Que fait le campanile de Venise à Barcelone

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Deux copies du célèbre monument italien trônent à Barcelone depuis presque un siècle, alors qu’en apparence, rien ne lie Barcelone à Venise. Mais la réponse à ce mystère se trouve en 1929.

Photo : Álvarez Gantier

Si Barcelone accueille une nombreuse communauté internationale, on y trouve même des monuments tout droit venus d’ailleurs. Sur la Plaça d’Espanya, par exemple, on peut admirer… le campanile de Venise, en Italie. Ou plutôt deux répliques, légèrement différentes.

Les deux grosses tours, que l’on appelle “tours jumelles” (‘torres bessones’) en catalan, se situent à l’entrée de l’Avinguda de la Reina Maria Cristina, qui donne accès à la Fira de Barcelone et au Musée national d’art catalan (MNAC). Impossible de ne pas les voir : elles mesurent 47 mètres de haut. 

Campanile venise BarceloneVue depuis l’une des deux tours. Photo : Álbum de viajes

Elles ont été placées là en 1928, à l’occasion de la tenue de l’Exposition internationale à Barcelone, et symbolisaient l’entrée monumentale du parc d’expositions dans lequel furent aussi construits pour le même événement la Fira, le MNAC ou encore le Poble Espanyol. Mais pourquoi donc copier un monument existant, et qui plus est le campanile de Venise, qui n’a à première vue rien à voir avec Barcelone ? 

Une inspiration entre dictateurs

Cette idée vient de l’architecte des deux tours, Ramón Reventós. À l’époque, le style du noucentisme est à la mode, en totale contradiction avec le modernisme : le noucentisme prône de la clarté, de la précision, de la mesure, de l’ordre dans la littérature et l’art, et les grands monuments classiques sont à la mode. Ramón Reventós s’inspire donc de modèles d’architecture classique, non seulement pour les tours de l’entrée de l’exposition mais aussi pour son Teatre Grec et son Poble Espanyol (nommé à l’origine “Iberona”). Le théâtre grec s’inspire du théâtre antique d’Épidaure, en Grèce, et le Poble Espanyol imite une sorte de faux village espagnol qui rassemble des façades et imitations d’architectures des quatre coins d’Espagne, réunies dans un village fictif qui donne un certain goût de décor de Disneyland Paris.  

Campanile Venise BarceloneCampanile de San Marco, à Venise, Italie

Et pour les tours, Reventós s’inspire d’un monument emblématique italien, car à l’époque l’Italie et l’Espagne sont des régimes autoritaires, et le dictateur espagnol Miguel Primo de Rivera, alors au pouvoir, admire Benito Mussolini, président du conseil des ministres italien. C’est donc une sorte d’hommage à l’architecture romane italienne et au fascisme de Mussolini. 

Les deux répliques massives du campanile de San Marco de Venise auraient dû être détruites après l’exposition, mais comme ce fut le cas pour la tour Eiffel, elles ont finalement été conservées et font aujourd’hui partie intégrante du décor de Barcelone. Elles ont été rénovées récemment, et constituent désormais un Bien d’intérêt local pour la mairie.

Campanile Venise BarceloneIntérieur de l’une des deux tours. Photo : Álbum de viajes

Elles ne sont visitables qu’une fois dans l’année, lors du festival d’architecture 48h Open House, unique date à laquelle on peut grimper les marches des tours et découvrir la magnifique vue qu’elles offrent sur Barcelone. 

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