Espagne : égalité droite-gauche, la balle est dans le camp indépendantiste

Espagne

Les élections législatives en Espagne se terminent sans vainqueur clair. Le pays est politiquement et institutionnellement bloqué. 

Dans une chaleur suffocante, ce ne sont pas les élections législatives qui vont faire tomber la température en Espagne. Après un fiasco de la gauche aux élections locales de mai dernier, dans un coup de poker, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a dissous le parlement pour convoquer ces élections anticipées.

Et il a partiellement réussi : avec 122 députés, le parti socialiste s’offre le luxe d’améliorer de 2 sièges son résultat de 2019. La gauche radicale, partenaire de la coalition gouvernementale, gagne aussi 3 élus pour se fixer à 31 sièges. Suite aux élections régionales de mai dernier, la droite a pactisé avec l’extrême droite pour prendre le pouvoir à Valence, dans les Baléares ou en Extremadura. Le message de Pedro Sánchez a été clair. Il a convoqué les élections dans ce but : faire barrage à la droite et à l’extrême droite. Ce qui, au vu des résultats, semble avoir fonctionné dans une certaine mesure.

Les forces périphériques qui soutenaient Pedro Sánchez en 2019 comptabilisent aujourd’hui une vingtaine d’élus entre les indépendantistes catalans de gauche et les séparatistes basques. Un bloc progressiste qui rassemble 172 sièges au Parlement, alors qu’il en faut 176 pour investir le Premier ministre.

L’opposition de droite ne dispose pas non plus de la majorité avec les 136 députés du Partido Popular, les 33 d’extrême droite et 2 divers droite, soit 171 sièges.

Si la gauche résiste, le résultat est décevant pour la droite. Le candidat du Partido Popular se voyait comme le Premier ministre d’alternance naturel face à un Pedro Sánchez démonétisé par la crise sanitaire, par l’inflation et par l’idéologie très à gauche de son mandat. Deux lois l’ont particulièrement fragilisé : celle du changement de genre accessible dès 14 ans, et le fiasco de la mauvaise rédaction de la loi du consentement sexuel, qui s’est traduite par la remise en liberté de centaines de délinquants sexuels.

Si la droite monte d’une cinquantaine de sièges, c’est insuffisant pour gouverner. Quant à l’extrême droite, le constat est encore plus sévère pour Vox qui perd plus de la moitié de ses sièges, alors que cette mouvance connaît une percée en Europe, notamment en France et en Italie.

Les indépendantistes catalans à la clé

Une égalité parfaite entre les deux blocs qui ne pourront être départagés que par Junts, le parti ultra-indépendantiste de Carles Puigdemont. Avec ses 7 élus, les séparatistes catalans pourraient permettre à Pedro Sánchez de boucler la boucle. Sauf que l’opération Puigdemont est un cauchemar pour l’intégralité du spectre politique. L’ancien président catalan, réfugié en Belgique pour ne pas être jugé dans le cadre de la déclaration d’indépendance de 2017, n’a évidemment pas envie de faciliter la vie de Pedro Sánchez. Pour investir un Premier ministre, la barre fixée par Puigdemont est inatteignable : convoquer un référendum d’autodétermination indépendantiste catalan. Ce pacte avec le diable, si Pedro Sánchez le signait, créerait une situation sans précédent et apparaît, de fait, improbable.

L’Espagne est dans une impasse et l’un des deux partis, la droite ou la gauche, devrait reculer pour laisser gouverner l’un ou l’autre. Mais ce n’est pas dans la culture du pays, nous ne sommes pas en Allemagne. La solution serait plutôt d’organiser un nouveau scrutin à l’automne prochain. C’est ce que prévoit la Constitution en cas de blocage et dans l’impossibilité d’investir un chef de gouvernement. Dans ce cas, la chaleur estivale politique se prolongerait encore un peu.

Résultats définitifs

Résultats définitifs en Espagne. Voici comment se compose le Parlement :

– Partido Popular (droite) : 136 sièges, soit 32,90 % de l’hémicycle

– Socialistes (parti du Premier ministre sortant) : 122 sièges, soit 31,77 %

– Vox (extrême droite) 33 sièges, soit 12,40 %

– Sumar (gauche radicale) : 31 sièges, soit 12,29 %

– ERC (gauche catalane indépendantiste) : 7 sièges, soit 1,91 %

– Junts (droite catalane indépendantiste) : 7 sièges, soit 1,62 %

– Indépendantistes basques (EH Bildu, EAJ-PNV) : 11 sièges, soit 2,54 %

– La droite et la gauche des Canaries : 2 sièges, soit 0,65 %

– Indépendantistes de Galice : 1 siège, soit 0,61 %

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