Travaille-t-on vraiment moins en Espagne ? Cliché ou réalité

Les clichés autour du travail concernant les Espagnols sont nombreux et encore très présents : le réveil tardif, la pause de 14h à 16h pour la sieste, ou encore une certaine dolce vita. Les Espagnols sont-ils vraiment moins travailleurs que les Français ? Eléments de réponse.

Selon les dernières données (Dares et Statista), en 2022, les Espagnols et les Français travaillent entre 36 et 37 heures par semaine en moyenne (36,2 pour la France et 37.7 pour l’Espagne). L’Espagne devance de peu sa voisine, mais pas d’écart flagrant donc entre les deux pays voisins si l’on se contente de ces chiffres. Pourtant, les législations sur le travail sont bien différentes entre les frontaliers.

Un cadre légal différent

Depuis 23 ans maintenant, la durée de travail légal en France pour un temps plein est de 35 heures par semaine (article L3121-27 du Code du travail). Mise en place par Martine Aubry, sous le gouvernement de Lionel Jospin en 2000, cette loi sociale est désormais profondément ancrée dans les mœurs des Français.

Dans la péninsule ibérique, cette durée légale est de 40 heures par semaine. Mais les choses devraient bientôt changer si l’on se réfère au chef d’Etat espagnol, Pedro Sánchez, qui souhaite prendre exemple sur le modèle français. Tout juste reconduit à la tête du pays pour quatre ans, ce dernier a promis une durée légale de travail abaissée à 35 heures par semaine.

Alors comment expliquer des chiffres similaires sur le temps passé au travail alors que les lois sont pour le moment différentes ?

Les heures supp’ : une habitude bien française

Si la mythique phrase “Travailler plus pour gagner plus” de Nicolas Sarkozy est restée gravée dans les mémoires françaises, en bien ou en mal, ce n’est pas anodin. En effet, les heures supplémentaires ne font pas peur aux Français, c’est d’ailleurs un terme très courant et normalisé depuis plusieurs années dans le monde du travail de l’Hexagone.

travail Espagne franceSelon une étude d’Eurostat, 1 français sur 10, qui aurait un emploi, travaillerait plus de 49 heures par semaine, soit 14 heures de plus que le cadre légal. Parmi les pays de l’UE, la France se trouve en deuxième position, derrière la Grèce (13 %) et à égalité avec Chypre, avec le plus de travailleurs ne comptant pas leurs heures. Une tendance moins observée chez les Espagnols et qui a même tendance à disparaître avec les années.

Même au sommet de l’Etat, les mœurs évoluent. “Une culture du travail différente sera promue, qui permettra une meilleure réconciliation des vies personnelle et professionnelle, avec le principe du travailler pour vivre et non vivre pour travailler” a affirmé le Premier ministre espagnol. Un idéal bien différent de l’ex-Président de la République française.

Le mythe des congés payés

Malgré les idées reçues, la France n’offre que très peu de repos par rapport à l’Espagne. Avec 30 jours de congés payés par an minimum, auxquels s’ajoutent les 14 jours fériés, l’Etat espagnol accorde 44 jours de repos rémunérés à ses travailleurs.

De l’autre côté des Pyrénées, on connaît les fameuses 5 semaines de congés payés, instaurées par François Mitterrand dans les années 1980. En ajoutant les 11 jours fériés à ces 35 jours calendaires de congés, la France dispose alors de 46 jours de congés payés sur l’année, soit 2 de plus seulement que sa voisine.

Plage soleil bronzer touristes football sport Barcelone vacances Photo Paola de Grenet AjuntamentEn revanche, les employeurs espagnols n’ont pas le droit de remplacer des jours de congés par une compensation financière. Cela oblige donc les Espagnols à prendre des vacances et donc à travailler moins.

Si la législation française sur le temps de travail est plus avantageuse que la loi espagnole, la réalité est autre. Les habitudes et la conception du monde professionnel entraînent des tendances différentes. Finalement, les Espagnols travaillent moins que leur plafond légal, alors que les Français ont justement tendance à le dépasser. Des comportements qui finissent donc par contrebalancer cette différence réglementaire.

 

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