Le dictionnaire de Barcelone : lettre D

DICO DE BARCELONE

DICTIONNAIRE DE BarceloneTous les dimanches, Equinox publie son dictionnaire de Barcelone. Aujourd’hui la lettre D. 

Dali (Salvador)

Salvador Dalì

Il n’existe aucune photographie d’eux deux réunis. Aucune vidéo, aucune émission télévisée, ni même aucun projet artistique commun. Pourtant Serge Gainsbourg et Salvador Dalí se sont bien croisés, parlés, appréciés, influencés. La relation entre les deux artistes a débuté alors que le jeune peintre Lucien Ginsburg ne vivait pas encore de sa musique, et que Salvador Dalí, de 24 ans son aîné, connaissait déjà la gloire internationale. La fiancée de Gainsbourg loue alors une chambre dans le vaste appartement de Dalí, le jeune homme de 19 ans sera durablement marqué par le luxe mêlé à la folie artistique de l’endroit. Bien des années plus tard, il reproduira chez lui la chambre de Dalí, entièrement peinte en noir, et achètera même une oeuvre du peintre catalan. Les deux hommes se croiseront dans des dîners, des événements, tenteront même de travailler ensemble, mais le projet finit par avorter.

Musée du Design

Ouvert en décembre 2014, le musée du design de Barcelone aussi appelé le Museu del Disseny, expose des centaines d’œuvres. Il se démarque par son bâtiment aux formes dures et géométriques. le MHUB est tout un symbole puisqu’il représente le renouveau du quartier de Glòries dans lequel il est situé. Il jouxte la Tour Agbar de Jean Nouvel et le nouveau marché aux puces des Encants, lui aussi rénové et doté d’une structure architectonique moderne et audacieuse.

Les collections du musée sont composées de pièces issues d’autres anciens centres d’exposition de la ville: le musée des arts décoratifs, de la céramique, celui du textile et le cabinet des arts graphiques. La conception, la création, la production, l’usage au fil du temps et à travers les âges de l’objet sont la raison d’être du musée. Le lieu culturel regroupe 4 expositions permanentes et une exposition temporaire. Les collections permanentes sont les suivantes : du monde au musée: design de produit, patrimoine culturel Extraordinaires, collections d’arts décoratifs et arts d’auteur (III-XXème siècles), le corps habillé: silhouettes et mode (1550-2015), le design graphique: de fonction à profession (1940-1980).

Diada

rafael casanova

La Diada de l’Onze de Setembre est la fête nationale de Catalogne depuis 1886, et décrétée comme jour férié par l’article 8.1 du statut d’autonomie. La Diada commémore la chute de Barcelone, tombée aux mains des troupes du roi d’Espagne le 11 septembre 1714. De fait, une partie des Catalans considère que la ville est aux mains des Espagnols depuis trois siècles et qu’il est temps de la libérer via le processus indépendantiste. Depuis le début des années 2010, la Diada est devenue le moteur de l’activisme indépendantiste avec des millions de personnes qui défilent dans les rues. Cependant les premières Diadas de la fin du XIXe siècle étaient plus confidentielles. Connotée religieusement, la fête se célébrait à la très identitaire Cathédrale de la Mer à Barcelone. En 1888, à l’occasion de l’Exposition universelle, une statue en hommage à Rafael Casanova est érigée, non loin de la place Urquinaona, nouveau lieu idéal pour se rassembler lors de la Diada. Casanova était une sorte de Premier ministre catalan (conseller en cap) lors de la chute de Barcelone en 1714. Selon la légende, résistant jusqu’au dernier instant, il fut blessé lors de la prise de la ville et devint un héros du catalanisme. Au début du XIXe siècle, la figure de Rafael Casanova fut récupérée par les intellectuels de la Renaissance catalane, la fameuse Renaixença. Symbole de la lutte pour les libertés de Barcelone, Casanova est encore honoré chaque 11 septembre par une gerbe de fleurs, déposée au pied de sa statue par le président de la Catalogne. A partir de 1936, la Diada, comme quasiment tous les symboles identitaires catalans, fut interdite par la dictature du général Franco, mais restait célébrée dans la plus grande clandestinité. La première Diada autorisée de l’ère moderne a eu lieu le 11 septembre 1977, deux ans après la mort du dictateur.

Diagonal

Cámara Tráfico, Diagonal, Barcelona

La Diagonal est l’une des principales voie d’accès de Barcelone. Mais vous avez peut-être entendu l’expression « les chars vont entrer sur la Diagonal ». En 1938les troupes franquistes ont vaincu les Républicains et ont traversé le fleuve de l’Ebre, envahissant le sud de la Catalogne. Tarragone est prise. Pour Barcelone, ce n’est qu’une question de temps. Les combattants catalans sont affaiblis et démoralisés. Ils pensent plus à fuir vers la France qu’à combattre la puissante armée du général Franco. Pour achever les troupes républicaines catalanes, les avions de l’Allemagne nazie et de l’Italie mussolinienne bombardent sans relâche Barcelone. Le 26 janvier 1939, fort logiquement, Barcelone tomba. Les chars d’assaut pénètrent sur l’avenue Diagonal de Barcelone, traumatisant pour longtemps l’imaginaire démocrate de la Catalogne. La propagande franquiste diffusa dans le journal (qui était à l’époque projeté dans les cinémas avant les films) des images de l’armée acclamée par les masses. La réalité, selon les historiens, est évidemment bien différente de ces images de propagande. Sur les coups de midi, ce 26 janvier 1939, le general Yagüe traverse avec ses troupes la place Catalunya pratiquement déserte. Les civils ont fui la ville ou se cachent dans des appartements, voire des stations de métro, craignant que Barcelone soit saccagée par ses assaillants. Toujours selon les historiens, les images de la propagande étaient manipulées, seule une cinquantaine d’habitants attendait l’armée, faisant le salut fasciste sur la place Catalunya. Ce que ne montrent pas non plus les images, c’est que les troupes étaient majoritairement formées de soldats marocains, bien loin du cliché de l’époque (repris dans la vidéo de propagande) de l’Espagnol triomphant.

Domenech i Montaner (Lluis)

Luis Doménech y Montaner | Real Academia de la Historia

Le barcelonais Lluís Domènech i Montaner à fait ses études d’architecture à Madrid, puis est parti en France, en Allemagne et en Italie pour s’inspirer des œuvres européennes.  Il est à l’origine du parti de l’actuel visage barcelonais. Il est le créateur du Museu de Zoologia (El Castell dels Tres Dragons) construit à l’origine dans le parc de la Ciutadella pour abriter un café-restaurant. pour cette oeuvre Domènech i Montaner utilise le fer forgé et la céramique, qu’il réutilisera en 1908 pour construire le Palau de la Música Catalana. L’incroyable Hospital de Sant Pau et l’hôtel de la Casa Fuster font également partis de ses productions.

Dragons

Dragon Barcelone

Photo : Clémentine Laurent

Au coin des rues, surplombant les avenues, dans les tableaux des musées ou dans les contes, les dragons sont partout à Barcelone.  Gaudí a installé le sien sur le toit de sa Casa Batlló, un autre aux traits asiatiques surplombe la Rambla, et des bêtes terrassés par Sant Jordi sont présentes un peu partout dans les rues et sur les tableaux des musées. Mais d’où vient cette fascination catalane pour les dragons ? La légende de Sant Jordi serait la réponse la plus évidente. Aujourd’hui saint-patron de la Catalogne, le chevalier chrétien et sa « légende dorée » (tirée du livre éponyme, de Jacopo da Varazze) ont une importance indiscutable dans la tradition et la culture catalane ; en témoigne la célébration du saint, véritable événement tous les 23 avril. Selon la légende, le jeune chevalier chrétien aurait libéré une ville orientale d’un dragon qui la terrifiait et lui demandait des jeunes filles pour les dévorer. Ici, le monstre symbolise la victoire du chevalier vaillant sur l’oppresseur, mais aussi celle du christianisme sur le paganisme, puisqu’en échange de ses services, Sant Jordi demande aux habitants de se convertir. Mais la fascination catalane pour cet animal fantastique ne s’explique pas que par les exploits de Sant Jordi. « Le dragon était déjà présent auparavant dans l’art figuratif médiéval, dans les bestiaires et les miniatures. Il représentait la lutte entre le bien et le mal », précise Francesc Quílez Corella, conservateur au Musée national d’art de Catalogne (MNAC)« Les dragons que l’on voit quand on se promène dans Barcelone sont le reflet d’un symbole de l’identité et de la culture catalane. Ils datent souvent de la fin du XIXème siècle, en plein mouvement de récupération culturelle et historique catalane. L’Exposition universelle de 1888 a d’ailleurs été l’occasion de développer encore plus ce symbole », affirme le conservateur du MNAC.

Drassanes

Museo Marítimo Drassanes Reials by Gratis in Barcelona

Les arsenaux royaux de Barcelone, populairement connus sous le nom de Drassanes sont destinés à l’origine (en 1243) à produire les galères de la flotte de guerre du roi d’Aragon. Le lieu est resté par la suite un bâtiment militaire. Il fut cédé en 1935 à la municipalité de Barcelone, laquelle le convertit en son Musée maritime en 1941.  Actuellement, il abrite des expositions permanentes sur la culture maritime et son histoire, mais également des expositions temporaires et des activités toute l’année.

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