Tempêtes en Espagne : pourquoi sont-elles si fréquentes ?

orage barcelone

La fin de l’été a été marquée par une succession de tempêtes à Barcelone et dans toute l’Espagne. Inondations, vent violent, grêle… Les épisodes de perturbations météorologiques intenses se multiplient dans la péninsule ibérique, pourquoi ? 

Cela n’aura pas échappé aux Barcelonais. Depuis quelques semaines, des tempêtes s’abattent sur la côte catalane. Conséquence, les épisodes de fortes pluies mêlés à des rafales de vent puissantes entraînent des inondations, des déracinements d’arbres ou encore des dégradations du mobilier urbain. En l’espace de quelques années, ces phénomènes, souvent associés au climat tropical, se multiplient en Europe, et notamment sur le pourtour méditerranéen.

Signe du changement climatique

Trois fois plus de tempêtes violentes en Europe d’ici la fin du siècle… C’est ce que prédisaient des chercheurs de l’université d’Exeter au Royaume-Uni en 2018. Publiée dans la revue Environmental research letters, l’étude explique que des vents extrêmes, à l’instar de la tempête en décembre 1999, se multiplieront dans les années à venir. Cinq ans plus tard, cette prédiction se confirme déjà.

L’enquête repose sur des données précises de l’Europe, permises grâce à des simulations climatiques du CMIP5, dernière phase du projet du programme mondial de recherche sur le climat (WCRP). D’après les données des deux dernières décennies, les cyclones extra-tropicaux augmenteront de 230 % en hiver et de 180 % en été.

Il s’agit du scénario le plus défavorable, dans le cas où les émissions de gaz à effet de serre continuent à se multiplier avec une augmentation de 4,5 °C d’ici 2100. Lorsque les températures sont plus chaudes, il y a plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère. C’est à ce moment que les phénomènes météorologiques peuvent devenir intenses et provoquent des tempêtes violentes.

Barcelone, peu préparée aux catastrophes naturelles

Si le risque de tempête et de catastrophe climatique tendront à s’accroître dans le futur, à l’heure actuelle Barcelone ne semble pas préparée à faire face à ce risque. Par exemple, en juin 2022, la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco alertait sur le risque de tsunamis, notamment dans la Méditerranée.

Face à cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de Barcelone, Francesc Roig Munar, docteur en géographie et géologie, alerte sur le fait que ni la ville, ni même la côte de la région ne sont préparées à ce type de risque naturel. “On ne peut pas prévoir les tsunamis. S’il y a une activité provoquée par la faille sismique algérienne, la vague arrive sur les Baléares en 35 minutes !” D’où la nécessité d’une sensibilisation de la population au risque et d’un plan d’évacuation, notamment des plages.

tempête barceloneLe spécialiste dénonce l’inaction des autorités, qui “ne veulent pas faire connaître ce risque”. “Il n’y a aucun panneau par exemple qui informe du risque de tsunami, à Barcelone, peut-être pour ne pas alarmer. S’il y en avait, le secteur hôtelier se plaindrait”, avance-t-il.

De même pour les tempêtes, bien que celles-ci peuvent être anticipées grâce aux prévisions météo, leurs intensités surprennent bien souvent les météorologistes. En août dernier, la tempête Betty a provoqué des inondations en Catalogne en raison de fortes quantités d’eau de pluie tombée en l’espace de quelques minutes. En raison de sols imperméabilisés, l’absorption de cette eau est ralentie, et les systèmes de récupération d’eau pluviale sont submergés.

Quelles actions des politiques ?

Pour l’heure, la métropole catalane s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique à Barcelone. Par exemple, la ville s’attaque à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, principale cause du dérèglement climatique. La municipalité a ainsi créé des Superilles, ou «superblocs», pour limiter ces émissions.  Quel est le concept ? Ces blocs sont configurés comme des unités urbaines constituées de plusieurs pâtés de maisons où les rues sont pacifiées pour récupérer de l’espace public pour les piétons, la circulation motorisée est limitée et la priorité est donnée à la mobilité durable et aux espaces partagés.

Ce plan de valorisation et de piétonnisation de l’espace public implique la mise en œuvre, de manière coordonnée et conjointe, d’autres plans municipaux tels que la mobilité urbaine, l’engagement de Barcelone pour le climat ou le Plan Vert et Biodiversité. À travers ces quelques initiatives, la cité comtale espère faire de la lutte contre le changement climatique, son fer de lance pour les générations futures.

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