». Et vraiment je souhaite à tout le monde de trouver un jour sa vocation, c’est un peu comme tomber amoureux.

Comment a été lancé le premier spectacle à Madrid ? 

J’ai monté un comité éditorial, avec une équipe de journalistes, notamment Julien Cassan, correspondant de La Dépêche du Midi, Michael Cancela, alors cheffe du bureau de l’AFP à Madrid, Vanessa Rousselot, réalisatrice de documentaires ou encore la journaliste Marta Nuñez. Car Diario Vivo, c’est du journalisme avant tout, mais sous un nouveau format, une nouvelle expression : le théâtre. C’est du journalisme incarné et subjectif, toujours avec honnêteté et un effort de neutralité. Pour apporter une crédibilité au spectacle, j’ai cherché de grands noms du journalisme local , et nous avons travaillé les histoires pendant des semaines, et des mois. Le tout premier s’est tenu à Lavapiés (NDRL : quartier de Madrid comparable au Raval), avec des bouts de ficelle, mais a quand même réuni une centaine de personnes. Depuis, nous avons réalisé 17 éditions et chaque fois à guichets fermés, avec 680 personnes.

Comment expliquez-vous un tel succès ? 

Je pense que c’est le duo journalisme + émotion. Les auteurs qui racontent prennent un risque, s’ouvrent et s’offrent en tant que raconteurs d’histoires. Ils ne sont plus derrière leur clavier ou derrière leur micro, mais devant le public. Certains peuvent éclater en sanglots. Le public ne veut pas que nous soyons des acteurs, il veut que nous soyons des humains. Il comprend et accepte tout, il vit l’émotion transmise. Lors de la dernière représentation à Madrid, le public a fait une standing ovation, les applaudissements ne s’arrêtaient pas.

Pourquoi lancer le Diario Vivo à Barcelone ? 

Barcelone possède une vraie culture de la créativité. Malgré des périodes sombres, elle refleurit toujours. Et elle est actuellement dans cette période de renouveau, de grande créativité qui attire tant. Je pense que Diario Vivo y a donc toute sa place.Francois Musseau interview Photo Clementine Laurent Equinox copie 1Pour ce premier spectacle, l’ancien directeur de La Vanguardia Marius Carol nous racontera une histoire complètement inédite, Giovanna Valls, la soeur de Manuel Valls, nous expliquera une histoire qui n’a rien à voir avec sa famille, il y aura aussi le journaliste de La Vanguardia Xavier Mas de Xaxas, les réalisateurs de documentaires Teresa Ruriera et Justin Webster, et les journalistes français Diane Cambon (RTL) et Jean Décotte (AFP).

Vous êtes souvent venu à Barcelone pour y couvrir l’actualité, quel regard portez-vous sur la ville ? 

Une chose est d’y venir souvent, une autre est d’y habiter. Je ne connais pas Barcelone en profondeur mais je palpe ici quelque chose de très spécifique. C’est une ville travaillée par l’ouverture et la fermeture, l’ouverture des Jeux Olympiques et la fermeture du procés (NDRL : le cheminement politique visant à obtenir l’indépendance de la Catalogne entre 2012 et 2017). Elle peut avoir des passages à vide, des moments de déprime, mais grâce à son dynamisme et à sa créatitivé, elle inspire et engendre des Antoni Gaudi ou des Lluís Domènech i Montaner. C’est une des plus belles villes au monde, je pourrais m’arrêter tous les trente mètres, il y a de la beauté partout. Et puis elle possède des couleurs spécifiques, comme peu de villes au monde, des marrons rosés, des formes d’ocres, des couleurs qui n’existent qu’ici.

Y avez-vous des adresses fétiches ? 

Je retourne toujours dans le Raval, un mélange d’art et de populaire, que la globalisation n’a pas tué. Je vais à la Filmoteca, au Taller de Mùsics, au Marsella, dans des restaurants du Raval ou de la carrer Blai au Poble-Sec. J’aime aussi les quartiers de Gràcia, Clot, Guinardó. Il y a encore des endroits qui n’ont pas perdu leur âme. Et puis bien sûr le Park Güell et le Parc de la Ciutadella.

Plus d’infos sur Diariovivo.es et réservations sur le site du Teatre Apolo.

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