Marseille au secours de Barcelone

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Philippe Saman, directeur de la Chambre de commerce de Barcelone (1979 – 2021)Tous les lundis, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone, experte de son domaine.

Philippe Saman a été directeur de la Chambre de commerce de Barcelone de 1979 à 2021. Aujourd’hui, il intervient comme un simple citoyen français de Barcelone. Avec le recul de celui qui vit dans la Capitale de la Catalogne depuis 1978.

 

 

Le problème de manque d´eau que nous connaissons aujourd´hui à Barcelone et en Catalogne n’est pas nouveau.

Je me souviens que le sujet était déjà d’actualité – dans une moindre mesure, c´est vrai – à mon arrivée dans la capitale catalane, à la fin des années 70, il y a plus de 45 ans.

Sans remonter aussi loin, en 2008, la sécheresse et les réserves d´eau au plus bas avaient déjà mis en alerte le paysage social, économique et politique local.

En mai, la capitale catalane avait accueilli des bateaux-citernes remplis d´eau en provenance – entre autres – de Marseille. Mais des pluies providentielles tombées à ce moment-là entrainèrent la résiliation des contrats d’approvisionnement, et le sujet passa au second plan. La pluie engendre l’oubli. Et il en va ainsi depuis des années.

L’absence de pluies significatives depuis plus de trois ans nous a conduit à la terrible situation que nous vivons actuellement et qui pénalise – et le mot est faible – des secteurs entiers de la population. La sécheresse du siècle. Il ne s’agit plus seulement de notre bien-être mais de la survie de nombreuses activités. L’agriculture, l’industrie et les services, parmi lesquels le tourisme, sont tous impactés.

Bien sûr, nos habitudes de consommation et de vie évoluent et doivent être revues. Le changement climatique dont on parle tant depuis quelques années, c’est aussi cela.

Les mesures les plus immédiates vont être à nouveau l’achat d´eau et son acheminement vers Barcelone. La provenance de cette eau n’a pas d’importance. Ce qui est fondamental, c’est qu’elle soit là.

Augmenter le nombre d´usines de dessalement, accroître la capacité de celles déjà existantes, améliorer les infrastructures -notamment portuaires -, repenser le système hydrographique espagnol….

Au fil des années, diverses solutions ont été étudiées.

Durant toute cette longue période, les gouvernements – nationaux, régionaux et municipaux – se sont succédés. Les partis politiques ont tous gouverné, à un moment ou à un autre, mais aucune décision n’a été prise. Aucun investissement significatif ne s’est produit.

C´est vrai que les répercussions de choix stratégiques et d’investissements ne prennent effet que sur des périodes entre 10 et 12 ans. Aucune incidence à court terme, pas d’effet sur les prochaines élections, mais seulement sur les prochaines générations… La gestion de l’eau n’apparaît donc pas dans les promesses électorales, et pourtant…

Alors Marseille à nouveau au secours de Barcelone, oui mais… il est temps que chacun prenne ses responsabilités.

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medecin français à Barcelone