Propriétaires vs locataires à Barcelone : « Tout est toujours compliqué »

locataires à Barcelone

De la recherche, aux travaux, en passant par la caution. A Barcelone, trouver une location est un sport de haute voltige. Et il continue de choquer les Français, peu habitués à ces relations locataires-propriétaires, similaires à celles de David contre Goliath. Témoignages.

Installés à Barcelone depuis un bon moment, Candide et son mari ne s’y feront toujours pas. « Mais même après sept ans sans avoir changé d’appartement, on ne fait pas confiance à notre propriétaire ». Le couple a pourtant trouvé un logement de 140 m² dans l’Eixample. Elle, est d’ailleurs agent immobilier. Mais pas besoin d’être du métier pour savoir que dans la cité catalane, il existe une politique locative bien différente de la Française. Pas besoin non plus d’être arrivé depuis longtemps pour le ressentir.

« Il y a toujours une peur ou une sensation d’arnaque qui flotte en permanence, sûrement due au manque de transparence », explique Abélie, Rennaise arrivée à Barcelone il y a trois mois. À l’inverse de ses précédentes locations en France, la jeune femme de 26 ans est passée par agence. « J’ai vite remarqué que c’était compliqué de trouver un logement de particulier à particulier, alors qu’en France, c’est beaucoup plus répandu ». Et, d’ailleurs, elle ne s’y risquerait pas, avoue-t-elle. Car s’il y a bien une autre chose qu’a compris l’expatriée, c’est qu’à Barcelone, les agences et propriétaires savent contourner la nouvelle législation censée aider les locataires. « Alors qu’on pense qu’en payant davantage, ce sera plus encadré », se désole-t-elle. Résultat ? Une impression récurrente de se trouver face à une situation injuste. « C’est la loi du plus fort ». Et celle-ci ne s’arrête pas à la recherche d’appartement.

Remboursements et travaux laborieux

Au quotidien, vivre dans un appartement à Barcelone, c’est aussi affronter des péripéties trop souvent liées à un mauvais entretien. Des infiltrations d’eau, des fenêtres à changer, une chaudière en panne. « Ça nous est arrivé en avril dernier. On a fait venir un réparateur, mais le propriétaire a refusé de nous rembourser. Sauf que c’est à sa charge, en France, en tout cas, c’est comme ça », s’exclame Candide, 50 ans. L’homme a fini par payer la moitié, mais après moult négociations et batailles. Quant à l’infiltration d’eau dans la cuisine, c’est la locataire elle-même qui a fini par refaire les murs. « Tout est toujours compliqué. Dès qu’on demande quelque chose aux propriétaires, soit ils font les morts, soit il faut une contrepartie ».

Chose inconcevable pour celle qui loue sa maison en région parisienne, et bénéficie elle-même du statut de bailleur. « Je n’agis pas comme ça. Je rends les cautions, je ne rechigne pas à faire les travaux s’il le faut. Je ne suis pas de mauvaise foi ». Car selon Candide, il s’agit bien de radinerie et de mauvaise foi. À titre d’exemple, rigole-t-elle jaune, « il nous a même demandé de changer le frigo parce qu’après autant de temps dans l’appartement, il sera vétuste. Mais c’est le nôtre ». Le résultat, peut-être, de mauvaises expériences ? Ou de la crainte de voir son logement squatté ?

Les « petits locataires » face aux grands

Mais à force d’éviter les mésaventures, les méthodes employées créent parfois des situations rocambolesques. « Le jour où on a signé le bail, mon mari a presque passé comme un entretien d’embauche alors qu’on avait fourni tous les documents. C’est surprenant comme arrivée », renchérit la locataire de longue durée. De crainte d’avoir des salaires pas assez conséquents. Une démarche étonnante aussi pour Luciana, 25 ans.

En mai dernier, lorsqu’on lui a demandé de justifier de hauts revenus pour des loyers plutôt classiques, à 600 €.« J’ai fini par baisser les bras et j’ai pris un Airbnb longue durée ». Une chambre chez l’habitant qu’elle a trouvé vers Collblanc. Alors que, tout droit venue de Nantes, elle imaginait accéder à un logement avec plus de simplicité, grâce aux garants et, éventuellement, des aides au logement comme en France. Cela a de quoi frustrer.

Car au bout du compte, c’est encore David contre Goliath. Et ce sont les locataires qui, face à la trop forte demande, se plieront à celles des propriétaires et agences. Ou parfois feront, eux aussi, preuve de malhonnêteté en ne payant pas les derniers mois de loyer, avant un déménagement, de peur tout simplement de ne pas retrouver leur caution. Presque par « obligation ».

Recommandé pour vous

medecin français à Barcelone