La Catalogne, nation littéraire

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La Catalogne, à l’heure ou nous écrivons ces lignes, n’est pas une nation politique. En revanche, la région possède une histoire et une culture littéraire qui unit son peuple de manière singulière.

« A Barcelone le livre est dans la rue et la ville devient une librairie, c’est unique au monde » s’enthousiasmait l’écrivain Grégoire Polet dans nos colonnes à propos de la fête de la Sant Jordi. La tradition littéraire catalane trouve ses origines au Moyen-Âge et connait un renouveau romantique au XIXe siècle, avec la Renaissance. La première fois où le terme Renaixença apparaît publiquement est lors des joutes verbales poétiques de Barcelone, les fameux Jocs Florals (jeux floraux).

Le pionnier de la Renaissance catalane est sans nul doute le journaliste poète Carles Aribau. En 1933, il publie l’Ode à la Patrie, Oda a la Pàtria. Un poème en alexandrins qui exalte la langue catalane. Selon l’auteur, le catalan « sert à prier Dieu, rêver la nuit et se parler à soi-même ». Pour Aribau, le catalan n’est rien de moins que la « langue de la vérité« . Et selon le poète, après la langue catalane, il y a les paysages de Catalogne : Montserrat, Montseny et Montjuïc.

Une autre grande figure de la Renaissance catalane est Jacint Verdaguer, l’un des principaux poètes du pays. Né en 1845 près de Vic, dans la Catalogne montagneuse, Verdaguer se place dans la famille des poètes romantiques aux côtés de Baudelaire, Hugo ou Lamartine.

De grands poètes et écrivains

Après des études catholiques, Jacint Verdaguer devient prêtre. Il publie dans la foulée un de ses textes qui deviendra le plus célèbre : Canigó, du nom de la montagne située en Catalogne Nord, dans le département français des Pyrénées-Orientales. Peu de temps après, il fera un voyage dans le pays qui allait redevenir Israël sur la trace des personnages bibliques. Une expérience qui provoqua en lui une profonde crise personnelle. Jacint Verdaguer voudra s’investir encore plus dans l’Église catholique en devenant exorciste, ce qui explique l’obsession religieuse qui se dégagera par la suite de ses textes. L’oeuvre la plus magistrale de Verdaguer est son « ode à Barcelone ».

S’il fallait citer un troisième et dernier auteur de la Renaixença, cela serait Manuel Milà i Fontanals, un des organisateurs des Jeux floraux, précédemment cités. Cet écrivain a également œuvré pour améliorer l’orthographe de la langue catalane. Il avait, parmi ses disciples, Joan Maragall, un des grands autres poètes catalans. Milà i Fontanals est d’essence romantique. Rien de plus logique, puisque finalement c’est la Renaixença qui emmènera le romantisme en CatalogneIci donc la Renaixença et la renaissance européenne se rejoignent définitivement.

Le président Jordi Pujol

La Catalogne, malgré un processus indépendantiste initié en 2010, n’a pas réussi à obtenir son statut d’indépendance et par là devenir une nation à part entière. Elle doit pour le moment se contenter d’être un pays dont la culture est l’une des sources d’irrigation majeure. Un des plus grands catalanistes modernes est Jordi Pujol, qui présida la Catalogne de 1981 à 2001. Durant cette longue période, le président négocia avec Madrid de nombreuses prorogatives et compétences pour la Catalogne : la création de la police catalane, les Mossos d’Esquadra, le système de santé catalan, le réseau éducatif entre autres. Certains de ces outils institutionnels seront utilisés par les souverainistes dans le cadre du processus indépendantiste. Ce qui leur vaudra des sanctions judiciaires.

Jordi Pujol, ingresado en un hospital de Barcelona por una afección neurológica | Noticias de Mallorca

Le président Pujol, c’est aussi une statue culturelle. L’homme qui parle 6 langues couramment est l’auteur de 51 ouvrages dont 3 tomes de ses volumineuses mémoires. A peine arrivé au pouvoir en 1982, le président rétablit la cérémonie de remise des prix littéraires de Sant Jordi.  « En plus de défendre notre clocher, nous devons défendre notre vocation d’universalité et d’ouverture d’esprit dans la lignée de Goethe », déclara Pujol alors que la Sant Jordi coïncidait avec l’anniversaire de la mort de l’auteur allemand.

Amoureux des lettres, il ne serait pas illogique de créer une grande bibliothèque catalane Jordi Pujol, sur le modèle de la Bibliothèque de France François Mitterrand.

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