Employés fliqués, l’envers du télétravail en Espagne

Télétravail en Espagne

Les journées en télétravail ont la cote auprès des salariés. Mais travaillent-ils vraiment en toute confiance ? En Espagne, près de la moitié des entreprises fliquent ses employés à distance.

En Espagne, le télétravail ne séduit pas autant les entreprises qu’en France. Seulement 14 % de la population reste à domicile pour assurer le job dans la péninsule ibérique, contre 31 % dans l’Hexagone. C’est deux fois moins, car c’est aussi deux fois plus de contraintes. Entre les boîtes qui n’autorisent pas cette pratique, ou à un maximum de 10 salariés selon le syndicat UGT, et celles qui ne l’incitent pas, le travail à distance ne conquiert pas les cœurs espagnols. Question de culture ou de confiance ?

La question se pose surtout depuis la publication du rapport d’Eurofound sur le contrôle et la surveillance des employés en télétravail. D’après l’étude, 40 % des entreprises espagnoles ont installé des logiciels espions. L’agence européenne affirme clairement : « L’Espagne est le leader européen du suivi algorithmique de l’activité professionnelle, devant l’Allemagne (15 %), la France (25 %) et le Royaume-Uni (26 %). » La péninsule ibérique serait-elle parano sur la productivité de ses salariés ?

La productivité des employés dans le viseur

C’est en tout cas ce que pointe du doigt l’organisme, via un article du Courrier international. Il se réfère au niveau de facturation des entreprises espagnoles auprès de fournisseurs d’outils informatiques, particulièrement utiles au flicage des employés en « remote« . Elles se dotent alors de logiciels, tels que Hubstaff, Workfolio ou encore Transparent Business, permettant d’examiner les pages web et applications utilisées pendant les journées de télétravail. Un reste des quasi deux ans de télétravail dû à la pandémie de Covid-19, qui semble-t-il, n’ont pas convaincu.

un jove aprofita per treballar amb lPourtant, le télétravail gagne du terrain partout dans le monde et en Europe. C’est d’ailleurs ce qui pousse bon nombre d’expatriés à s’installer dans des villes comme Barcelone. Mais dès qu’elles l’ont pu, les PME et institutions espagnoles ont exigé le retour au bureau. « Il y a une très forte culture du présentiel, digne d’un autre siècle », expliquait José Valera, expert en nouvelles technologies à l’UGT, dans les colonnes d’Equinox.

Avec le temps, le pays deviendra peut-être meilleur élève. Actuellement, certaines entreprises appliquent les bonnes méthodes. « Moi, je suis totalement libre », assure Sébastien, employé depuis cinq mois dans une start-up dans le marché automobile de Barcelone. « Je peux être en télétravail quand je veux, le temps que je veux où je veux. Il y a 0 contrôle, que ce soit sur la productivité ou les heures. »  Une expérience que partage Thiago, Brésilien et manager en télétravail depuis trois ans pour une entreprise espagnole. “On a beaucoup de libertés et d’autonomie”, ajoute-t-il.

La surveillance échappe donc, tout de même, aux 60 % restants d’entreprises espagnoles. À noter que, depuis 2021, la loi impose aux directions d’informer les comités d’entreprise des algorithmes utilisés en matière d’organisation du travail. Une démarche dissuasive que semble fonctionner. Car malgré tout, les télétravailleurs ont le droit de savoir si oui ou non, ils sont fliqués. Sans devoir prouver par des clics superflus, leur bonne volonté.

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