Pourquoi les Espagnols vivent (toujours) dehors

Français de Barcelone

Vivre à l’espagnole, c’est vivre dehors. En ce sens, les terrasses, les plages ou les rues sont souvent bondées, aussi bien par les riverains que par les touristes. Pourquoi ? Retour sur ce phénomène. 

Photos : Clémentine Laurent/Photographie 

Pour le petit-déjeuner, déjeuner ou dîner, les Espagnols n’hésitent pas à se rendre en terrasse afin de se remplir la panse. De même, passer sa journée au bord de la mer, entre amis ou en famille, est une activité répandue mais surtout appréciée dans toute l’Espagne. C’est un mode de vie très répandu au sein de la péninsule ibérique. En France, vivre dehors est moins ancré dans les mœurs. Climat, prix des aliments, cultures différentes… Autant de facteurs qui expliquent ces habitudes distinctes.

Des prix plus accessibles

Ce n’est un secret pour personne. Le coût de la vie en Espagne est moins important qu’en France. Un exemple assez symbolique est celui du prix de la bière dans un bar ou en terrasse. Un verre de 50 centilitres de bière locale coûte environ 0,90 € en Espagne, contre en moyenne 2,04 € en France.

Même si l’on paye généralement les carafes d’eau, dans les restaurants et bars espagnols, la note est souvent moins salée qu’en France. En moyenne, la bouteille de 33 centilitres de Coca-Cola ou de Pepsi coûte 1,74 € en Espagne contre 2,50 € en France, le cappuccino 1,63 € en Espagne contre 2,83 € en France, et un menu du jour bon marché 11 € en Espagne contre 14 € en France.

Par ailleurs, à Paris, les prix en terrasse ne cessent de grimper. En mai dernier, un voyageur de passage dans la capitale Française n’a pas manqué de déplorer le tarif vertigineux pour trois boules de glace. Et pour cause, le ticket de caisse affichait le prix de… 19€30 ! Bref, les établissements espagnols sont plus attractifs au niveau des prix.

À noter que certaines différences de prix s’expliquent par l’inflation que subit l’économie des pays, mais aussi par le pouvoir d’achat des habitants de chacun par rapport à leur niveau de vie. En Espagne, le salaire moyen est moins élevé qu’en France (environ 1.400 € net mensuel, après prélèvements d’impôts, en 2021, contre environ 2.300 € en France), le pouvoir d’achat des Espagnols est donc plus bas (14.709 € par Espagnol en 2021, contre 20.662 € par Français en moyenne).

Douceur du climat

Situé entre mer et montagne, Barcelone jouit d’un climat méditerranéen. Celui-ci est un véritable atout. Il permet effectivement aux habitants et aux touristes de profiter de la destination une grande partie de l’année grâce à la douceur des températures et de l’ensoleillement.

À Barcelone, et plus globalement en Catalogne, un système de business gravite d’ailleurs autour du soleil. Et pour cause, de nombreux établissements profitent de la météo de la région qui incite Barcelonais et voyageurs à passer leur journée dehors. En tête de ce classement, les restaurants et leurs terrasses. C’est indéniable, lorsque la météo est favorable, les terrasses attirent plus. À tel point que l’ensoleillement est recherché, sur le marché de la location et l’achat de locaux de restauration.

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L’ensoleillement s’élève à 2.513 h à Barcelone.

À Barcelone, les heures d’ensoleillement s’élèvent en moyenne à 2.513 h par an selon le Servei Meteorològic de Catalunya. En parallèle, à Paris, le taux d’ensoleillement atteint environ 1.662 h par an selon Météo-France. Des données qui expliquent en partie pourquoi les Parisiens préfèrent généralement festoyer à la maison pour l’apéro, cela est assez rare pour les Espagnols qui affectionnent les retrouvailles autour d’un verre à l’extérieur. Une question de culture. « En Catalogne, on est habitués à vivre dehors”, assure le sociologue Jordi Bonet Martí, interrogé par Equinox.

Paris, championne du nombre de terrasses

Nous pourrions croire que le nombre de terrasses serait plus important à Barcelone qu’à Paris, tant elles sont lucratives. Et bien non ! La capitale française comptait 9.639 autorisations de terrasses en 2021, avec 145.000 m² d’espace public occupé par ces terrasses, selon les chiffres de L’Agence Parisienne d’Urbanisme (APUR).

Côté barcelonais, le Conseil municipal a recensé qu’en avril dernier le nombre de terrasses s’élevait à 6.375 (5.700 avant la pandémie), les tables à 29.800 et les chaises à 114.056. Bien que le nombre barcelonais est en deçà de Paris, l’augmentation des licences est en nette hausse. La Fédération des associations de quartier de Barcelone (FAVB) a effectivement calculé, sur la base de données municipales ouvertes, que l’augmentation des licences entre 2019 et 2022 a été de 2.284, 62 %. Une tendance démontrant la place importante des terrasses au sein de l’économie espagnole, mais surtout au sein du mode de vie ibérique.

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